On en a vu des films violents, Vietnameries ou MadMaxeries... Mais a t-on jamais été aussi agressé que dans Civil War? Je ne le pense pas. La scène d'introduction est fulgurante de brutalité et de réalisme.
A part cela, ne cherchez aucune vraisemblance, aucun arrière plan politique à ce récit qui montre juste que quand la violence est sortie de la boite, il est impossible de l'y faire rentrer.
Les Etats Unis sont déchirés par une guerre civile; le président, que l'on entrevoit, est un politicard satisfait et dictatorial -c'est du moins ce que l'on croit comprendre, mais on n'en saura pas plus, et la Californie et le Texas ont fait sécession (!!!) et constitué l'armée de l'Ouest, ainsi que, de son côté, la Floride. Washington dc est sur le point de tomber aux mains des rebelles.
Deux reporters de guerre chevronnés montent un projet assez délirant: faire 1500 km de route jusqu'à Washington dc en traversant des zones de conflit pour aller interviewer le président.... tant qu'il est encore président- et avoir ainsi un imparable scoop: Joël (Wagner Moura) et Lee -comme Miller-... (Kirsten Dunst qui n'est plus une ravissante minette, mais une sacrément bonne actrice dans un rôle très intériorisé). On voit bien que la vie de ces deux là est totalement bouffée par leur métier. Ils embarquent avec eux Sammy (Stephen McKinley Henderson), un vieux sage de la profession, et Jessie (Cailee Spaeny), une apprentie reporter qui tape l'incruste, contre l'avis de Lee, parce qu'elle rêve de s'engager dans le métier. Un sacré apprentissage...
Au fil de ce périple, on traverse des zones où des morts jonchent le sol, au milieu de carcasses de voitures à demi calcinées, sans qu'il reste personne pour se préoccuper de leur sépulture, des gens qui essayaient de fuir sans doute; des camps de réfugiés; des petits coins préservés, où la population essaye de vivre en oubliant ce qui se passe à sa porte; des secteurs où des brutes sanguinaires et racistes (Jesse Plemons) ont pris le pouvoir et font régner la terreur; en même temps la nature, printanière, ses bois silencieux, magiques, (un moment spectaculaire et magnifique où la voiture traverse une forêt en flamme) ne font que mieux ressortir la lamentable bêtise des hommes; on verra Jessie prendre de plus en plus d'assurance, et faire de saisissantes photos en noir et blanc, tandis qu'une sorte de dégoût gagne insidieusement Lee.
Ne cherchons pas trop de cohérence dans cette dystopie; on imagine mal, dans la vraie vie, des reporters sans casque -juste un petit gilet pare-balle- monter à l'assaut, embedded au milieu des guerilleros. Ne cherchons pas non plus à tout comprendre, à tout suivre; contentons vous, à travers la virtuosité de la mise en scène, et quand on voit le monde évoluer autour de nous, de se dire: ça PEUT arriver...