Que peut-on dire de Civil War ?
Alors que le film monte crescendo en tension, nous sommes embarqués à l'intérieur du véhicule en marche, pour un trajet long et parsemé d'embûches dans ce chaos sociétal.
La proposition d'Alex Garland, est marquante à plusieurs titres :
Son propos d'abord. À plusieurs occasions, il m'a fait douter quand j'ai cru le voir débarquer avec ses gros sabots.
Cela fait déjà deux semaines que j'y repense. Pourquoi ces non-dits ? pourquoi l'union entre la Californie et le Texas ? De quel type de président parlons-nous ? le film est-il paresseux ou nous laisse-t-il suffisamment de matière pour que tout spectateur, quelque soit le pays, puisse se projeter ?
Lorsque le film nous permet de reprendre nos esprits, on se rend vite compte qu'une fois aspirés dans ce piège de l'intérieur qu'est la guerre civile, ces mises en situation sont plus encore probables que crédibles. Que si le scénario fait le choix (malin), de positionner ce conflit au cœur d'un immense pays déjà morcelé plutôt que dans un pays du Moyen-Orient, c'est rappeler que cette épée de Damoclès est aux portes de toutes les nations. Force est de constater, cloué au siège, que le propos est brutal, mais juste. La place du journaliste et la place du citoyen dans la vie de la cité.
On peut également évoquer sa mise en scène qui sait tirer parti de façon intelligente sur le plus gros budget alloué à ce jour par le studio, pour produire des tableaux forts, intenses et jamais gratuits. Le sound design n'est pas en reste. Peu de fois depuis Il faut sauver le soldat Ryan, j'ai eu l'impression d'autant entendre les balles siffler à mes oreilles.
Mais aussi, sa photographie, qui s'autorise autant la frontalité que les errances plus éthérées.
Ma réserve après ce premier visionnage :
L'utilisation à répétition (même si en premier lieu le dispositif fonctionne), de la rupture de ton concernant la bande originale. En digne successeur des films sur le Vietnam, cet usage permet de ne pas simplement être plongé dans l'histoire, mais bien de nous faire prendre du recul sur le propos. Cependant, les dernières occurrences m'ont semblé artificielles.
Edit : Alors que je restais encore partagé suite au premier visionnage, ces élections 2024 ont souligné des points importants et les paradoxes intrinsèques, à vif du peuple Étasunien, à son organisation et les idéologies sur lesquelles ce pays fédéral s'est bâti.
Je n'arrivais pas à savoir si le film est suffisant, si j'avais trop ajouté d'éléments de culture personnelle qui rendaient l'histoire finalement plus aboutie. Je méditais sur cette liberté offerte au spectateur par Garland. Je me demandais si au fond, elle n'était pas un aveu de non-propos ?
Or les mises en lumière du "projet 2025", et les "autorisations d" déploient de l'armée à l'intérieur du pays en vertu de la loi sur l'insurrection de 1871 pour réprimer les manifestions et les opposants politiques" laissent cependant craindre que le fragile équilibre démocratique du pays sombre comme imagé dans le métrage.
Je viens de me procurer le Blu-ray afin de pouvoir creuser le sujet, avec je l'espère des Bonus qui m'en diront plus sur les intentions du réalisateur.