Bonjour tout le monde,
Alex Garland signe un film lucide, sans fard et impitoyablement réaliste en traitant magistralement une dystopie où les USA seraient en guerre civile ..............comme jadis mais différemment..........
Kristen Dunsk campe une photo - journaliste expérimentée de guerre en quête de la dernière interview et de la dernière photographie du président des USA à la Maison Blanche avant sa reddition probable ............ Elle est à New-York, avec sa petite équipe, mais il y a plus de mille deux cents kilomètres entre New - York City et Washington........Par ailleurs et sans le vouloir, elle initie une toute jeune photographe, futur grand reporter de guerre , incarnée par Cailee Sparny, qui tient le rôle de Jessie et qui va faire son apprentissage ex abrupto!
Cette odyssée infernale est jalonnée de trouvailles visuellement nécessaires à notre prise de distance face aux horreurs tranquilles commisent par Homo sapiens sapiens erectus encore et toujours ( allusion aux écrits du philosophe Friedrich Nietzsche et aux théories freudiennes écrites dans le livre " malaise dans la civilisation" )!
Les vrais sujets de ce grand film sont de nous inciter à réfléchir sur :
-les pulsions et les choix qui poussent des grands reporters en photo - journalisme à risquer leurs vies pour quelques motifs personnels et informationnels que cela soit! Corollaire : jusqu'où témoigner par des photos pour informer le monde et comment, sans banaliser ces odieuses actions , en rendre compte avec résonance et raisonnement le plus impartiellement possible ?
- les actes de Jessie, voulant imiter son aînée chevronnée ( rôle de Kristen Dunsk ), auront - ils raison de sa psyché ou pas jusqu'à La Maison Blanche ?
- la quête de " LA PHOTO spectacle " est - elle innocente ? Si vous répondez NON, alors quel voyeurisme faut - il éviter pour ne pas devenir jouisseur de ces visuels salaces ?
- les actions de "l' homme aux lunettes rouges claires" avec sa mitraillette dérivent en seigneur et saigneur gouverné par sa volonté de toute puissance autour du petit territoire qu' il a l' illusion de contrôler.........
- l' horreur tranquille de toute guerre,
- les instincts morbides décuplés par le "permis de tuer " en temps de guerre.........
- la" sagesse naturelle" de l' eco système terrien qui " rit" des folies, en mode Eros/ Thanatos, de certains humains dans des contextes guerriers ..............
Albert Camus écrivit qu' un être humain doit savoir s'empêcher..... et cela est toujours actuel ..car toute guerre est un aboutissement inique et une folie sereine face aux possibilités toujours possibles et plausibles des diplomaties avant toute action guerrière sans issue humaniste .
Le génial visionnaire Stanley Kubrick a traité cela notamment dans ses chefs d' œuvre indépassables et évidemment Alex Garland ne peut pas arriver aux hauteurs cinématographiques de Stanley Kubrick!...........Cela écrit , Alex Garland réussit à éviter le piège du spectacle de guerre sur grand écran et il y arrive par :
-une musique illustrative( ou pas) mais toujours durant de brefs moments,
- des plans sans son comme un hommage aux films du temps du cinématograhe muet,
- des plans séquences et des travellings glaçants et sans concession esthétique et parfois le réalisme des images nous place face aux images crues et parfois vues lors de vrais documentaires ..........
- un ingénieux montage entre les images et des inserts photographiques , en noir et blanc ou en couleur, qui, en figeant le déroulé de ce montage cinématographique, nous poussent à la salutaire prise de distance pour ne pas " admirer " ce qui se déroule sous nos yeux mais pour ressentir les perfides engrenages des actes et logiques de guerre,
- des arrêts sur image particulièrement précis et pertinents,
Et
- une mise en couleur du film particulièrement variable et adaptée au ' climat mental' que ce réalisateur veut transmettre aux spectateurs évidemment..........
Nous ressortons de la salle de cinéma en méditation quant à notre regard sur les atrocités photographiées par ces photo- reporters et en nous posant la question:
Que ferais- je à leur place ?
Ferais- je ce métier et comment ?
Mais aussi :
Comment j' ai regardé ce film ?
Pourquoi ?
Quelles sensations ai- je en sortant de la salle de cinéma ?
Vivre en paix n'a pas de prix !
Oeuvrons, chacune et chacun , a cela sur toute la planète qui n ' appartient pas du tout aux homo sapiens sapiens erectus !!
Amicalement.
Gérard Michel