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Estonius
3 467 abonnés
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0,5
Publiée le 1 avril 2016
D'un ennui incommensurable, sans véritable scénario la vision de ce film à la réputation surfaite est un supplice. Le réalisateur a abandonné toutes ellipses et ceci jusqu'à l'absurde : il manque un machin dans les pâtes, Piccoli se lève, ouvre un placard, cherche un bocal, l'ouvre, en hume le contenu, le replace, en prend un autre et ça recommence et ça dure des heures et nous on est là en train de se demander à quoi se raccrocher. Et tout ça pour nous montrer quoi ? "l'absurdité de la vie dans la société de consommation " Ben voyons !
2ème Ferreri que j'aie l'occasion de voir, soit disant un chef d'oeuvre au vaste succès à sa sortie, il me faut dire que j'en reste coi! Peu d'explication dans le scénario pour comprendre l'état psychologique de notre personnage pour comprendre son acte. Mise en scène des plus ennuyeuses avec même des passages particulièrement mal filmé. Bref, sans intérêt...
Hier j'ai regardé "Dillinger est mort". Ce film a beaucoup plus à ceux pour qui le scénario au cinéma n'est pas un élément insipensable. Moi je n'aime pas quand il n'y a pas d'histoire, si encore c'était beau, mais ce n'est pas le cas. J'ai donc perdu 90 minuutes de ma vie. Le lendemain matin j'ai regardé ma voisine d'en face repasser son linge en petite tenue, c'était bein plus joli.
Blâme de l'aliénation de notre société de consommation qui réifie l'homme, sur le mode d'une sorte de Nouveau roman surréaliste en réponse au "Mépris" de Godard. Une météorite!
Un film d'une originalité absolue, déconcertante, intrigante. Hormis à la fin, il ne se passe rien ou presque. C'est une sorte de chronique de l'ennui bourgeois, une illustration d'un vide existentiel. Le film n'en est pas pour autant ennuyeux. Parmi les gestes quotidiens, quelques indices de "dérèglement" et une bizarrerie latente éveillent la curiosité et suscitent une certaine fascination. Aux pulsions de vie et de plaisir (la cuisine, le désir sexuel pour la bonne...) se mêlent des pulsions de mort (la remise en fonctionnement du revolver), teintées de folie (la décoration de l'arme, les réactions en visionnant des films de vacances). C'est le portrait, quasiment sans parole, d'un homme en proie à la solitude, qui tourne en rond, jusqu'à la rupture (l'utilisation du revolver). C'est finalement l'histoire d'une libération qui s'inscrit bien dans son temps, la fin des années 1960. Selon Godard, ce film est "merveilleux de simple évidence".
La mise en abîme est un procédé narratif, littéraire ou cinématographique, traditionnel. Le coup de génie de « « Dillinger est mort » c’est de le pousser jusqu’à quelque chose d’un hyper-cinéma du même ordre que l’hyper-texte de la navigation internet. Autrement on est bien dans l’humour cynique habituel de Ferreri. Un homme se mitonne une bonne soirée, cuisine, écoute la radio et de la musique, regarde des films et la télévision, et bricole un vieux revolver joujou qui lui permettra de se payer sa bonne et de se débarrasser de sa femme… c’est plus à froid, plus absurde, moins dans le registre de la bouffonnerie de la comédie à l’italienne que ses autres films, et peut-être plus original du même coup. A mon avis le final est tout de même raté, trop grossier dans la démonstration.
Plus il avançait dans sa filmographie et plus Marco Ferreri se laissait aller à un pessimisme noir masqué derrière une bouffonnerie qui lui sera souvent reprochée par la suite. Rien de ce qui définit l'homme en société ne trouvait grâce aux yeux du réalisateur et surtout pas l'asservissement à la société de consommation que Ferreri avait vu naître au cours d'un XXème siècle qui aura profondément modifié le rapport de l'homme à son environnement. Le génie créatif de l'homme ayant bien du mal à cohabiter avec ses instincts primitifs le conduit dans une impasse. Les thèses évoquées par Herbert Marcuse dans « L’homme unidimensionnel » paru en 1964 aux Etats-Unis ont certainement donné un substrat philosophique aux penchants nihilistes de Ferreri au même moment où l’Amérique et l’Europe étaient secouées par des révolutions étudiantes. « Dillinger est mort » s’inscrit indéniablement dans cette mouvance. Avant que l’ingénieur Glauco rentre chez lui après sa journée de travail dans une entreprise qui fabrique des masques à gaz, Ferreri nous a présenté un homme visiblement absorbé par ses pensées et comme absent aux autres. La nuit d’insomnie qu’il va ensuite passer, succédant certainement à beaucoup d’autres, où il met la main (par hasard ?) sur une arme enveloppée dans un journal relatant la mort en 1934 du gangster John Dillinger, va déclencher dans son âme profonde un largage brutal des amarres. Ferreri très habilement et aussi diaboliquement, entremêle les diverses occupations que Glauco entame pour tenter de s’occuper l’esprit (cuisine, télévision, lutinage de la femme de ménage, délires gestuels devant des films de vacances) avec le nettoyage et le remontage minutieux de l’arme qu’il destine au meurtre de sa jeune et jolie femme dépressive (Anita Pallenberg) qui dort à l’étage. Glauco est interprété par un Michel Piccoli magistral, seul capable d'occuper l'écran de cette manière, alternant avec la plus grande agilité les gestes banals du quotidien et les saillies drolatiquement inquiétantes de son personnage. Le huis clos étouffant voulu par Ferreri permet au spectateur de ressentir presque charnellement le malaise qui sourd derrière les apparentes facéties d'un Glauco qui seul dans cette nuit interminable, pris de régression infantile n'arrive pas à fixer très longtemps son attention l'esprit sans doute déjà taraudé par une envie irrépressible d'en finir avec celle qui dort au-dessus de lui. La musique de Teo Usuelli mariant tous les genres contribue magistralement à l'envoûtement qui nous saisit face à la performance d’un Piccoli dont on peut penser tel Jean Narboni des Cahiers du Cinéma que Ferreri, grand admirateur de Godard, l'avait choisi pour prolonger le destin de son personnage du "Mépris", privé de Brigitte Bardot ici symbolisée par une Anita Pallenberg dormante. Ce voyage au bout de la nuit est bien sûr sans retour et Glauco, soudain libéré de ses chaînes, pourra, vêtu d'un pagne et paré de dorures antiques s'embarquer comme cuistot sur un trois-mâts voguant vers Tahiti, vu ici comme un retour au temps où les océans étaient synonymes d'eldorado à conquérir. Après Godard, Ferreri invoque dans cette scène finale "Tabou" (1931) le dernier film du grand Friedrich Wilhem Murnau. On peut s'interroger sur la réalité de cette libération de Glauco, obligé de tuer pour pouvoir desserrer la gangue qui l'étreint et dont Ferreri nous laisse peut-être imaginer par la présence à bord du trois-mâts d'une jeune femme sensuelle qu'une nouvelle aliénation s'est déjà emparée de lui. En effet, le meurtre gratuit de sa femme est sans doute l'affirmation de la soumission névrotique de Glauco au système qui l'oblige à se mettre hors la loi pour enfin quitter son environnement hostile. Certains ont vu en ce film dérangeant le chef d'œuvre de Ferreri. L'hypothèse se tient.
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4,0
Publiée le 23 septembre 2018
Tout au long de sa prestigieuse carrière, Marco Ferreri s'est surtout attachè à dèmasquer les hypocrisies et les mensonges qui recouvrent une croyance illusoire en la libertè humaine! Cette vision lucide et pessimiste du monde l'avait conduit jusqu'à un certain nihilisme, dèveloppè sur le mode de la farce dans son chef d'oeuvre, "La grande bouffe". Cinq ans auparavant, son "Dillinger est mort" ètait tout aussi remarquable, bien ancrè dans une èpoque de bruit et de fureur! Un film très particulier qui ressemble à un film de psychanalyste sans aucune action! La solitude et la folie du personnage principal situent ce film quelque part entre Jean-Luc Godard et Carlos Saura qui ne sont pas de minces rèfèrences! L'occasion de dècouvrir un Michel Piccoli inhabituel, fascinè par un revolver qui annonce la mort du gangster Dillinger! La routine du vedettariat, il n'y a rien de pire pour un acteur! Piccoli, lui, n'hèsite pas à changer complètement de registre en incarnant un personnage difficilement oubliable! Du grand Ferreri tout simplement...
Un film de Ferreri étrange, loin des excès de la grande bouffe on retrouve un film où il ne se passe presque rien et tout tourne autour des symboles lâchés en grand nombre par le réalisateur qui pour moi m'ont semblé vraiment mal amenés. La séquence avec les projections sur le mur est plutôt sympathique mais je n'ai pas dû saisir toutes les subtilités. Pour public averti.
Quelle nullité! Prenez une caméra, filmez tout et n' importe quoi, sans dialogues (les dialogues sont superflus dans le cinéma intello, tout le monde sait cela!) et vous aurez un chef d'oeuvre à la Ferreri! Ferreri, ce même "cinéaste" qui a pondu la Grande Bouffe, autre "chef d' oeuvre" pour ado-provocateur-et-attardé-qui-veut-choquer-le-bourgeois. Bref, un navetissime comme seuls les réalisateurs impuissants et férus de psychololo à deux balles savent en faire. Le présentateur dudit " film" nous averti que cette crotte est un chef d'oeuvre (!). N' en croyez rien, c' est un soporifique d' une facilité inimaginable qui n' enchantera que ceux qui se la joue intellos et qui croient comprendre quelques chose là où il n' y a strictement rien à comprendre si ce n' est l' esbroufe, l'incompétence, l'indigence et la prétention de Ferreri. N'importe quel amateur débutant en fait autant.
Une des pépites du cinéma moderne. Marco Ferreri filme de façon unique l'aliénation d'un chef d'entreprise bourgeois, qui - sans raison réelle ou en toute déraison - décide de tourner le dos à une vie aisée mais monotone et ennuyeuse, ainsi qu'à une épouse dont il s'est lassé, se consolant avec la femme de chambre de la maison (Annie Girardot, très sensuelle). Piccoli trouve ici un rôle à sa (dé)mesure et il est définitivement génial.
Du pur Ferreri..Celui-ci est difficile d'approche. Michel Piccoli monopolise l'écran pour notre plus grand bonheur certes mais le film laisse malgré tout un grand vide.
Un cadre d'une fabrique de masques à gaz, rentre chez lui à l'issue de sa journée de travail. Sa superbe femme l'attend et préfère rester dans sa chambre et dormir. Lui se met à faire la cuisine. Arrive sa femme de ménage, moins jolie mais plus extravertie que son épouse. La lecture d'un journal ancien qui enveloppe un révolver qui n'est pas en état de fonctionner, lui fait redécouvrir l'histoire de Dillinger ( gangster américain solitaire, abattu par la police alors qu'il sortait d'un cinéma et dont l'image était celle d'un robin des bois moderne). Il décide alors de changer de vie. Ferreri, le plus godardien des cinéastes italiens, réalise le film en 1969. On est juste après mai 68 et les théories des Freudo Marxistes et des situationnistes sont à la mode. Explicitement cité en début de film, le livre de Herbert Marcuse "l'homme unidimensionnel " donne le ton du film. Critique frontale de la vie bourgeoise moderne ou l'individu est dépossédé de lui-même ( la pollution, le travail irrespirable, la télévision et la frustration sexuelle sont directement cités comme acteurs majeurs de l'aliénation), le film est considéré comme une œuvre majeure du cinéma par notamment Michel Ciment, le directeur de la rédaction de la revue de cinéma Positif. On a ici affaire à une sorte d'OVNI. Peu de dialogues, on est ici dans un cinéma militant à la lisière du cinéma de fiction dont il est le plus proche et du documentaire. On reconnaîtra la sublime Anita Palenberg égérie des Rolling Stones à cette époque ( elle fut la compagne de Keith Richards), Michel Piccoli et Annie Girardot. Par souci d'honnêteté à l'egard du spectateur éventuel, reconnaissons que "Dillinger est mort" ne s'adresse pas à tout le monde. Film aride et certainement pas grand public, c'est un film politique métaphorique. Pourtant considéré comme son meilleur film, c'est avec "la grande bouffe" que Ferreri rencontrera plus tard le succès public. Un succès à mon sens dû à l'incompréhension du public sur les intentions véritables du réalisateur. Le reproche qu'on pourrait faire au réalisateur c'est le côté happy few de sa filmographie. Sans doute pour cette raison, il est aujourd'hui un peu oublié malgré la modernité de son discours, plus que jamais d'avant-garde. C'est dire le brio et la clairvoyance qu'avait cet intellectuel porté ( peut-être un peu trop) vers un cinéma élitiste.
Glauco travaille dans une usine qui conçoit des masques à gaz. Début assourdissant. Il rentre chez lui, sa femme est au lit avec le mal de crâne et lui a laissé un repas à l'aspect infecte sur la table. Glauco enfile le tablier (...) et va se concocter une nuit ultime par-delà le plaisir. Ferreri met ici encore plus les petits plats dans les grands : Glauco va savourer sa soirée en captant la vie ici et là (videoprojecteur, magnétophone, et autres sources de plaisirs sensitifs), une dernière et joyeuse mise en mémoire des sens, avant l'instant fatidique. "Dillinger est mort" est une expérience sensorielle intense qui mêle avec magie des émotions paradoxales. Glauco parade le bonheur. Le merveilleux et le tragique se marient de façon bouleversante. Une expérience ciné très forte, quasi tangible, dans laquelle notre clown triste singe la joie.