𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝘃𝗮𝗶𝘀-𝗷𝗲 𝗿𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿𝗻𝗲𝗿 𝘃𝗼𝗶𝗿 "𝗟'𝗛𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗱'𝗮𝗿𝗴𝗶𝗹𝗲" ?
Rares sont les films qui ont doucement tissé des liens autour de mon cœur, sans que j'en ai conscience pour, à la fin de la séance, tirer un grand coup et me faire fondre en larmes.
"L'homme d'argile" conte l'histoire de Raphaël (Raphaël Thiéry), gardien borgne d'un manoir bourguignon inhabité, vieux garçon aux paluches maniant finement sa cornemuse, jouée certains soirs dans le secret d'une piscine profondément vide. Il vit avec sa mère un brin acariâtre, clairement castratrice, et batifole avec la postière du coin, sincèrement attachée à cet ours au cœur tendre. Le retour dans le manoir de sa propriétaire, la froide Garance (Emmanuelle Devos), artiste-plasticienne de renom (et fortement inspirée de Sophie Calle et Marina Abramovic), marque un tournant dans son existence.
D'abord dans son rôle de gardien, voire de serviteur ; il devient peu à peu un protecteur qui devine les failles de son employeure. Puis il découvre qu'il est aussi devenu sa muse, que son physique cyclopéen inspire le Beau, plus précisément une sculpture faite d'argile. Les gestes de Garance travaillant la matière, le lien qui se tisse entre les deux personnages à travers l'art et la prise de conscience de Raphaël qu'il n'est pas cette Bête qu'il croit personnifier depuis sa naissance, font monter l'émotion crescendo. Et deviner que sa vie va prendre une nouvelle direction, sans pour autant lui faire renier son quotidien.
Si ce premier long métrage d'Anaïs Tellenne m'a enthousiasmée tout du long, il y a trois scènes qui m'ont particulièrement bouleversée et tournent en boucle dans ma tête... Elles se situent dans les dernières minutes du film :
celle où Raphael se déshabille totalement, Garance le mettant totalement à nu en ôtant le bandeau protégeant son œil ; celle où la sculpture reproduisant Raphaël prend vie et offre aux deux protagonistes un moment intime longtemps fantasmé ; enfin celle où la statue trouve finalement sa place dans l'exposition organisée autour des œuvres de Garance, immortalisant Raphaël, muse inconnue.
"L'homme d'argile" est un film peu distribué, hélas, qui n'a pas eu la chance d'être soutenu par un diffuseur, mais émerveille tous ses spectateurs, qu'ils soient amateurs ou professionnels. Courrez vite voir ce conte merveilleux qui est un coup de cœur absolu !
Moi, j'y retourne ce week-end !