Le film est super chouette car il allie une réflexion pointue sur une discipline, l'écriture scénaristique, qui touche un public restreint et une histoire d'amour, qui touche un plus large public.
Le langage cinématographique employé est sensible avec une douceur palpable dans le travail des lumières et des couleurs, du cadrage aussi.
Le montage donne intelligible l'histoire d'une relation amoureuse d'une trentaine d'année entre les deux personnages principaux, condensé en une seule journée.
Le film rend visible des minorités : personne trans*, personne bisexuelle... et toute l'action se situe dans une temporalité historique planétaire par l’évocation de la crise de la COVID 19.
Dans la prise d'image, une touche originale est que l'on passe par le regard de trois caméras qui filment la classe de cours dans laquelle Noamie, jouée par Agnès Jaoui, vient donner une master classe .
Il y a un changement de format de l'écran, qui devient plus restreint, et un changement de lumière, qui devient plus crue. Le rapport au personnage de Noamie devient plus froid.
Et quand on passe en écran large, avec des couleurs chaudes et chatoyantes, on passe par le regard du directeur d’école, joué par Jonathan Zaccai .
Tout au long du film, un rapport intime et fort est créé entre les spectateurs et les étudiants qui suivent le cours de Noamie. Ce lien s'intensifie avec la scène de l'arbre de la cour de l’école : la caméra filme l'arbre en contre-plongée et notre regard devient celui de l'un des étudiants avant l’arrivée de Noamie. Le spectateur est convié à l’intérieur du groupe. Quand Noamie arrive sous l'arbre, le rapport à l'en-dedans et à l'en-dehors du cours et de son contenu est exprimé par la transformation des attitudes des uns et des autres à son égard.
Le personnage joué par Agnès Jaoui est dans un questionnement perpétuel, dans rapport intellectuel à l’événement. Tandis que le personnage de Jonathan Zaccaï est dans rapport plus sentimental emprunt de pathos. Le spectateur sent d’entrée que quelque chose de complexe est caché et cherche à être découvert. Ce quelque chose est le fils rouge qui traverse tout le film : le contenu de la lettre envoyée par Noamie au directeur, Vincent, il y a trente ans.
A la fin du film, la nuit tombée, le contenu de la lettre est enfin dévoilé, mettant en lumière la profondeur du personnage de Noamie.
Pour ceux qui n'ont pas encore vu le film, il sort ce mercredi 10 mai 2023 en France et en Belgique...