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Naughty Doc
908 abonnés
432 critiques
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3,0
Publiée le 13 décembre 2023
Dans Io Capitano, Matteo Garrone (Gomorra, Dogman) montre encore une fois sa capacité à toujours se réinventer, tout en gardant ses facultés de conteur visuel. En s'emparant d'une réalité, il construit donc une odyssée ancrée dans le réel autant qu'un roman picaresque versant parfois vers le conte. En résulte un film visuellement saisissant, qui n'a pas volé son Lion d'argent de la meilleure réalisation. Malheureusement, avec un tel sujet sur l'immigration, le récit semble occulter deux choses importantes : les bases du périple, et surtout sa finalité ! En effet, difficile d'acheter des personnages dont la simple motivation tient dans l'imagerie fantasmée d'une Europe comme terre promise à la richesse. Un point de départ néanmoins plausible et réaliste dans toute une psyché de tiers-monde on me dira, mais dans sa construction dramaturgique pire Garrone oublie de présenter réellement en quoi Dakar est une terre sans avenir. Mais plus encore, le film semble se terminer sur une note excluant toute réflexion politique sur le devenir de ces réfugiés après ce dangereux périple où les éléments, la violence et l'esclavage broient des milliers de personnes. Même d'un point de vue filmique centré sur les personnages, cela donne un arc narratif qui s'arrête au milieu du guet, sans doute trop frileux à montrer qu'au bout du compte se rendre en Europe n'est en rien une solution.
Des manques qui nuisent au film donc, mais heureusement Io Capitano jouit d'un vrai sens de cinéaste (ces plans quasi mythologiques dans le désert ou bien ces moments sur la traversée en mer), en plus d'une impeccable interprétation de Seydou Sarr dans le rôle principal (prix du meilleur espoir à Venise, et c'est la toute première fois qu'il joue donc chapeau).
Bref de belles intentions, une super fabrication, mais des manques narratifs qui nuisent à son propos ou sa portée.
Accrochez-vous à vos sièges pour ce film racontant l'histoire vraie de deux jeunes Sénégalais en route vers l'Italie. La volonté du film n'est pas simplement de raconter l'histoire de ces deux jeunes hommes mais de tous ceux qui font ce périple périlleux à travers l'Afrique du Nord dont le désert du Saraha. C'est précisément ce que j'ai beaucoup aimé dans cette oeuvre cinématographique. On a tous déjà vu passer des photos ou vidéos de migrants à bord de bateau beaucoup trop remplis pour sa taille. Mais malgré le titre du film, la partie en mer ne concerne que le dernier quart du film. Toute la partie qui précède le grand saut dans la mer Méditerranée est je pense très peu connue par nous européens. Toutes les parties sont abordées, à commencer par la peur du départ et la honte qui est présente de quitter son village sans même dire au revoir à sa mère. Évidemment toutes les galères sont mises en scène en passant par les différents pays, en passant par le trafic d'être humains qui sont vus comme des esclaves ou "du bétail". Comme l'a dit l'équipe du film pour l'avant première du club AlloCiné, cette œuvre n'a pas que pour but de réveiller les consciences des dirigeants et peuples européens mais aussi africains. Une fiction inspirée de faits réels est pour moi la meilleure façon de toucher un maximum de personnes en marquant les esprits. C'est un film à voir !
Attention, le réalisateur de Gomorra nous livre encore un récit terrible, à la tension constante et glaçante. Véritable coup de poing empreint d'humanité, il nous livre, de façon implacable, le récit de deux jeunes sénégalais dont le rêve est de rejoindre l'Europe. Une odyssée macabre s'en suit, sans prise de position, mais que la force du récit nous pousse a regarder malgré les coups de poings inlassables qu'il nous délivre.
Fantastique, beau, merveilleux. Histoire très poignante, images très belles, réalisation 5 étoiles. Le réalisateur nous montre ces histoires sur grand écran
Moi Capitaine de Matteo Garrone se termine là où beaucoup de films à propos des migrants débutent (c'est notamment le cas de nombreuses productions françaises). Le cinéaste italien prend le temps de remonter en amont d'un voyage qui constitue un aller vers l'Europe, avec le héros du récit, un jeune sénégalais, pas forcément le plus doué pour affronter les aléas d'un périlleux périple. Sans dramatisation extrême ni recherche émotionnelle trop flagrante, Garrone impose son style clair et précis, au service d'une histoire linéaire, totalement débarrassée de scories, avec juste une ou deux scènes poétiques, où chaque minute est indispensable pour comprendre le cheminement physique mais surtout mental de son personnage principal. Cette épopée initiatique s'impose par son réalisme, parfois brutal, et son sens du romanesque, aussi surprenant que cela puisse paraître dans un sujet aussi lié à l'actualité brûlante. Matteo Garrone a voulu se placer au côté du migrant et faire éprouver ce que celui-ci ressent, tout au long de ses traversées, du Sahara et de la Méditerranée, avec les embûches et les profiteurs qui se dressent sur sa route. Le film est remarquable sans chercher obstinément à l'être, inspiré par la simple idée d'être le plus honnête possible vis-à-vis de ceux ou celles qui tentent l'aventure, à leurs risques et périls.