D'habitude j'aime bien les films qui parlent de cinéma. Mais j'ai été assez déçue par celui-ci, qui raconte l'histoire d'une scénariste invitée à animer une masterclass dans l'école de cinéma de son amour de jeunesse. Je ne comprends pas bien comment un film qui passe une heure et demie ou presque à décortiquer ce qui fait un bon scénario peut à ce point se planter sur le sien ! Le déroulement de l'histoire est prévisible, et pire que ça, les personnages secondaires (à l'exception de celui de Géraldine Nakache, qui tire son épingle du jeu) manquent de caractérisation, les étudiants étant réduits à des stéréotypes (le boutonneux frustré et agressif qui veut toujours avoir le dernier mot, la fille nonchalante et faussement rebelle...). Quand le scénariste (Alain Layrac, qui a écrit un essai sur la rédaction de scénario, que son ami Frédéric Sojcher a voulu adapter sous forme de fiction) fait dire à son héroïne qu'il faut commencer par écrire des personnages proches de soi pour être crédible, on a envie de lui renvoyer le compliment ! C'est d'autant plus dommage que les dialogues entre Noémie (Agnès Jaoui) et les élèves laissent entrevoir de vrais sujets de réflexion (le film soutenant en gros qu'écrire un scénario a un rapport étroit avec la psychanalyse), mais on reste à la surface, et quitte à développer une sous-intrigue, je trouve que le personnage de l'étudiant.e non binaire aurait été plus intéressant que celui du frustré cocu qui cherche dans l'écriture une manière de sauver son couple. La mise en scène se veut inventive en incluant le montage vidéo de la masterclass dans le film, mais le procédé est en fait assez répétitif, d'autant qu'on alterne entre l'amphithéâtre et l'extérieur (la cour, le restaurant voisin) de manière systématique. Même la musique, signée Vladimir Cosma, que j'aime pourtant énormément, prend parfois trop de place. Je ne sais pas si c'est parce que le maestro vieillit ou si c'est parce que le film avait peu de budget, mais il y a au final peu de musiques originales et beaucoup de réemploi de musiques préexistantes, toutes de Cosma (petit clin d'œil au GRAND BLOND AVEC UNE CHAUSSURE NOIRE qu'on entend en sonnerie de portable !). Reste à sauver le jeu sensible des deux acteurs principaux, Agnès Jaoui et Jonathan Zaccaï, dont la relation, faite de gêne, de maladresse, de complicité et de mélancolie aurait dû être le centre du film, davantage que la masterclass qui ne va jamais au bout de sa démonstration. Car le véritable sujet de cette histoire, c'est le rapport qu'on entretient avec son passé, avec ceux qu'on a perdus, et comment cela nous transforme et influence nos choix de vie. Le fantôme de Jean-Pierre Bacri semble flotter dans la pièce quand le personnage d'Agnès Jaoui évoque son deuil personnel, et il me semble n'avoir jamais vu Zaccaï aussi fragile que dans ce rôle. Malgré ça, la sauce ne prend pas. Les films-concepts ne font pas toujours des bons films.