Suite directe du 5ème film sobrement intitulé "Scream" et qui constituait un réel hommage au premier volet (bien que nettement en dessous de ce dit premier volet et même de la trilogie originelle – le 4ème est comme une erreur de parcours), ainsi qu’à son paternel Wes Craven, tout en entrouvrant les portes d’un possible futur de la franchise avec une énième fois la mise en avant d’une nouvelle génération (ce qu’avait tenté le 4ème volet sans grand succès). Tout ne présageait par nécessairement que le genre du slasher pourrait encore muer afin de continuer à intéresser le public (en dehors des plus fanatiques) après ce « requel » d’une des franchises les plus iconiques du cinéma d’horreur.
Là où ce Scream VI vient contrebalancer le résultat plus que mitigé de nombreux films sortis ces dernières années et faisant suite aux franchises d’horreur démarrées dans les années 70 à 90 (exemple Halloween), c’est par l’audace d’avoir fait évoluer quelques ingrédients au risque de dénaturer les films originaux, ce qui n’est fort heureusement pas le cas. Autant le jouer carte sur table, ce 6ème film n’est pas du même calibre que la trilogie originelle, mais il n’en reste pas moins très bon (en tant que film de cette nouvelle chronologie).
Les ingrédients principaux à avoir évolué dans ce film sont le changement de cadre (exit Woodsboro, bienvenue à New-York) et l’intensification de la violence. La simple délocalisation de l’intrigue change un point fondamental dans le sens où cela place le spectateur dans une position de redécouverte de l’univers Scream et ce dans une autre configuration (ce qui avait déjà été fait dans Scream 3 mais qui mine de rien est assez courageux malgré tout, bien que l’originalité n’en soit pas réellement le fruit, on peut même y voir un clin d’œil à un épisode de Vendredi 13). La force de ce film est donc d’avoir d’une part, fait bouger les personnages ailleurs (apportant enfin du frais dans leur vie, eux les éternels prisonniers du mythe de Woodsboro) et d’avoir voulu tout intensifier. A l’image de la grosse pomme, tout en sera donc plus grand : plus de tension, plus de violence, plus de sang. Et autant dire que ça marche. Le film nous tient en haleine du début jusqu’à la fin
(mention spéciale à la scène d’introduction avec Samara Weaving, bien connue des réalisateurs ; et à toutes celles concernant « le repère » avec tous les costumes des tueurs)
, si bien que l’absence même de sa star d’antan (Neve Campbell) ne paraît pas plus dérangeante que ça.
Attention, tout n’est évidemment pas parfait et ce film n’a pour ainsi dire rien du charme innovant des premiers volets (chose on ne peut plus normale, c’est une suite et en l’occurrence la sixième). Mais force est de constater que l’écriture est très bonne et bien ficelée malgré toutes les références assez appuyées et parfois on le regrette brutes de décoffrage
(cf. la scène de la gifle de Gail, pour ne citer que celle-là)
. Oui ça ne ressemble pas aux premiers Scream, oui il y a beaucoup de clins d’œil voire de « repiquage » de certains moments des premiers volets, mais ça ne tombe jamais dans le fade ou une méchante paresse.
Peu importe le nombre de suites, les films originaux restent et resteront indétrônables, c’est un fait. Le facteur nostalgie est aujourd’hui du domaine du sacré et le spectateur est beaucoup plus aiguisé et beaucoup plus pointilleux en matière de cinéma, SURTOUT s’il s’agit de suites à des films iconiques. Mais le fait est que ces dits films iconiques font partis des murs et ne bougeront pas. L’attrait pour les suites dépend de tout à chacun, certains ne souhaitent pas les voir, pour ne pas entacher la légende ou parce que la créativité se trouve ailleurs selon eux, et d’autres souhaitent les voir justement par nostalgie et pour le plaisir de retrouver des éléments qu’ils connaissent bien et peut-être même pourquoi pas être surpris.
Scream VI est peut-être un des rares films à avoir réussi le challenge d’apporter une suite équilibrée et respectueuse à une franchise sacrée du cinéma d’horreur sans en entacher la légende, apportant juste ce qu’il faut en nostalgie et en nouveaux éléments qui rafraîchissent la saga, notamment par le biais de l’écriture et grâce à sa nouvelle génération d’acteurs et d’actrices (mention spéciale à Jenna Ortega). Un autre film serait peut-être le bienvenu afin de prolonger cette nouvelle salve d’opus (en continuant dans cette voie), mais en gardant en tête qu’il faudra sûrement songer à la clôturer sans trop tarder non plus.