Bien entendu, la fameuse question "un film est-il viable s'il n'a pas un minimum de scénario ?" peut s'appliquer à beaucoup de film mais, franchement, en la matière, "Dillinger est mort" est un vrai cas d'école. Et je vous jure que je n'exagère rien : pendant 90 minutes, il ne se passe absolument rien. A part une conjointe endormie qui se fait sauvagement assassiner. Autrement dit, il y a toutes les raisons de vivre un calvaire. Et pourtant....Laissons au placard cette idée de la place de l'Homme dans la société de consommation elle n'a pas lieu d'être ici. Concentrons nous sur l'aliénation. Car si Ferreri n'a pas l'intention de faire passer un quelconque message, il est quand même clairement question d'aliénation. Regardez cet homme. On le sait socialement élevé, on le devine être intellectuellement au-dessus de la moyenne et, dans le cadre de son travail, il s'agit d'un homme comme il en existe des millions d'autres. Et pourtant, dès qu'il regagne son domicile, il en retourne à un stade primaire (pour ne pas dire primitif), que ce soit en écoutant la radio, en regardant la télévision, en écoutant de la musique sur son transistor, en faisant la cuisine ou, pire encore, en démontant, nettoyant, remontant et repeignant un revolver trouvé dans du papier journal. Piccoli trouve ici un des rôles les plus difficiles qu'il ait pu jouer dans sa longue carrière, plus dur encore que celui qu'il tenait dans "Themroc". Il y a ici deux choses qui ne m'ont pas plu : le passage érotique avec Annie Girardot et le final que j'ai vraiment trouvé nul car faisant complètement contresens avec ce que l'on avait vu jusqu'à présent.