L'histoire d'un petit breton têtu qui est tombé amoureux d'un Pen Duick (petit oiseau à tête noire).
Il faut d'abord dévoiler l'objet, ce sont uniquement des morceaux de reportages ou de documentaires tournés à l'époque, sans aucune nouveauté post mortem sauf les images du bateau actuel qui flotte très bien.
C'est plutôt bien traité numériquement, quand l'image est trop pourrie, le réalisateur a mis un filtre aquarelle (à moins que ce soit le traitement anti bruit VHS qui soit trop poussé), même sur grand écran, ça passe à peu près.
Le problème, c'est que si l'on exclut la musique correcte de Tiersen, on n'a pas grand chose à se mettre sous l'oeil. On découvre quand même un athlète et un sportif complet, autant qu'une personnalité humble qui n'a jamais été obsédée par l'argent (ce qui est souvent le cas avant l'arrivée d'un bambin), qui parle d'économies quand aujourd'hui un as de la barre parlerait de rémunération de sponsoring et de Porsche Cayenne.
Bref, on ne sait pas si l'on doit applaudir des deux mains sur un personnage dont toutes les bonnes facettes sont brûlées à la lumière d'un montage suffisamment rythmé pour ne pas s'ennuyer, avec un peu de place au rêve de la croisière sur l'océan, qualité des images à part. Car on imagine bien que quelque chose doit parfois clocher. Ou alors, et là c'est encore plus embêtant, on a affaire à un idiot du village breton, simple et tenace, qui a passé tellement de temps à faire du sport en solitaire et à regarder la mer qu'il ne reste plus beaucoup de choses intéressantes pour sa conversation. Sauf peut-être s'il fallait s'intéresser uniquement au côté technique de la voile, mais ça fait longtemps que les Kersauzon et consorts ont su se dépêtrer de l'image du vieux loup de mer qui ne sait que parler des bateaux.
Bien sûr, c'est un peu dur comme point de vue, on peut s'émouvoir ou être impressionné par le courage et la force de cet ours peu bavard, comme si les gens ordinaires l'ennuyait, mais le personnage populaire et humble paraît souvent limité. Et après tout, qui rêve encore de passer 60 jours loin de sa famille ou de la vie sociale pour risquer la mort et parler aux mouettes ? Un bon documentaire sur les héros d'un autre siècle, aujourd'hui, le fric, les plaisirs de la chair et le spectacle ont remplacé les forçats du courage, qui ne servaient sans doute pas à grand chose. Si on a inventé les moteurs, il doit bien y avoir une raison.
Dommage par ailleurs que l'analyse de personnalités après sa mort ne vienne pas contredire ou ciseler cet hommage sans retenue à Eric Tabarly. Ce doux héros au regard d'enfant.