Le sujet du film pourrait se résumer en 4 mots, un couple sous emprise.
Une jeune femme, Blanche Renard, dans un entre-deux au niveau de sa vie sentimentale, fait la rencontre lors d’une fête à laquelle sa sœur jumelle Rose la traîne, de Grégoire Lamoureux.
Avec des noms pareils, les personnages étaient prédestinés à échouer dans leurs entreprises. Blanche aurait pu avoir le nez plus fin, et Grégoire recevoir et donner un peu d’amour. Certainement est-ce là un pied de nez de la réalisatrice, qui même sur un sujet à l’ambiance qui se veut hitchcockienne, ne peut s’empêcher d’apporter des touches d’une joyeuse fantaisie. Comme si en passant, elle faisait quelques remontrances à ses propres personnages.
Si le film se regarde sans déplaisir, il laisse finalement peu d’empreintes émotionnelles. Melvil Poupaud porte trop tôt les stigmates de l’homme torturé sur le visage et cela dès le début du film. Quant à Virginie Efira, elle est égale à elle-même. Elle parvient très bien à représenter madame tout le monde, aussi le cinéma français l’aime. Mais toujours les mêmes expressions plaquées sur son doux visage, qui font qu’il n’est pas facile de la différencier d’un film à l’autre. La surprise est venue de l’apparition de Marie Rivière, Romane Boringer, Dominique Reymond et surtout Virginie Ledoyen, qu’on ne voit plus beaucoup au cinéma ces dernières années et qui déborde d’une belle énergie. Le point d’orgue du film reste une très belle scène dans les forêts, ou Blanche commencera à s’émanciper de l’emprise de harcèlement au centre de sa vie, sous la très belle apparition de Bertrand Belin, toute de mystère et de simplicité.
La riche idée de Valérie Donzelli, dont la fantaisie ici malheureusement ne dérape pas, est de faire jouer son actrice deux rôles dans le film, celui de Rose et de Blanche, que seule une frange sur le front différencie, et surtout de montrer l’emprise dans le couple interchangeable. Si la victime apparente est Blanche qui progressivement se laisse enfermer, elle se retourne contre Grégoire qui souffre tout autant. L’intention est posée, mais reste murée et peu incarnée par des personnages dont la vie psychique intime nous échappe.
Ne reste plus qu’à se plonger dans le livre du même nom d’Eric Reinhardt, qui devrait apporter une envergure qui manque au film, même s’il se regarde sans déplaisir.