Vous savez très bien (même si, après tout ce que j'ai pu voir, vous devez peut-être garder d'infimes doutes) à quel point je sais qu'il y a des interdiction aux moins de 16 ans que je devrais peut-être suivre, mais vous devez aussi commencer à savoir que je n'apprend pas très vite et il n'est donc pas si rare que je me retrouve face à des horreurs comme celle-ci. Alors, que faire, que dire ? Eh bien faisons comme si cette oeuvre ne reniflait pas un peu de sado-masochisme, et comme si ce n'était pas aussi un splendide portrait d'une sociopathe en herbe. Il ne faut pas non plus considérer Audition comme un déchaînement gore sans nom et sans intérêt à la Saw, car, malgré la déferlance trashs des dernières scènes, on est plutôt-là face à un film d'horreur purement asiatique, souvent très psychologique, beaucoup plus subtil qu'on ne pourrait le penser et pour tout dire très bien construit : en effet, Takashi Miike, réalisateur déjanté et l'équivalent provoquateur d'un Park Chan Wook en Corée (même si on peut trouver leurs deux styles très différenciables), et qui aura signé quelques autres perles trashs (dont Visitor Q (petite horreur réunissant tous les vices de la société nippone (inceste, prostitution, drogue, violence sous toutes les formes...etc.) en une famille), Ichi The Killer (qui n'eût qu'une sortie direct to DVD en France (on pourra aussi noter rien que pour l'anecdote la distribution de sac à vomi à l'effigie du film lors de sa diffusion dans les salles japonaises)), ou encore Crows Zero 1 et 2 (variation survoltée de Battle Royale (non moins violent film japonais)), sorti (encore une fois) directement en DVD chez nous (voilà, c'était l'onglet "infos inutiles"...)) et du très récent Hara-Kiri, ménage tout d'abord le spectateur et réalise en première heure une sorte de mélo-romance, tout en installant, souvent sans vraiment que le spectateur ne s'en rende compte, les premiers engrenages qui feront littéralement basculer le film dans sa deuxième, comme, pour prendre un exemple, l'omniprésence de longs plans-séquences au début, cédant peu à peu la place à des plans de plus en plus rapides. Evidemment, alors qu'on pouvait croire que la première partie n'était qu'une préparation en douceur à ce qui va suivre, le réalisateur nous tendait en fait un énorme piège et cette même introduction ne rend la deuxième partie que plus insoutenable, multipliant les explosions (au sens littéral) de violence jusqu'à une dernière scène... Résolument trash. Et puisque c'est le moment de le faire, autant préciser aussi que le film, même s'il n'est pas la suite de tortures que pouvait anticiper le sadique en manque de sensations fortes, est donc à réserver à un public averti, surtout pour cette même scène finale citée plus haut. Reste que la toute fin est vraiment trop brouillone et ne donne pas forcément une bonne impression finale au spectateur avec une ending totalement ratée pour ainsi dire, donnant l'impression que le réalisateur ne savait pas trop où aller et où il voulait en venir, même si avec du recul on peut peut-être noter un petit côté social à cette histoire des plus tordues : l'homme qui voulait pièger la femme, rencontrée lors d'une audition pour un faux film organisé par un ami cinéaste (ça c'est pour un peu expliquer le synopsis), se fait en fait pièger à son tour, superbement piègé, et le spectateur aussi, même quand il sait à quoi s'attendre. Malgré tout, on pourra aussi dire que, par rapport à sa réputation, Audition est presque décevant, même s'il parvient à être souvent terrifiant et parfois insoutenable ; le film aurait presque dû durer plus longtemps pour être beaucoup plus développant dans son semblant de réflexion et dans sa deuxième partie, par le maître Miike ! Et la fin, aussi étrange que bancale, témoigne de cela et finit en queue de poisson un long-métrage tout de même très bien construit, restant un excellent film d'horreur, venant d'un cinéaste qui n'a plus rien à prouver pour faire mal aux pupilles. On pourra aussi féliciter le casting, dont bien sur Eihi Shiina, interprètant à merveillance une femme en pleine vengeance contre les hommes qui ont sali sa vie, ainsi que l'esthétique, qui donne à Audition un des meilleurs résultats visuels de la filmographie du réalisateur, qui dans ses prochains films optera malheureusement pour une photographie beaucoup moins sophistiquée...