Un voyage immobile dans le temps
Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit, La Mort vous va si bien, Forrest Gump, Seul au monde, Alliés, Bienvenue à Marwen… depuis 1971 Robert Zemeckis n’en finit plus de tourner. Il invente, il innove, il captive, parfois il irrite, mais c’est un grand nom du 7ème Art. Alors que vaut ce film concept de 104 minutes qui nous transportent dans un voyage unique à travers le temps. L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations. Cette adaptation du roman graphique Ici de Richard McGuire, - publié en 2014 et lauréat du Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2016 -, est pour le moins culottée. Du jamais vu au cinéma. Mais Zemeckis qui ose tout, va-t-il de nouveau rencontrer le public ? J’en doute.
Un seul plan… Non, non, pas un plan séquence ! Mais un plan fixe, un décor unique qui évolue avec les années qui passent, un seul cadrage – pas de zoom, pas de travelling, quand il y a un gros plan, ce sont les acteurs et les actrices qui s’approchent de l’objectif -, un concept plus que gonflé dans un cinéma actuel où la caméra est en mouvement perpétuel quand elle n’est pas pris d’épilepsie ou de folie. Alors, on entre ou on entre pas dans ce genre de film où se succèdent – mais pas forcément dans l’ordre chronologique -, les jours, les mois, les années, les siècles, pour ne pas dire les millénaires. Ce drame est une véritable curiosité. De quoi intriguer les amoureux du 7ème Art et sans doute ennuyer pas mal de monde. C’est le risque. Je pense que Zemeckis était parfaitement conscient du risque qu’il prenait. Il est assumé d’un bout à l’autre, sauf en un instant… mais je vous laisse toute la surprise. Osez ce film et n’hésitez pas à réagir.
Pour ce voyage immobile dans le temps, A film d’exception, il fallait un casting d’exception. En haut de l’affiche, on retrouve, 30 ans après, le couple vedette de Forrest Gump, Tom Hanks et Robin Wright, - comme on ne les avait jamais vus grâce au maquillage numérique ??? – ainsi que Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery, etc… car il en passe du monde dans ce salon. Les nouvelles technologies sont venues au secours de Zemeckis l’ancien qui nous prouve que le cinéma, lorsqu’il s’abreuve à la source du temps peut le fixer pour l’éternité. Bouleversant, vertigineux, expérimental… la prouesse technique n’efface jamais l’émotion.