Moi Capitaine est un film touchant. On y suit deux jeunes, deux gamins de 16 ans qui font un peu de musique, et qui ont un rêve : Rejoindre l'Europe pour s'en sortir, et aider la famille restée au pays. Au fond, ce que beaucoup de gamins, jeunes ou moins jeunes, tentent de faire. Alors on les suit dans leur voyage : Du Sénégal au Mali, du Sahara jusqu'en Tunisie, on découvre ce que c'est, que d'essayer de rejoindre l'Europe. On découvre leur insouciance, leur courage, mais surtout, on assiste aux abus dont-ils sont victimes sur leur trajet. C'est là que le film est touchant, bouleversant même. Pendant la séance j'ai eu cette pensée : On est ou, nous ? Je veux dire, on est ou nous, Français, Européens (Je parle de nos Etats), on est ou quand des gens sont en galère au milieu de nulle part ? C'est en posant cette question qu'on a la réponse : On est pas là. On laisse faire et parfois même on soutien. Nos politiques préfèrent parler de migrants, "d'identité", tout ce qu'ils peuvent faire pour déshumaniser ils le font, c'est tellement plus commode pour l'agenda électoral. Et au loin là bas, des gens souffrent.
Les acteurs, Seydou Sarr, pour Seydou, et Moustapha Fall, dans le rôle de Moussa, livrent une merveilleuse prestation (et tous les autres acteurs que je ne cite pas ne sont pas en reste), car on s'attache à eux, et on souhaite de tout coeur qu'ils s'en sortent. On sent qu'il y a eu une volonté de bien faire, de livrer une oeuvre puissante, pour montrer ce que c'est, que ce voyage. C'est un film profondément humain, qui montre autant la brutalité du voyage, du monde et de l'être humain, que leur profonde part de bonté.
Aussi, à la fin,
quand le bateau arrive au large de la Sicile et qu'un hélicoptère s'approche,
on ne peut dire qu'une chose : Toute la désillusion de votre voyage commence ici
. Car cette Europe pour laquelle vous avez souffert, est dirigée par une bande de criminels, oui de criminels, je pèse mes mots, qui vous considère comme donnée négligeable
; et c'est ça qui est terrifiant.
Pour ces personnes, pour les migrants, le début du parcours du combattant commence désormais ici.
Aussi, je tiens à remercier tous les gens qui ont participé au film pour cet émouvant rappel de ce que vivent tant de pauvres gens. A l'idée que tout ceci soit réel, me viennent ces mots : Pauvre Humanité !