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@placeoflucas
25 abonnés
45 critiques
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4,5
Publiée le 20 octobre 2023
Beau, prenant, pesant, magnétique, hypnotisant et glaçant même par moments.
Un homme et artiste celeste face à une industrie télévisuelle qui fait tristement mal à voir, témoin d'une époque profondément irrespectueuse et égocentrique...
Heureusement, les moments de magie nous sont accordée par ce répit musical magistral d'un artiste qui l'est tout autant !
Un film original et donc un peu déroutant. Il y a quelques moments de grâce où Monk et le piano ne font qu’un mais ce n’est pas un documentaire dédié à sa musique. Mieux vaut voir Straight no chaser de Charlotte Zwerin pour cela. Ce n’est pas non plus un documentaire sur sa vie. Mieux vaut lire l’excellent livre de Laurent De Wilde. Mais dans ce film on approche l’homme (ou le demi-dieu), on le toucherait presque ! Et ça d’une façon que je n’ai jamais ressenti dans d’autres documentaires sur Thelonious. Le film nous montre bien son côté taiseux, sa façon d’être comme un enfant dès qu’il a un piano entre les doigts, son décalage avec la réalité, et nous laisse entrevoir la sorte de schizophrénie, dont il souffrait. Il y a un autre personnage principal dans le film. C’est le journaliste qui réalise l’interview. Et le pauvre on a de la peine pour lui par moment. Je regrette que le film n’en dis pas plus sur lui. Est-il encore en vie ? Que penserais-t-il du film ? Certes, il a choisi d'être un journaliste à la télévision, un personnage public et donc son image ne lui appartient plus vraiment mais je trouve qu'il aurait mérité une sorte de droit de réponse. Donc pour cela j'ai enlevé une étoile. Un grand Merci quand même à Alain Gomis.
Un moyen-métrage documentaire sur le génial, rarissime et taiseux Thelonius Monk effectué à partir de rushs pour une émission de télévision en 1969, « Portrait of jazz », avec un interviewer particulièrement emprunté (Henri Renaud), que le montage du film essaie de rendre comique, voire ridicule. Il y apparaît clairement que Thelonius – accompagné à Paris par sa femme Nelly, n’était pas quelqu’un de facile.
ni un film ni un documentaire deception pour ceux qui aiment le jazz
Henri Renaud est incapable de monter une émission pour celebrer MONK qu'il prétend tres bien connaitre ! Mais MONK est excédé par ce qui est pour lui un amateur et dont les questions sont exaspérantes. Il répond à contre coeur et finit par jouer un peu
Mais ce qu'il veut ce n'est pas perdre son temps avec des frenchies qui ne le paient pas. Renaud lui avait organisé un concert à Paris qui n' a eu aucun succès et où on ne l'a pas payé.
(...) Nous naviguons ainsi entre la fascination pour l’artiste et le choc devant l’obstination du commentateur qui veut tout déterminer, y compris la musique jouée. Puisque l’archive est brute, c’est bien sûr dans le montage que se joue le travail d’Alain Gomis, qui ramène les deux heures de rushs à une heure percutante, organisant parfois des superpositions de voix ou des saccades d’images du journaliste, révélant ses échanges avec le réalisateur sur le dos de Monk, coupant brusquement ou ajoutant le souffle du musicien ou des dissonances, mais conservant aussi de magiques moments d’interprétation au piano.
C’est un peu comme si avec cette mise en abyme, préambule au film à venir, Gomis réfléchissait avec nous sur sa manière d’aborder un film où Thelonious Monk puisse être présent tel qu’en lui-même, à la fois géant du jazz et dévoré par la fatigue des tournées et la tyrannie médiatique, terrifiante dans les stéréotypes de sa bonne intention autant que dans son mépris pour l’humain. Des prolégomènes en somme pour poser la question du respect d’un artiste généreux, à la fois puissant et fragile. Et en cela une interrogation du regard. (lire l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures)