Il est plutôt rare de voir du rugby au cinéma. On peut penser à Invictus, qui ne se concentre pas tant sur le sport que sur les tensions raciales et économiques en Afrique du Sud au début des années 1990. Alors, quand est proposé un documentaire axé entièrement sur le rugby, c’est carrément un ovni. Ici, pour le meilleur.
Le Stade débute d’emblée en en mettant plein la vue. Comment ? Tout d’abord par son Noir et Blanc, présent tout au long du film, sublime. Mais aussi par les premières notes de musiques qui ont l’intelligence de ne pas surjouer pour ne pas vampiriser l’action à l’écran. D’ailleurs, lorsque le documentaire débute, on pense s’être trompé de salle et d’être allé voir un film d’épouvante ou un thriller, tellement le cadre, l’image et le son sont soignés. Et c’est assez rare pour un docu. C’est aussi l’intelligence de ses réalisateurs Éric Hannezo et Matthieu Vollaire dont on sent la grande maîtrise. En soit, le duo ne s’est pas moqué des spectateurs.
On suit alors le parcours rude et semé d’embûches du Stade Toulousain sur quelques mois lors de la saison 2020/ 2021 pour réaliser le doublé historique Champion de France - Champion d’Europe. La caméra est au plus près des joueurs, du staff, des entraînements et à accès aux coulisses d’avant et d’après matches qui restent bien trop secrets habituellement. Une vraie plongée immersive dans le quotidien de ces sportifs de haut niveau.
Petit bémol, si vous n’êtes pas fan du club (surtout si vous êtes supporter rochelais), Le Stade, comme son titre l’indique, ne se focalise que sur le club de la Ville rose. Pour un documentaire accès sur le rugby dans sa généralité, il faudra repasser. Malgré tout, qu’on soit supporter ou non de Toulouse, Le Stade dévoile comme rarement des moments intimes et importants de ce milieu. N’hésitez pas alors à faire une petite exception même s’il ne s’agit pas de votre club de cœur.
Aussi, l’enchaînement des séquences, traduisant l’enchaînement rythmé de la saison peut parfois porter à confusion, répétant le même schéma narratif. Il manque aussi peut-être le ressenti des joueurs afin d'ajouter du contexte et de l'émotion. Les discours galvanisants (et parfois très drôles) de l’entraîneur Ugo Mola guident cependant avec efficacité le récit, amenant une touche de sérieux et de folie.
Les réalisateurs sont parvenus à éviter une fin aux envolées lyriques et à rester assez stoïques lors des deux sacres historiques. Même si tout ne va pas dans Le Stade, force est d’admettre que nous avons à faire à un très sérieux et solide documentaire sur le rugby au cinéma. La maîtrise indéniable des réalisateurs en fait un objet passionnant à regarder que l’on soit fan ou pas du Stade Toulousain, mais surtout, pour tous les amoureux et passionnés de rugby.