Challengers est un film dont la structure globale est à la fois sa force et sa faiblesse. Il se base sur des flash-backs qui expliquent et éclairent certains faits et passages des scènes qui se déroulent au présent. À chaque évocation de ceux-ci, le film plonge dans ces retours en arrière, de plusieurs heures, semaines et souvent années. Ils développent ainsi le scénario et l'histoire, et nourrissent le déroulement et le suspense. Cependant plus l'intrigue avance, plus ils sont nombreux et plus ils sont éparpillés sur la ligne temporelle. Il faut bien suivre pour ne pas s'y perdre, ce qui reste faisable mais par contre cela hache et casse considérablement le rythme. Et la phase au présent n'avance finalement que très peu à chaque fois, ce qui en devient parfois frustrant.
A la vue de la bande annonce, on peut s'attendre à un scénario axé sur la relation des trois personnages principaux et d'une complexité folle. Mais la vérité est qu'il est beaucoup plus simple de ce qu'on pouvait imaginer. Beaucoup plus centré aussi sur le tennis et l'esprit de compétition qu'il ne le laissait paraître.
Les acteurs principaux quant à eux ont tous deux jeux distincts, celui de leur jeunesse et celui du présent et passé proche. Et on sent bien une grande différence entre les deux. Car en effet, dans les flashs les plus lointains, ils ont un peu trop un jeu d'adolescents pré-pubères et forcé à la American Pie. Un peu trop surjoué donc quitte à perdre en crédibilité et à faire rire de leur comportement. En revanche, dans le présent ou le passé immédiat, leur jeu est beaucoup plus intéressant à suivre, plus torturé et on sent les personnages pétris d'interrogations. Un double jeu qui donne un visage assez étrange au film. D'un côté certains passages presque caricaturaux et qui se veulent comiques et d'autres plus sérieux et sombres. La présence de Zendaya au casting apporte la hype et la curiosité de la découvrir dans un rôle assez différent de d'habitude. D'ailleurs un petit clin d'œil truculent à l'un de ses rôles phares a été glissé dans le film.
Les musiques sont principalement électroniques et peu variées, elles sont utilisées pour appuyer certains dialogues et les rendre plus percutants. Et les autres fois, elles sont là pour donner du peps aux scènes de jeu sur le court. Elles sont très peu diversifiées, trop souvent présentes et le mixage audio donne un volume sonore vraiment trop fort, elles arrivent ainsi à taper sur les nerfs à force. La seule musique qui change radicalement appuie sur un instant particulier et un moment très important, donnant un sacré impact à cette scène.
Il aurait gagné à ne pas traîner en longueur à certains passages, car on sent passer les 2h11 de film. Un montage plus concis et un peu plus court lui aurait été plus profitable.
En revanche, il regorge de plans, d'angles de caméra, de mises en scène et d'idées originales sur la photographie. Des caméras à la première personne à la place du joueur, de la raquette, de la balle par exemple. Des contre-plongées remplies de sueur, etc. Pas toujours tous très lisibles mais marquants.
Autre chose que l'on remarque assez vite, ce sont les placements produits. Ils sont si nombreux, trop présents et parfois tellement grossiers. Ça en devient presque gênant à l'écran tant c'est intrusif.
En définitive, c'est mitigé mais il se laisse regarder malgré des longueurs. Il possède deux facettes bien distinctes, et même dans ses sujets traités, du tennis à la vie privée.