"4 Filles et un jean Levi's 501". On vous prévient : quand vous verrez un montage rapide à la fin du film, FUYEZ ! C'est une bande-annonce de 5 min (!!!) qui SPOILE ABSOLUMENT TOUT le prochain film (on voit les finalités de toutes les intrigues à suspens de ce premier film : tout le monde a râlé dans la salle, à juste raison. C'est vraiment insensé !). Bon, après cette mise en garde, vous pouvez enjamber votre canasson et galoper voir Horizon, le grand retour de Kevin Costner dans une saga démesurée de trois films de 3h, où l'on suit le parcours de
quatre femmes livrées à elles-mêmes dans un univers impitoyable
. Les histoires à hauteur de femmes dans le western sont rares (on se rappelle de l'excellent Hostiles, et avant cela de l'avant-gardiste Il était une fois dans l'Ouest, qui laissaient à Rosamund Pike et Claudia Cardinale le soin de porter le colt mieux que les hommes), et ici on aime bien retrouver un mélange des genres dans la distribution (Abbey Lee et Sienna Miller sont superbes), un rôle plus réduit pour le comédien-réalisateur (qui laisse donc de la place à l'écran à ses personnages), de l'émotion dans une stupéfiante ouverture, une deuxième heure plus explicative sur les enjeux de chaque histoire, mais qui n'ennuie pas pour autant (beaucoup d'infos : ne partez pas aux WC !), et à l'inverse une troisième heure moins palpitante, ce qui fait qu'on peut trouver le film finalement long. On apprécie évidemment les paysages magnifiques, les chevauchées à brides rabattues, les Indiens (dont
le chef sage ne veut pas de cette guerre, tandis que le jeune chien-fou belliqueux veut du sang
), les chasseurs de primes (ici, la
revente de scalps Indiens...même des tribus pacifiques : les méchants se trouvent aussi du côté des cowboys
)... En revanche, le montage est chaotique. On passe continuellement d'une histoire à une autre, sans transition ("Mais, il neige, maintenant ? Ah, non, c'est l'histoire de l'autre !"), et on enchaîne les facilités :
le rayon de soleil qui sort du canon dans le tunnel alors qu'on est en pleine nuit, "Rentre pour 14h !" et scène d'après il est déjà 14h30 à la pendule derrière Marigold, le personnage de Costner qui est plus fort qu'Hercule Poirot (il est étranger, n'a aucune info sur le contexte de l'intrigue "du bébé caché", mais déduit directement que "Non, ce n'est pas le deal du terrain qui a mal tourné, c'est le bébé qu'il veut !"... Mais, comment sait-il ça ?! Il y avait quand même 99 d de chances que ça soit le prix du terrain qui a été négocié à coups de fusils, ou une quelconque dispute dont le vilain va chercher les preuves de vente à la cabane... Mais non, Costner arrive, regarde le vilain dans les yeux : "C'est le bébé qu'il veut.". Bon.)
On ne sait pas bien non plus à quoi sert le personnage de (la trop rare) Isabelle Furhman, car on ne comprend même pas sa fonction dans le récit (sa seule scène importante :
écouter une conversation privée allongée dans une diligence... Mais la conversation parle d'une fille reluquée pendant sa toilette.
On ne sait pas ce qu'elle va pouvoir faire avec cette info...). Vous l'aurez compris, Horizon est gorgé de maladresses d'écriture et de montage, et se conclut par le plus grand enchaînement de spoilers qu'on a jamais vu, mais il n'en reste pas moins qu'on sent toute la sincérité de Costner à l'ouvrage, qu'on sent un amour inconditionnel du western, modernisé en donnant plus d'espace aux femmes, dont les intrigues sur les enfants nous titillent de voir la suite, dont les nuances sur "les bons et les méchants, selon le camp où l'on se trouve" sont très intelligentes, avec une ouverture déchirante et pleine d'action, une deuxième partie bien rythmée et explicative, et qu'on ne regrette franchement de pousser les portes battantes du saloon, la promesse d'une séance de cinéma dépaysante. Qu'on donne à ces 4 femmes un bon colt fumant, un jean Levi 501 de cowboy, et en avant la vengeance : on sera là pour les deux suites, Yeeehaw !!!