Dans l’archipel des Orcades, au nord de l’Ecosse, les tempêtes noient les paysages d’un vert humide et cinglent les visages éclairés d’une pâle lueur boréale. Vous avez là le décor de cet incroyable film The Outrun. C’est dans cette endroit, si rude et si apaisant à la fois, que Rona, l’héroïne du film, choisit de revenir après une tranche de vie mouvementée au cœur de Londres.
En quête de rédemption après une jeunesse noyée dans l’alcool et les frasques, Rona désire s’éloigner de ses addictions en vivant au plus près de cette terre sauvage et en confrontant les tourments de ses souvenirs à la bourrasque des éléments naturels.
Pour nous compter cette histoire, tirée du livre (autobiographique) d’Amy Liptrot, c’est Nora Fingscheidt, déjà très convaincante dans Benni (2022), qui nous impressionne par l’originalité de sa réalisation. Sa mise en scène bouleverse ce qui pourrait être l’histoire linéaire d’un chemin vers la guérison. Son choix audacieux, et extrêmement captivant, est de chambouler l’espace-temps, de dynamiter le récit, de mêler images en cinémascope, animation, films d’archives familiales… de juxtaposer bruits de la nature, vagues, oiseau, vent et musique électro… d’instiller une touche de légendes locales dans la brume des souvenirs. Le tout donne un film magistral, unique. Une expérience sensorielle rare.
Que dire de la prestation de l’actrice principale, Saoirse Ronan ? Si ce n’est qu’elle est du bois dont on fait les statues ! Une actrice de génie, d’une justesse poignante, déjà nommée aux Oscars pour Brokling en 2016, pour Lady Bird en 2018 et pour Les Filles du Docteur March en 2020, elle est une candidate parfaite pour recevoir son premier trophée le 3 mars prochain à Hollywood !