Ayant toujours apprécié le cinéma d'Alex Garland, la proposition de "Civil War" m'intriguait fortement. Se posant dans un contexte particulier, le long-métrage semblait être le plus ambitieux du réalisateur à ce jour. Et globalement, mes attentes ont été totalement comblées au visionnage de celui-ci. Je trouve que le long-métrage est vraiment excellent, dans un style particulièrement prenant. Forcément, au vu du synopsis et des bandes-annonces, certain pouvait s'attendre à un film d'action comme beaucoup dans ce style. Mais finalement, et cela était prévisible au vu du metteur en scène, le projet est assez malin dans son approche. Dans les faits, nous ne suivons pas les personnages qui font ces affrontements, mais plutôt des observateurs proches. Ce point de départ fait que le point de vue du film sur ces séquences d'actions sera bien différent de ce que l'on voit dans un film de guerre classique, nous ne sommes pas plongés directement au cœur de ces scènes. Elles restent impressionnantes et fortes, car le réalisateur ne s'est pas privé et réussit à proposer une certaine forme de violence qui fait réagir. Mais le plus important avec celle-ci est bien le fait d'avoir du recul, ce qui rentre en corrélation avec l'implication de nos personnages. On le ressent rapidement au vu de la mise en scène que choisit de porter le réalisateur, avec un refus de proposer un montage trop brusque ou une caméra à l'épaule pour suivre de près les soldats. Le but est de rester spectateur, et la caméra va donc être assez stable, via une approche qui se veut contemplative. Et tout cela a donc un but, on ne propose pas une telle vision de ce genre de séquences d'action pour rien. L'objectif du film est de prendre en considération le point de vue de ces journalistes de guerre, de mettre les facettes complexes de ce métier en lumière. Cela se fait par un panel bien défini au niveau de nos quatre protagonistes, avec tout d'abord, Lee qui est habituée à cela et qui n'a donc plus aucune émotion à éprouver face à cette violence. Joel, qui est à la limite d'être totalement fasciné par elle. Sammy, qui apporte du recul sur les situations. Et Jessie, qui se pose comme notre vision, avec un parcours de découverte de ce métier dur et violent. Grâce à cela, on réussit donc à poser plein de questions sur ce domaine, qui peut facilement être rapproché à du voyeurisme. La dimension des émotions face à ces atrocités semble disparaître, le but étant de privilégier la beauté de la photographie, au détriment d'une certaine forme de conscience face à la violence de la guerre. On questionne donc le spectateur, mais également les personnages au vu de certaines péripéties, via une question assez étrange sur le papier, mais qui a le mérite d'être posé. On parle d'une certaine beauté au niveau de la guerre, à qu'elle point cette violence peut être artistique sous un certain angle. Tout cela est très bien mis en situation lors de la séquence finale, que je trouve vraiment efficace par ailleurs. Mais à ce niveau-là, je sais que cette appréciation sera différente en fonction des spectateurs. Certains pourront trouver cela bien trop cruel et difficile, le film allant vraiment à fond dans cette approche à ce moment-là. Mais personnellement, comme le projet laisse une certaine forme de réflexion au spectateur quant à son appréciation des questions qu'ils posent, j'ai adoré cette approche. Ce questionnement entre l'émotionnel et l'artistique, avec ce contexte cruel et violent, cela m'a vraiment fasciné. Surtout que le contexte est également loin d'être particulier, car il ne traite pas d'une guerre dans un pays très peu médiatisé. Une guerre civile aux États-Unis reflète et raconte bien plus de choses que si le film s'était déroulé ailleurs. Je suis certain que certains pourront trouver que cette approche est assez simpliste, mais je trouve qu'elle est assez révélatrice malgré tout. Ce n'est clairement pas subtil, car le film ne se prive pas de nous mettre ces idées devant notre nez, notamment dans cette fameuse séquence avec Tony. Mais les différentes fissures que l'on peut avoir au sein d'une aussi grande société, dans un aussi grand pays, sont quand même bien représentées, et elles questionnent également. Dans mon cas, j'ai donc adoré ce projet. Si je ne peux pas émettre le fait de parler du rythme, car celui-ci sera assez inégal, le contexte de road-trip apportant malheureusement cette impression, je ne peux que vous conseiller ce projet pour tout ce que j'ai dit précédemment. C'est un film fort, avec des personnages qui apportent énormément de réflexion intéressante, et des images vraiment marquantes. Certes, la vision du film va clairement en refroidir beaucoup, car son approche est très radicale. Mais personnellement, cette radicalité m'a fait apprécier sa proposition, et je suis donc obligé de reconnaître ses forces. Pour conclure, une expérience forte.