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Kurosawa
582 abonnés
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4,0
Publiée le 17 mars 2018
Le risque, en tant que spectateur de "La dernière fanfare", est de totalement succomber à la tendresse pour son personnage principal, le dénommé Frank Skeffington. Car l'empathie de Ford pour ce dernier ne doit pas nous aveugler sur les stratégies politiques mise en place. En même temps qu'un portrait émouvant sur un homme âgé qui peine à s'entendre avec son fils, le film est aussi un formidable document sur la réalisation d'un campagne politique (d'un côté, la rencontre directe avec les habitants; de l'autre, l'utilisation des médias pour véhiculer un message) et sur l'amitié au sein d'un parti : sur ce point, "La dernière fanfare" montre comment un collectif soudé peut faire tenir un homme qui, dans sa vie privée, s'enfonce dans une terrible solitude. La beauté et l'intelligence du film est de combiner puissance des sentiments et hauteur de vue politique; en somme, mêler la simplicité à l’ambiguïté dans une mise en scène épurée qui ne surplombe jamais ses personnages mais sait autant les accompagner que s'en distancier. Un moment de cinéma poignant d'une maturité exemplaire.
C'est clairement Spencer Tracy, acteur capable d'exprimer énormément d'émotions en très peu de gestes, qui tient la barre de ce film et donne la force qui en ressort. Autrement John Ford montre certes ici encore une fois son amour pour les gens simples mais aurait gagné à être plus subtil en étant moins manichéen. Spencer Tracy est forcément un type roublard mais au final bon et droit dans ses bottes alors que son adversaire est forcément un abruti de première soutenu par une bande de crapules. Je sais qu'on est dans le pays qui a mis à sa tête des types comme Bush ou Reagan mais tout de même. Donc il est inévitable que je sois un poil déçu par ce Ford qui aurait vraiment pu être très puissant sans cela.
Quand il aborde le tournage de « La dernière fanfare », John Ford, âgé de 64 ans, est déjà depuis un moment un vétéran d’Hollywood. Ayant commencé sa carrière de réalisateur au temps du muet, il compte près de 125 films (dont 62 muets), au sein de sa foisonnante et très éclectique filmographie . Il lui reste peu d’années à vivre pour et par sa passion et il le sait parfaitement. Les douze films qu'ill lui reste à tourner contiendront malgré tout quelques chefs d’oeuvre comme « Les cavaliers » (1959), « Le sergent noir » (1960), « L’homme qui tua Liberty Valence » (1962) ou encore «La taverne de l’Irlandais » (1963). Une carrière incroyable, s’étendant sur près de cinquante ans comme on n’en fera sans doute plus après lui et quelques autres de sa génération. Très attaché aux valeurs de la famille qui traversent toute son oeuvre , Ford s’intéresse cette fois-ci à celle de la politique. Il adapte le roman tout frais d’Edwin O’Connor (1957) qui s’inspirant librement de la vie du maire démocrate de Boston, James Michael Curley, décrit par le menu la dernière campagne d’un politicien local ayant gravi tous les échelons à la force du poignet et qui va s’affronter encore une fois aux édiles bien nés qui ne l’ont jamais accepté. Spencer Tracy que John Ford avait fait débuter dans « Up the river » (1930) retrouve le réalisateur trente ans plus tard alors que tous deux sont désormais des hommes prématurément usés par des vies où l’alcool a souvent servi de béquille. Autour de lui, nombre d’acteurs comme Frank Albertson, Jane Dawell, John Carradine, Ricardo Cortez, Wallace Ford, Donald Crisp ou Edward Brophy qui ont jalonné sa filmographie. Spencer Tracy alias Frank Skeffington en campagne, c’est un peu John Ford qui anticipe son dernier tour de piste en compagnie de ses fidèles grognards. La roue tourne et c’est avec une certaine philosophie quelquefois un peu contrariée par une furieuse envie de combattre encore que Ford le constate. Le réalisateur irlandais n’a jamais été un cinéaste politique mais il n’a jamais néanmoins hésité à sortir du rang quand il estimait devoir le faire comme lorsqu’il s’éleva face à Cecil B Demille pour dénoncer « les méthodes dignes de la Gestapo » de la commission McCarthy pendant la « chasse aux sorcières ». Ici, il s’en prend aux affairistes qui penchent toujours du côté de celui qui acceptera de n’être que le simple vecteur de leurs intérêts. Tout à la fois goguenard, nostalgique, parfois retors et calculateur, Spencer Tracy est touchant d’une humanité dont il n’hésite pas à afficher les deux faces de la médaille. On notera le portrait au vitriol que Ford fait des fils de Skeffington et du banquier Norman Cass Jr. (Basil Rathbone) soit volage et scandaleusement insouciant ou alors presque débile. Sans doute très déçu par son propre fils, le réalisateur tenait-il à exprimer le peu d’espoir qu’il plaçait dans la relève? On le sait, un film du grand John Ford n’est jamais mauvais. Celui-ci jugé comme mineur s’avère en réalité un très bon cru de la part d’un réalisateur encore parfaitement opérant malgré les problèmes de santé qui le minaient.
Un film réalisé en 1958 par le cinéaste John Ford mais je pense qu'il ne doit pas etre dans les hauteurs en terme de qualités dans sa longue filmographie !! Un long métrage qui me parait trop bavard a point de m'ennuyer un certain temps sur ce récit politique ou un maire d'une grande ville prépare, avec l'aide de son neveu, sa dernière campagne municipale. Il fait des arrangements pour avoir des voix à droite et à gauche croyant en une nouvelle victoire. Je dois avouer que j'ai commencé a m'intéresser à ce film au moment du jour de votes. Il y a quelques séquences qui sont marrantes comme le chien qui n'arrète pas d'aboyer sur le tournage du spot publicitaire du rival de notre candidat en question mais il y a aussi des moments tristes, je n'en dis pas plus. Une semi déception pour ma part, je trouve John Fordr plus inspiré à Monument Valley pour tourner des Westerns qu'ici. Ls acteurs jouent bien leurs personnages avec en tète le vétéran Spencer Tracy et le jeune Jeffrey Hunter. L'ensemble est assez moyen.
On est loin ici des thématiques fordiennes et des westerns tournés quelques années auparavant. John Ford réalise tout simplement l'un des meilleurs films jamais faits sur la politique, et vu sous un autre angle ce film pourrait être (aurait pu être) un polar crépusculaire avec ce héros seul et délaissé sachant sa fin proche. Or ici c'est "juste" un film sur la politique et c'est Spencer Tracy qui y tient brillament la vedette dans l'un de ses meilleurs rôles et 28 ans après son dernier film avec Ford. Décortiquant les rouages d'une élection municipale de province, Ford décortique le système tout en livrant une belle critique sur la vieillesse et la solitude.
Comme le dit le politicien au début du film: la politique est un divertissement. Nous sommes vraiment au cœur du sujet, tout y est espiègle et ingénieux. Du coup les pièges plus ou moins grossiers sont délectables pour le spectateur. Rajoutez en plus la verve ironique de Tracy et voilà un film qui réconcilie avec une campagne politique parfois ennuyeuse. L’idée est bonne de mettre le neveu à notre niveau. Il découvre aussi les rouages de la manipulation et en vérité le résultat importé moins que la forme. Excellent
Un bon film de studio, intéressant et qui décortique bien le processus de ce qu'est une campagne électorale. Cela n'a pas beaucoup changé, et le film reste d'une grande actualité et d'une acuité réaliste. Les bons sentiments , le populisme , les bénis oui-oui , les flatteurs, tout y est . Spencer Tracy est bien sûr excellent , et le film garde un bon rythme. la dernière partie sur la déchéance et la descente aux abimes est aussi très touchante , Un film très solide de John Ford , même si ce n'est pas un de ses chef d'oeuvre.
J'ai beaucoup apprécié le début mais j'ai fini par me lasser car le film est très bavard. Ça manque sans doute d'humour, ridicule, d'un personnage au caractère plus poussé 3/5
Un thème fordien par excellence : la fin d’une époque. Ici, en l’occurrence : la fin d’une certaine façon de faire campagne en politique et de faire de la politique en général, proche des gens, pour servir leurs intérêts. Un portrait masculin fordien par excellence : celui d’une tête de mule au grand cœur, de sang irlandais. John Ford oppose de manière assez manichéenne un vieux filou de la politique, un peu « voyou », un peu séducteur, mais simple et juste, à un « parfait idiot » incarnant les valeurs policées de l’American way of life. Il oppose un candidat « historique », issu et soutien des couches populaires, au candidat d’une nouvelle ère, propulsé par les riches et les puissants. Malgré la caricature, il est assez facile de se laisser séduire par le savoir-faire narratif du cinéaste et surtout par la composition trapue, puissante et sympathique de Spencer Tracy. Énergie, humour. Petites touches mélancoliques. Dommage que le final cède à une mélodramatisation facile, excessive et longuette.
John Ford filme ici le dernier combat d'un vieux lion de la politique, magistralement incarné par Spencer Tracy. D'abord plutôt amusant, le film prend peu à peu une connotation dramatique, dans une progression habilement orchestrée. Un peu dommage que les seconds rôles (notamment les antagonistes) ne bénéficient pas d'autant de profondeur, mais il demeure toutefois un film politique malin et encore assez pertinent dans son propos.
La politique ? Qu’est-ce que la politique ? Ford répond à la question par un savant mélange, une galerie de portraits bâtie sur le contraste. Du côté des politiciens : un vieux briscard un peu retors, courageux et éminemment sympathique ; un jeune arriviste, médiocre, sans autre prétention que celle de sa famille et de sa classe sans relief, drôle à force d’être ridicule. Deux fils, l’un stupide, l’autre insoucieux de toute carrière, confortablement installé, définitivement, dans son berceau doré. Deux hommes d’église, deux prélats, l’un « de gauche », l’autre « de droite ». Deux journalistes, l’un pourri par les préjugés hérités du KKK, l’autre digne neveu d’un politicien honnête. Deux clans, l’un enthousiaste à faire valoir les droits des déshérités, l’autre enclin à servir les intérêts de la finance. Les femmes – on est en 58 – suivent la famille et ne participent guère aux débats. Le résultat de cette galerie de portraits très manichéenne ? Ça marche au point qu’on aurait presque honte de ne plus aller voter. Et si le dernier mot appartenait toujours aux Ditto ?
C’est à la fois le portrait d’un homme et le suivi d’une élection, de la campagne électorale à ses résultats. Le réalisateur a clairement choisi son camp, c’est celui de Franck Sheffington, un politique « à l’ancienne » qui brigue son xième mandat. Mais si certains personnages secondaires sont caricaturaux, le portrait du principal, qui n’est pas, loin s’en faut, un modèle absolu de vertu et d’honnêteté, est tout à la fois profond et nuancé. C’est la mise en scène de Ford qui donne de la grandeur au film, en témoignent ces trois plans successifs : le lent travelling latéral qui suit Franck marchant en sens inverse de ses adversaires vainqueurs, et en sens inverse de l’Histoire, la plongée qui en fait un homme écrasé quand il entre dans sa demeure, et la contre plongée qui le fait se réélever, en contemplant simplement le portrait de sa femme aimée disparue…
Réalisé dans la dernière partie de sa carrière, John Ford ne parlait pas beaucoup de " la dernière fanfare" dans les interviews qu'il donna. Généralement le titre est peu cité comme faisant partie des oeuvres majeures de cet auteur prestigieux. C'est, selon moi, à tort car c'est un film formidable. En résumé, il s'agit de la dernière campagne électorale d'un homme politique à l'ancienne, présenté comme maire d'une ville de la côte nord est des usa. En fait, c'est l'exemple de celui qui fut dans les années 40 le maire de la ville de Boston ( Massachusetts) qui sert de modèle. Ce dernier attaqua d'ailleurs en justice les producteurs du film , tant il trouvait les ressemblances trop évidentes avec sa personne. Spencer Tracy est absolument remarquable dans "la dernière fanfare". Acteur doté d'une palette de jeu phénoménale, c'est, il est vrai, un des plus grands interprètes masculins hollywoodiens. Film nostalgique, mais aussi joyeux, c'est le portrait vérité d'un être composé de ses contradictions. Patrick Brion, formidable historien du cinéma, voit dans ce film le portrait que John Ford fit de lui-même. "La dernière fanfare" est un film que tout amateur de cinéma d'auteur se doit avoir vu. C'est un vraiment un grand plaisir de cinéma.
Les élections américaines sont certes caricaturales mais la caricature humaine et politique est poussée trop loin dans ce film. A vous dégoûter non seulement de la politique mais des hommes en général. Spencer Tracy ne peut relever le niveau.
The Last Hurrah se pense comme un miroir pour un cinéaste qui non seulement trouve un double de sa personne en Frank Skeffington, mais qui compose un film plein d’échos, à l’instar de ce plan sur l’escalier que l’on monte tantôt de façon joviale – c’est le cas du fils égoïste et aveuglé par son plaisir – tantôt de façon solennelle – celui des convives – tantôt de façon maladive lorsque le candidat battu s’écroule au bas de la rampe. Il n’y est question que du défilé, ce défilé qui atteste la vitalité tout autant que l’attachement de Skeffington à une tradition de campagne politique proche des électeurs, physique contre les techniques alors naissantes de diffusion télévisée. Nous assistons donc au crépuscule d’un âge auquel Ford semble s’identifier, le burlesque de certaines situations disparaissant peu à peu pour laisser à l’écran une légende s’éteindre ; tout se passe comme si le ridicule de l’opposition, parce qu’elle bénéficie des technologies nouvelles, se convertit en crédibilité de masse. La sirène du camion de pompier, symbole du danger que représente cette jeune génération politique idiote mais portée par l’image, devient à terme le chant du cygne pour un politicien contraint de marcher seul en direction opposée, ce qui donne lieu au plus beau travelling du film. La fanfare s’anime mais n’est plus pour lui ; le dernier hourra arrivera ainsi de ses plus proches amis venus rendre un dernier hommage à celui pour qui la politique constitue l’unique chose qui le maintient en vie. « Les espoirs déçus ne font jamais beaucoup de bruit », reconnaît paisiblement le candidat au milieu d’un déchaînement de cris et de protestations. Car c’est dans ses rares silences, lorsque la machine politique se met en pause, que Skeffington atteste une humanité formidable et chaleureuse que ne sauraient entacher les entreprises frauduleuses et les petits arrangements. Œuvre totale qui mêle le déroulement d’une campagne à la comédie et au drame, œuvre profondément mélancolique mais qui ne cède jamais au désespoir, faisant de son personnage principal, sublimement interprété par Spencer Tracy, le dernier gardien d’un art de faire et de vivre l’Amérique, The Last Hurrah constitue une belle réussite dans la riche carrière de John Ford. À (re)découvrir d’urgence.