Il ne faut pas se fier aux clichés véhiculés par le cinéma : ainsi, l’Islande, si on en croit les films qui y sont tournés, est peuplée de gens qui vivent au milieu de nulle part et y élèvent des moutons. Or, c’est de toute évidence faux : ils ont aussi des villes (enfin, au moins une) comme chez nous dans laquelle vivent des kassos…et aussi des enfants kassos. Le cadre islandais apportant une singularité plus importante qu’on pourrait le croire, ‘Beautiful beings’ retrace l’été de quatre ados, Addi, Konni, Balli et Siggi, désoeuvrés, destructeurs et toujours à l'affût d’un mauvais coup. A priori, ces quatre là n’ont rien pour s’entendre : Balli est la tête de turc de toute l’école et semble un peu retardé, Siggi est bizarre, moqueur et fourbe tandis que Konni est sujet à des accès de violence incontrôlables mais chacun cherche dans les autres l’attention, la compréhension et le soutien qu’ils ne peuvent obtenir nulle part ailleurs, et tentent de se construire comme ils peuvent une identité masculine de bric et de broc, les modèles disponibles étant absents ou lamentables. Malgré les apparences et l’âpreté du quotidien, on n’est pas dans les bas-fonds de Sheffield ou de Birmingham mais bien à Reykjavik, petite capitale tranquille d’un des pays les plus riches du monde. A l’instar de beaucoup d’autres, cette chronique adolescente reste volontairement décousue, survolant quelques semaines de drogues et d’alcool récréatif - avec quelques belles scènes hallucinatoires à la clé - , de glande et de bagarre, de coups de foudre silencieux et de décisions radicales. Cette génération perdue semble définitivement prisonnière de ses pulsions autodestructrices alors qu’en quelques images, le réalisateur parvient à faire passer l’idée qu’elle est, comme toutes celles qui l’ont précédée, capable de générosité désintéressée et en quête d’idéal et d’absolu.