« C’est une drogue dure le cinéma. »
Mise en abyme particulièrement bien construite, Making Of est fait d’intrigues à la fois superposées, parallèles et s’entrecroisent : celle, sociale, du film en cours de réalisation, la réalisation elle-même, également sur fond social, le quotidien du jeune réalisateur du making of en train de filmer le réalisateur du film, et une foule invraisemblable d’aléas inhérents à un tournage.
Exercice de style prenant et même parfois poignant, ce film offre aussi un fabuleux décalage entre le rêve et la réalité, à chaque niveau narratif, principalement mis en évidence par le héros principal (Joseph/Stefan Crepon) qui s’accroche à son envie de faire du cinéma. Souhaila Yacoub en actrice prometteuse, Denis Podalydès en metteur en scène dépassé, Emmanuelle Bercot en directrice de production soumise aux impératifs financiers, Valérie Donzelli en épouse lasse et lointaine du réalisateur, Xavier Beauvois en producteur mythomane et Jonathan Cohen en star imbuvable complètent une distribution parfaite, encore enrichie par une foule de figurants jouant le rôle... de figurants. La musique quant à elle, fluide, signée Astrid Gomez-Montoya et Rebecca Delannet, est relevée par des extraits du Roméo et Juliette de Berlioz.
La réalisation en plusieurs points de vue (la caméra principale de Cédric Kahn, la caméra qui filme la réalisation en cours du film dont on vit certaines scènes puissantes, et la caméra du making of plus intimiste), sans trop de fioritures, et une narration claire offrent une linéarité bien venue tant le scénario est complexe.
Au final, Cédric Kahn (nominé il y a quelques mois aux Césars pour son Procès Goldman autrement plus esthétisant et artificiel), réussit un véritable tour de force sensible et intelligent, une comédie sociale à tiroirs fichtrement bien ficelée, doublée d’un hommage au cinéma et à celles et ceux qui le font, de la cantinière aux producteurs, où rien n’est laissé au hasard.