Où est la limite ? Une question exponentielle tout au long du film qui nous fait réfléchir sur le métier de journaliste. Civil War est un film réalisé par Alex Garland, notamment connu pour le film Ex Machina. Alors Britannique, sa légitimité en rapport avec ce sujet est questionnées par les américains, cependant, sa vision des choses est plus que lancinante sur la possibilité d’un tel scénario.
On suit l’histoire d’une équipe de journaliste (reporter de guerre) ayant pour but de relayer la guerre civile, opposant l’armée de l’Ouest et l’appareil Gouvernemental. Leur principal objectif est notamment de questionner le chef d’État, une quête ardue les rendant à maintes reprises dans la nasse.
Ce film repose essentiellement sur des questions de dualités : le gouvernement contre les rebelles, propagande face aux journalistes. On nous est finalement forcés de choisir un point de vue, tout en nous questionnant sur sa moralité. Il dénonce également des crimes de guerre, plus que possible d’ailleurs, mais paradoxalement, par un certain esthétisme. De fait, pour manier ce sentiment, il utilise les photographes de guerre. Et c’est là que le terme de « limite » fait son apparition. Les reporters de guerre, font-ils de la propagande pour la guerre ? On peut prendre l’exemple d’une photo lors du film,
ou un tireur est vu de derrière en activité de tir, or, par de l’imagination, on aperçoit un réalisateur derrière une caméra.
Donc est-ce la guerre qui crée elle-même un esthétisme, ou ce sont les journalistes ? Cela passe particulièrement par sa réalisation étant elle-même très belle, notamment par des profondeurs de champ très bien manié d’Alex Garland.
Il y a tout de même un cruel manque de contexte.
On est directement plongés dans la guerre, à travers le personnage principal en pleine action. Mais ce conflit ne nous est pas implicitement justifié. Certaines scènes du film nous donnent des indices. Exclusivement, celle de l’enlèvement de la jeune photographe, l’assaillant pose la question des origines, nous montrant finalement que cette guerre est liée au président fasciste.
Et cette volonté de s’intéresser sur le fonctionnement médiatique de la guerre vient d’une bonne intention, mais fait-elle du tort au film ? Personnellement, je trouve que oui, surtout que la durée de 1 H 49 pourrait permettre un développement plus poussé du conflit.
Le fait de raconter une histoire à travers les photos prises des journalistes est aussi parfaitement ficelé. Elles sont utilisées dans des moments très importants de l’intrigue
, notamment à la fin du film où les photos deviennent une vidéo
. Leur qualité est aussi à noter, digne de grands journalistes. On est également bien concentrés lorsqu’ils sont sur le terrain, et cela passe par des instants de silence cruel, nous faisant ressentir cette tension que doivent vivre ces journalistes tous les jours. Cela passe principalement par le talent des acteurs, ayant très bien compris leur rôle, surtout la jeune Cailee Spaeny.
Finalement, cette question générale que tout le monde se pose dans la salle,
le réalisateur y répond à la fin du film. Ce qui est pour moi incohérent dans son déroulement.
On nous le vend tel un long métrage sans contexte, avec discrétion. Or, on est témoin d’un manque de subtilité lorsque le réalisateur répond ouvertement.
De ce contexte, pour lui, malgré un manque de moralité des photographes de guerres, ce risque est à prendre pour informer la population. Et les limites sont différentes selon les journalistes, certains comme Lee s’interdisent de prendre en photo de proches décédés, là ou Jessie, passe au-dessus.
C’est un film très bon, parlant d’un thème très important tout en dénoncer une possible guerre fatale pour les États-Unis. Mais la perfection n’est pas atteinte, par un manque de développement, de contexte, mais aussi un manque de subtilité.