Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Cinéphiles 44
1 436 abonnés
4 287 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 5 avril 2023
"Je verrai toujours vos visages" est un film qui ne laisse pas indemne. Le long-métrage suit le parcours de professionnels et des bénévoles de Justice Restaurative qui fait rencontrer des auteurs d'infractions avec des victimes afin de réparer le traumatisme des uns et de redorer l'humanité des autres. Grâce à un casting impeccable, une mise en scène simple et bienveillante, l'histoire ne tombe jamais dans le pathos. Le film doit aussi son ambition en optant pour l'égalité de traitement entre les deux profils. Une œuvre coup de poing, déchirante et surtout sans jugement.
La bande-annonce pouvait laisser présager le film à thèse judiciaire manichéen et simpliste. Or, il n’en est rien. Certes, le scénario est très explicatif et sa tonalité semi-documentaire rappelle le cinéma de Cayatte des années 50. Mais Jeanne Herry confirme qu’elle est une conteuse inspirée, et le didactisme de sa démarche n’empêche pas un réel sens de la nuance, tout en distillant une émotion contenue et une hauteur de point de vue. Ses interprètes se meuvent avec talent et conviction dans le dispositif.
5 ans après son très bon «Pupille», Jeanne Herry récidive avec ce «Je verrai toujours vos visages», installant, plus que jamais, la choralité au centre de son récit. Et nous gratifiant une nouvelle fois d'une œuvre qui nous touche droit au cœur.
Traitant frontalement des dispositifs de "justice restaurative" (instaurée en France depuis 2014, et dont je ne connaissais absolument rien jusque-là), l'auteure-réalisatrice prend d'abord le temps de nous expliquer, avec pédagogie et bienveillance, son encadrement et ses rouages, avant de nous plonger à la fois dans cette rencontre entre détenus et victimes de vols avec agression, tout en dressant parallèlement à cela l'accompagnement d'une jeune femme victime de viol à répétitions par son frère, et cherchant à avoir des réponses à l'inacceptable.
Mais ce qui compte ici, bien au-delà de la confrontation, c'est la parole et l'écoute. Comment mettre en mots ce que l'on ressent, que ce soit la colère, l'incompréhension, les regrets, et comment l'autre le reçoit. Chercher à construire un dialogue avec l'autre camp pour leur faire savoir à quel point leurs actions ont des conséquences, comment un de leurs gestes peut marquer durablement leurs victimes. Et qu'en face, on ne se trouve pas d'excuses, mais que l'on assume ce que l'on a fait, qu'on se sente autant conscient que responsable de cela.
Et cela, Jeanne Herry le restitue impeccablement, filmant les deux groupes à la même hauteur et posant ainsi le même regard sur chacun d'entre eux. Car chaque histoire, chaque parcours, chaque parole est différente et mérite la même attention.
L'échange est primordial nous dit le film, pour comprendre, pour avancer, pour essayer de panser ses plaies/éviter la récidive, et cela il l'aborde toujours avec énormément de justesse, et dénuée de tout jugement.
Entourée d'un casting exemplaire (pas une fausse note à ce niveau-là) pour incarner chacune de ces paroles, Herry filme les visages et les regards, le doute comme le soutien. Et nous démontre la nécessité de ces dispositifs, cherchant à favoriser la réparation de ces vies brisées.
Ode à la communication et à la résilience, «Je verrai toujours vos visages» est une grande œuvre chorale et humaine, dure et bouleversante, sans fioritures et à l'aspect presque documentaire.
Et une chose est sûre : ces visages et ces mots, on n'est pas près de les oublier. 8,5/10.
La justice restaurative, je ne connaissais pas ces réunions de communications entre délinquants et victimes, je précise qu'ils ne se connaissent pas, instauré par une loi par la socialiste Christiane Taubira, ce sont quelques personnes formés a faire un débat, au départ par la connaissance, pourquoi ils sont là, expliquant leurs problèmes, leurs blessures, leurs vies d'avant jusqu'à cicatriser l'après, je trouve l'idée intéressante mème si on est là au cinéma , en tout cas, la cinéaste Jeanne Herry nous le définit bien. Je suis allé voir ce long métrage pour son casting de prestige avec des professionnels et des non professionnels comme, dans la première catégorie Elodie Bouchez, Jean-Pierre Darroussin, Leila Bekhti, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Fred Testot, Denis Podalydés et en parallèle Adèle Exarchopoulos qui joue une victime d'agression sexuelle de son frère dans son enfance aidé par la justice restaurative, tout ces comédiens , plus ceux moins connus, s'échangent et, sur le tournage , se regroupent d'aides dans leurs personnages fragiles et forts qu'ils interprètent comme il faut. Pas de musique, une mise en scène intelligente dans quelques lieux uniques. Une oeuvre révélateur.
Un film qui est épatant par ses dialogues et son jeu d'acteurs. C'est touchant, profond, émouvant. Ce sont des moments de vie les plus vrais possibles qui nous sont présentés sur un plateau de tendresse. C'est d'ailleurs ce qui est difficile : parler d'un sujet aussi brûlant et dur à vivre avec autant de beauté et de poésie. La justice restaurative est un sujet que je ne connaissais pas et que j'ai pris plaisir à découvrir avec cette pléiade d'acteurs qui incarnent ces personnages très humains.
spoiler: C'est l'histoire d'un très bon film à qui on pourrait reprocher qu'il aurait été un encore meilleur documentaire. Néanmoins, comme le processus qu'il a pour thème, on le remercie d'abord d'exister.
- Cette critique contient des spoilers -
J'aime les films qui parlent, qui racontent les sentiments. Avec "Je verrais toujours vos visages" j'ai été servis.
Les dialogues sont d'une incroyable richesse. Beaucoup trop pour qu'ils puissent paraitre vrais d'ailleurs. Comme les acteurs, bons, mais trop beaux, trop propres, trop acteurs en fait pour refléter le réel.
Le film tombe aussi ponctuellement dans un caricatural et une naïveté dont le dénouement angélique est symbolique. Dans les faits, la justice restaurative ne diminue la récidive "que" de 30% (c'est déjà énorme). Aussi, je souscris à l'idée que les violeurs, braqueurs et autre infracteurs de la loi sont des gens comme nous mais je doute qu'ils soient aussi explicites dans leurs réponses, que quelques heures suffisent à les faire regretter ou qu'ils se jettent aux pieds de Miou Miou en sanglots.
Malgré une quasi absence d'action, je n'ai décroché à aucun moment. Malgré une double histoire et des rebondissements, l'intensité se maintient à un niveau constant. Malgré le fait qu'on ne découvre le frère que dans les 3 dernières minutes du film (géniale idée de scénario), celui-ci reste longtemps en mémoire. Malgré l'absence d'effet de manche et de musique ostentatoire, l'effet lacrymal est garanti.
La consultation d'une étude sur la justice restaurative et les témoignages réels des victimes donnent une vision beaucoup plus nuancée du processus qui restent malgré tout très très largement plebiscité : http://www.justicerestaurative.org/wp-content/uploads/2021/04/EN-2020.pdf "Je les voyais que par leurs actes, et le fait de rencontrer des personnes qui ont violé, je ne les vois plus pareil, il y a une personne derrière avec un vécu et qu’on peut pas le résumer à l’acte qu’ils ont commis, et ça j’ai pu le voir en cheminant avec eux… Je pensais pas que j’allais changer de regard sur eux, c’est vraiment à la dernière séance que quand je les regardais, je ne voyais pas en eux que des violeurs."
On avait eu un aperçu du talent de Jeanne Herry avec son précédent long-métrage, Pupille, sorti en 2018, et nommé six fois à la cérémonie des César. Après le sujet de l’adoption, elle s’intéresse ici à la justice restaurative, thème méconnu mais ô combien passionnant. On retrouve le même réalisme quasi documentaire qui a fait la réussite de son précédent film, et la même actrice, Élodie Bouchez, dans un des premiers rôles. L’effet de surprise n’est donc plus vraiment là, et on sait qu’avec ce nouveau long-métrage Jeanne Herry va, à nouveau, proposer des moments d’intenses émotions, notamment grâce à des dialogues percutants. Et on n’y loupe pas. En effet, les séquences d’échanges entre prisonniers et victimes d’agressions s’avèrent particulièrement captivants à suivre. D’abord parce que la réalisation est subtile et les dialogues précis et réalistes, mais aussi parce que les acteurs sont tous très bons. Les interprétations de Leïla Bekhti, Gilles Lellouche et Miou-Miou sont excellentes mais n’atteignent pas l’intensité dramatique de celles d’Élodie Bouchez et surtout d’Adèle Exarchopoulos. C’est en effet cette dernière qui tient le rôle le plus complexe à incarner. On l’a vu ces derniers temps dans des rôles plus légers, mais elle nous rappelle ici que son jeu, dans le registre dramatique, peut s’avérer exceptionnel. Dans la séquence finale où la tension est palpable, Raphaël Quenard lui donne la réplique avec grande justesse, et les deux interprètes font de ce moment un sommet de cinéma.
A VOIR ABSOLUMENT Ai vu "Je verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry, dont j'avais adoré le précédent film "Pupille" et la pièce "Forum" qu'elle avait mis en scène à la Comédie Française. Jeanne Herry aime à s'immerger pendant plusieurs mois dans un contexte social (l'Aide Sociale à l'Enfance, les forums internet, la Justice de restauration...) avant d'écrire un scénario, puis de mettre en scène un objet rigoureux et défini. Il en ressort à chaque fois beaucoup de justesse sans aucun manichéisme, une écriture au plus proche de la parole avec une précision de chaque mot, de chaque pensée, une caractérisation de chaque personnage infiniment précise. Jeanne Herry ici aborde le processus de la Justice de Restauration venue tout droit des Etats-Unis et mis en place par Christiane Taubira en France en 2014. Il s'agit d'un protocole minutieux et très cadré pour faire rencontrer des prisonniers et des victimes pour un travail au long terme. Comme d'habitude Jeanne Herry laisse beaucoup de place à l'écoute et au silence qui nous en apprennent bien plus que la parole. Jeanne Herry fait confiance à son spectateur et souvent le rend plus intelligent. Rien n'est appuyé, explicite, sur-ligné. A nouveau Jeanne Herry fait appel à toute une troupe d'acteurs connus (Adèle Exarchopoulos, Gilles Lelouche, Miou-Miou, Elodie Bouchez, jean-Pierre Daroussin et à quelques comédiens de la Comédie-Française Suliane Brahim, Birane Ba, Denis Podalydès) car ce film est un vrai travail sur le collectif, la plupart des scènes étant de longs plans séquences. La réalisatrice est aussi une immense directrice d'acteurs qui sait nous faire très vite oublier la renommée et le physique d'un comédien connu pour faire émerger de lui un personnage proche de ceux d'un documentaire. Jeanne Herry est aussi une très grande metteur en scène et dans ce film statique et en lieu clôt, il y a énormément de cinéma, tout d'abord un montage très précis qui sait doser les scènes de tensions et les moments très furtifs mais importants de respiration. La caméra est toujours à la bonne place souvent assez proche des visages avec un cadrage soigné qui raconte tout autant que les mots. Tous les acteurs sont excellents et à leur meilleur. Mention spéciale à toutes les scènes intenses et pleine d'humanité entre Elodie Bouchez et Adèle Exarchopoulos. Un très grand film et mon premier grand grand coup de coeur de l'année. Jeanne Herry est une réalisatrice-sociologue précieuse qui a un regard acéré et sans jugement sur notre époque.
“Je verrai toujours vos visages” de Jeanne Herry n’est pas vraiment un huit clos, mais l’environnement reste très restreint : lieux limités à quelques pièces en intérieur et peu d'acteurs secondaires. Le long-métrage propose ici une réflexion sur la justice restorative en France, système encore assez méconnu. Quelques histoires sont sélectionnées au compte-goutte et elles sont centrées sur la durée du film : viol et inceste (Adèle Exarchopoulos - Raphaël Quenard), home jacking (Gilles Lellouche - Dali Benssalah), Vol à l’arraché (Miou-Miou - Fred Testot), braquage dans un supermarché (Leïla Bekhti - Birane Ba). Qu’on se le dise tout de suite, le film à une inertie très progressive avec de nombreux dialogues qui s’étirent en longueur. Il s’agit au global plus d’une réflexion sociale sur le dispositif et ses bienfaits qu’une véritable recherche sur le mal fondé des crimes commis. Justement, cela nous permet parfois de comprendre le pourquoi du crime et les enjeux,c’est d’autant plus constructif. “Je verrai toujours vos visages” est touchant et réaliste, avec un scénario honnête porté par des acteurs talentueux ; je n’irai pas jusqu’à en faire la complète éloge à cause de sa longueur et qu'il ne révolutionne pas le genre, mais il reste de très bonne facture.
Pour un tel sujet qui requiert de toute évidence la technique du documentaire, Jeanne Herry puise à la fois dans cette rhétorique ( les rencontres à la prison ) et dans l’apport d’une écriture fictionnelle ( la préparation des protagonistes, leur état d’esprit, la vie du dehors … ) . D’où cette narration totalement cohérente sur la forme retenue pour parler de la justice restaurative qui permet aux délinquants et à leurs victimes de se rencontrer. Les visages sont cadrés au plus près, les propos aussi. Et même les silences que la réalisatrice pose avec délicatesse sur le regard de Nassim , qui cherche à comprendre ses erreurs quand son voisin Thomas jette les armes. Les victimes n’ont guère d’indulgence, mais la parole est précieuse et dans le respect mutuel, la confiance gagne les cœurs. Il y a peut-être un peu d’idéalisme au final, de naïveté sur l’épilogue. Emportée par son sujet, Jeanne Herry ne contrôle pas toujours ses réactions, ses émotions. Tellement vraie, sa mise en scène s’empare de sa passion qui s’empare de nos émotions portées par une interprétation sans faille. Un casting étoffé, riche de fortes personnalités, plein de cette humanité qui fait d'un scénario joliment écrit, des personnages vrais, entiers. C’est un film qui je pense fera parfois référence à d’autres films traitant eux-aussi de cette démarche qui peut s’appliquer de différentes façons. exemple « Les repentis » de Iciar Bollain
Dans « Je verrai toujours vos visages », la réalisatrice de « Pupille » met en lumière ce qu’est la « justice restaurative » en montrant trois victimes d’agressions diverses qui vont pendant cinq semaines rencontrer des détenusspoiler: déclarés coupables de délit conforme à celui subi par elles . Conjointement, on suivra également l’histoire d’une jeune femme spoiler: victime de viols incestueux sollicitant une médiatrice pour dialoguer avec l’auteur des faits. C’est d’ailleurs cette seconde partie qui est la plus poignante à mon sens, mais l’ensemble est formidablement bien écrit et surtout porté par des acteurs tous aussi bons les uns que les autres, aussi bien les premiers que les seconds rôles. Toutefois, si je devais en retenir une, ce serait Adèle Exarchopoulos, encore une fois extraordinaire de naturel et criante de vérité, notamment lors de ses entrevues avec Elodie Bouchez (très bonne elle aussi) devant, pour sa part, rester aussi distante que possible. Puissant, émouvant mais nécessaire, ce film est une véritable leçon d’humanisme qui ne prend jamais les spectateurs de haut et dont chacun devrait sortir grandi.
Je verrai toujours vos visages est un film franchement bien réussi sur la justice réparatrice. Le film aborde un sujet extrêmement obscur et peu connu du grand public et réussit avec brio de retranscrire à l'image cet aspect de la justice avec beaucoup de réalisme sans tomber dans un documentaire froid de cette fonction. Les portraits dépeints sont à la fois extrêmement communs (on a affaire à des coupables et à des victimes de délits ou de crimes malheureusement ordinaires) mais la difficulté (presque impossible) pour s'en remettre et avancer est palpable. Certains témoignages sont très forts et bouleversant de justesse. Il faut reconnaître que le film s'appuie sur un casting cinq étoiles : Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Miou-Miou, Fred Testot, … et on peut dire que les acteurs se sont investis dans leurs rôles respectifs (les acteurs incarnant les victimes expriment parfaitement les blessures non-cicatrisées de leurs personnages). Le succès critique et commercial de ce film n'est pas démérité. A voir.
Connaissez-vous la justice restaurative ? Encadré par le « SPIP » (services pénitentiaires d'insertion et de probation), elle consiste à faire dialoguer victimes et auteurs d'infractions (concernées par la même affaire ou non). Le but est double, éviter les récidives par la prise de conscience des tords causés mais aussi la réparation des troubles des victimes. Après le très bon « Pupille », Jeanne Herry continue son exploration sociale des humains avec «Je verrai toujours vos visages». Ce film quasi-documentaire et pédagogue met en lumière un procédé très peu connu et pourtant tellement pertinent. S’il n’est pas évident de faire dialoguer le feu avec l’eau, les conversations -qu’elles soient tendues ou apaisées- entre agresseurs et agressés, peut libérer des émotions et faire prendre conscience mieux que n’importe quelle condamnation ou thérapie ne le ferait. Ce dialogue très encadré et confidentiel est donc montré de fond en comble. Malgré quelques insistances et un côté qui peut sembler un brin naïf, le film est totalement enthousiasmant. Le casting XXL est uni avec une volonté commune, mettre son ego de côté pour être aussi humble et juste que les autres. Le jeu est tellement convainquant que l’on en vient à oublier les acteurs (pourtant connus) et l’on croit participer aux réunions avec d’autres personnes. Ces performances au naturel saisissant, offrent de grands moments d’émotions, de pleurs et de rage intense… Mais aussi de joie ! Si le point de vue de chaque camp est d’abord borné, lorsque la confiance opère (merci aux encadrants) cela permet de bien belles révélations et confidences qui font bouger les curseurs. On passe des reproches liés aux effets ravageurs sur les victimes d’infractions (commises par des étrangers ou dans le cadre familiale) à l’espoir qui renait et à la prise de conscience des deux côtés de l’enceinte de la prison. Un bien bel hommage aux bénévoles qui permettent ces échanges, une superbe mise en lumière sur ce procédé gorgé d’espoir, une ode réaliste à la résilience au service de la société. Quand la puissance des mots devient étourdissante et redonne foi en la nature humaine dans ce qu’elle a de mieux : le partage. Assurément un des grands films Français de 2023 à ne pas manquer.
D’un point de vue strictement cinématographique, le troisième long-métrage réalisé par Jeanne Herry en 2023 reste très académique. En revanche, sur le plan de la charge émotionnelle il s’agit d’une franche réussite. S’apparentant à un documentaire, cette fiction aborde la justice réparatrice, méthode consistant à confronter des criminels et des victimes dans le cadre d’une table ronde. Les échanges permettent ainsi aux uns et aux autres de mieux se comprendre et de se reconstruire. Porté par une remarquable distribution (Élodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos, Miou-Miou, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, etc.), les dialogues font mouche tant en raison de leur sincérité que de leur profondeur. Sans excès de pathos ni de prise de parti, le spectateur finit même par s’identifier à chacun d’entre eux. Bref, un drame vibrant.
Quelle précision et justesse dans le jeu des acteurs, l'intelligence des dialogues, la mise en scène épurée, sobre, rien en trop, un regard suffit. Deux histoires pour un même film pour un seul thème : la réparation de la victime et de l'agresseur. Deux histoires douloureuses, sensibles. Long travail pour se reconstruire ou enfin se construire, pour se distancer du vécu des chocs émotionnels de la vie des uns et des autres, pour pouvoir en parler, y penser enfin apaisé. La résilience. Et continuer son existence non pas avec un fardeau mais plutôt une force. Justice repatrice un sujet méconnu, le film montre une démarche intéressante basée particulièrement sur l'écoute et la parole qui peut se libérer; les mots/maux qui prennent sens. Je ne sais pas pourquoi . Je ne sais pas comment l'expliquer mais dès le début du film j'ai eu envie de pleurer et de tout le film, ne m'a pas quitté cette boule de tristesse au fond de la gorge...A la fin il y a avait de la joie mais j 'ai pleuré. Parfois je me sens trop sensible ... ce n'était qu'une fiction pourtant, mais la force du traumatisme est si vraie, si puissante. Pour terminer cette Chronique je laisse la parole à Leïla Bekhti merveilleuse interprète. "C'est un film sur le silence brisé, la parole possible"