La vengeance d’une blonde
Léa Domenach est la fille de la journaliste et romancière Michèle Fitoussi et du journaliste politique Nicolas Domenach, spécialiste notamment de Jacques Chirac. Pour son 1er film, je ne suis pas certain qu’elle ait entièrement maîtrisé son sujet. Ou plutôt faudrait-il dire qu’à un moment donné, il lui a échappé. Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable. 92 minutes plus que brillantes pour décrire par le menu les années Chirac à l’Elysée – 1995 / 2002 – et surtout le rôle grandissant que se femme a joué durant ces présidences. Une sorte de biopic-fiction - si je puis me permettre ce néologisme – brillant, souvent drôle, qui tourne à la satire politico – féministe. Et puis quel casting !!!
Le ton est donné dès les 1ères images du film, avec une sorte de chœur antique qui va ponctuer les différents épisodes de l’histoire. D’emblée, Léa Domenach ne voulait pas prendre son sujet trop au sérieux. Bien qu'elle ne soit pas issue de la même génération ni du même milieu et qu'elle ne partage pas le même bord politique, elle a découvert peu à peu des aspects peu connus de l’action de Bernadette Chirac dans la carrière de son mari. Ce film est devenu une façon de regarder la grande histoire par la petite. L'humour aura permis de prendre de la distance tout en faisant passer un certain nombre de messages, sur les jeux cyniques de la politique et sur le féminisme. D’aucuns trouveront sans doute que ce n’est pas assez caustique et que la plume de la cinéaste a trop vite abandonné le vitriol pour une vraie tendresse pour son personnage. Bernadette sort quasi indemne de ce film alors que les politiques prennent cher. Réjouissant, très bien écrit, mais je me demande bien ce que la famille Chirac pensera de cette comédie politique.
Comme je l’ai dit plus haut, le casting est l’atout l plus fort de ce film. Evidemment, la grande Catherine Deneuve est impériale. En son temps, elle avait prêté ses traits à Marianne, la voici 1ère Dame de France. Denis Podalydès, égal à lui-même… donc excellent, Michel Vuillermoz immense en Chirac plus vrai que nature, Sara Giraudeau, Laurent Stocker, Lionel Abelanski, Artus, Maud Wyler, François Vincentelli, sont ous parfaits parfois pour de simples apparitions. Ils se sont visiblement beaucoup amusés - et c’est contagieux -, dans ce jeu de massacre plein d’une tendresse inattendue. D’accord avec Nino Ferrer : Bernadette, elle est très chouette.