Bernadette (de Léa Domenach) est à l'ancienne Première Dame, ce que Marie-Antoinette (de Sofia Coppola) est l'ancienne Reine : un film qui s'amuse beaucoup avec les frontières de la vérité, créé du comique dès qu'il peut, laisse son actrice principale déconstruire gaiment le personnage pour mieux nous y intéresser (Catherine Deneuve est excellente dans ce registre comique), donnant un discours léger et décomplexé à un biopic qu'on redoutait carrément (l'affiche volontairement vieillotte, la crainte d'un "Simone bis", notre parfaite ignorance sur la vie de cette Dame, finalement bien plus riche que ce qu'on pensait !). Ainsi tourné comme une comédie plutôt qu'un biopic tragique, Bernadette évite de piétiner les récentes platebandes de Simone (un choix plein de bon sens, qui a devancé notre crainte). Ce modeste film qui a pour seule ambition de dépoussiérer généreusement son personnage qui sentait un peu la naphtaline, est ramassé très astucieusement en 1h30 (la durée parfaite), dit tout de la gestion politique de l'ombre de la tortue, calme et intelligente, au profit de son éléphant de mari, nous peine assez par son statut d'épouse cocufiée plusieurs fois et de mère qui a soutenu sa fille anciennement anorexique, qui se raccroche fermement à son instinct aiguisé, son conseiller ("Mickey"), et son adorable petite d'Hermann. Sans crier au chef-d’œuvre, et en s'étant également dit que l'on aurait pu faire un effort (même léger) sur les coiffures et prothèses des acteurs (aucun ne ressemble en rien à son modèle, même dans la gestuelle, on a carrément eu du mal à chaque apparition de Sarkozy), on ressort de ce sympathique biopic ("fictif", comme vous le chante cette étonnante ouverture !) avec l'impression d'avoir beaucoup appris sur la Dame, sans avoir forcé le moins du monde. Laissez-vous tenter, Bernadette est un film vraiment plus aimable qu'il n'y paraît !