Il arrive un moment où l’effort ne suffit plus. Ce cap a pourtant déjà été franchi avant même le pseudo-reboot du volet précédent, qui a préféré jouer la provocation en dissimulant le chiffre 5. Et pourtant, on finit par recoller au moule et à confortablement reconnaître que les suites ne sont plus qu’une affaire de franchise. Si cela n’étonnera en rien les spectateurs du grand écran, occasionnels ou récurrents, le duo Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett cherche tout de même à préserver l’essence méta du slasher de Wes Craven. Il ne faudra donc ni s’attendre à des pincettes, ni s’attendre à bouleverser les codes, car ce qui aurait pu démarquer ce nouvel opus des autres a manqué de flair, tout comme d’audace dans son exposé, au pire vantard, au mieux scolaire.
La scène pré-générique ouvre un carnaval de masques très alléchant et plutôt à contre-courant de tout, mais cette sucrerie ne sera pas exploitée. Direction la Grosse Pomme, un milieu urbain qui ne laisse pas beaucoup d’espace aux riverains à l’heure de pointe et qui jouit d’une aura différente de Woodsboro. Ce nouvel environnement a de quoi déstabiliser, mais au bout du compte, on rétropédale avec une fainéantise qui ne passe pas sous nos yeux. Une collocation remplace le campus universitaire et un théâtre abandonné se transforme en musée. On prend donc soin d’éviter les espaces ouverts et peuplés, à l’exception d’une scène de métro, où la tension est résolument timide face à la cruauté de certaines mises à mort. De même, un léger détour dans une épicerie ne fera ni chaud ni froid, sachant que les armes à feu sont, au final, plus que récurrents dans une saga qui préfère l’arme blanche.
Mais ce qui fâche dans ce cas-ci, c’est que l’on tire des balles à blanc, d’abord par principe, puis par manque de matière. Toutes les règles recyclés, réchauffés ou un autre synonyme à votre convenance, sont énumérées avec autant de subtilité qu’un vilain se justifiant auprès du Scooby-gang. La nouveauté n’est donc pas le fort de cet épisode qui, en revanche, n’est pas en défaut de rythme, contrairement au précédent volet, maladroit dans quasiment tous ses timings à rallonge. Le frisson n’est peut-être plus, mais il reste quelques scènes violentes, qui stimuleront les premiers fans du genre. Au-delà de ça, « Scream VI » n’a plus qu’à faire diversion, en espérant tromper les plus épuisés d’entre nous, quand la plupart ont mille fois raison de se déconnecter émotionnellement.
On peut néanmoins compter sur la complicité de Melissa Barrera et Jenna Ortega, qui donnent tout à l’écran, avec l’attitude désabusée que l’on espérait pour leurs personnages respectifs. Rien de mémorable, mais toujours un cran au-dessus de leur précédente apparition. Et à côté, il reste Courteney Cox pour jouer l’épouvantail et nous offrir une partie de cache-cache sans conséquence. C’est bien entendu ce que sous-entend le terme franchise dans son déroulé, on garde les mêmes et on recommence. Le culte de Ghostface n’est donc pas près de s’achever avec cette dernière entaille à la franchise. S’il a fallu sacrifier ce volet pour s’en convaincre, soit. À présent, il s’agit une bonne fois pour toutes de conjurer le sort et de mettre fin à cette routine, qui repompe à tout-va ce qui a déjà maintes fois été traité, avec plus de justesse et de folie, en pensant très fortement au retour gagnant de Michael Myers dans un « Halloween Kills » définitivement plus tranchant.