“Terres de sang !”
Avec “The Equalizer 3”, troisième et probablement dernier volet de la saga, Antoine Fuqua accompagné d’un Denzel Washington crépusculaire comme jamais, nous livre une masterclass d’actions, d’émotions et de réflexions philosophiques dans laquelle l’humanité et la férocité - les antagonistes par excellence - se disputent chaque plan.
Pour l’heure, nous retrouvons Robert McCall (D.Washington) sur les terres de la mafia sicilienne. Ayant laissé derrière lui, ses années d’assassin fantôme à la solde d’une organisation gouvernementale, McCall n’en reste pas moins une arme létale redoutable. Le vertigineux prologue dans lequel l’iconique justicier nous apparaît de façon quasi-christique, est là pour nous le rappeler. Alors qu’il pensait pouvoir tourner le dos à toute cette violence, McCall est grièvement blessé. À l'orée de la mort, il est secouru par Gio Bonucci (Eugenio Mastrandrea), un carabinieri, puis soigné par le Dr Enzo Arisio (Remo Girone). McCall se trouve alors en convalescence dans le village pittoresque d'Altamonte, à quelques encablures de Naples. Au contact des habitants, ce loup solitaire qui - pour sa rééducation autant physique que psychologique - arpente les ruelles étroites de ce havre de paix, se laisse progressivement apprivoiser par ce lieu unique. À la manière de James Mangold pour Logan ou encore Adrian Grunberg pour John Rambo, Antoine Fuqua aurait lui aussi aimé que son héros aspire à une paix intérieure, mais il n’en sera rien ! Vivants sous la coupe de la Camorra locale, les villageois d’Altamonte subissent intimidations, violences et extorsions. Pour les autochtones, il s’agit là d’une triste fatalité ancrée dans les mœurs du sud de l’Italie, mais pour Robert McCall, la fatalité n’existe pas !
Dans un splendide décorum baroque - parsemé de cadavres tout droit sortis d’un tableau du Caravage - avec parfois comme témoins, des statues antiques au regard pétrifié par la peur, l’ange de la mort va déterrer la hache de guerre, en semant souffrance et désolation à quiconque se mettra au travers de sa quête de justice. Entre la rédemption - finir sur un baroud d’honneur - et la passation - lorsque McCall prend sous son aile une analyste de la CIA jouée par Dakota Fanning, le long-métrage se réinvente constamment. Coïncidence ou non, Denzel Washington avait déjà donné la réplique à la toute jeune Dakota dans le magistral et non moins abyssal “Man On Fire” de Tony Scott en 2004. 19 ans plus tard, “The Equalizer 3” s’offre une autre gémellité avec le polar urbain de Tony Scott, à savoir, la désespérance de Robert McCall ressemblant à s'y méprendre à celle de John Creasy, mais avec cette fois, un petit quelque chose en plus qui s’appelle l’espoir.
Un grand moment de cinéma !