Avis sur Casa Susanna

Dans les années 50 & 60, dans les Catskills, au fin fond de l'État de New York, a vu le jour, dans le plus grand secret, le premier réseau clandestin de travestis, créé par Susanna Valenti (et la revue “Transvestia”). Elle a eu le courage de braver les interdits à une époque de forte répression des comportements non-hétéronormés. Dans l’Amérique puritaine des années 60, ces hommes étaient des hors-la-loi, cette communauté devait vivre en vase clos, loin de tout et surtout, loin des regards.

Après avoir dressé le portrait de Marie-Pierre Pruvot (l’une des premières transsexuelles françaises) à travers un magnifique documentaire (Bambi - 2013), Sébastien Lifshitz poursuit dans le même registre en donnant la parole à Katherine Cummings (87ans) et Diana Merry-Shapiro (83ans), deux membres de la “Casa Susanna”, qui se remémorent les années passées dans ce refuge, où elles pouvaient donner libre court à leur imagination et être qui elles étaient vraiment.

Leurs interventions sont alternées par des images d’archives et des photos d’époque, on y apprend notamment que certains hommes étaient parfois accompagnés de leurs épouses. Le réalisateur donne aussi la parole à Gregory Bagarozy (petit-fils de travesti), ainsi qu’à Betsy, fille de Donald Wollheim (un célèbre écrivain de science-fiction qui fréquentait le réseau de travestis, avec la complicité de sa femme Elsie).

Près de 60 ans plus tard, les langues se délient et on découvre des témoignages touchants et émouvants, un réseau clandestin utopique et surprenant.

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L’auteur de Petite fille, Les invisibles et Adolescentes (ces deux derniers sont dispos sur Netflix) s’est plongé dans l’histoire méconnue de la Casa Susanna, une grande maison située dans les Catskills, lieu de vacances privilégié par beaucoup de New Yorkais dans les années 50 et 60. Chaque week-end ainsi que l’été, des hommes, parfois accompagnés de leurs épouses, se retrouvaient pour vivre simplement, mais dans une certaine discrétion, leur besoin de se travestir en femme, car il faut dire que cette époque ultra-conservatrice, ce genre de comportement était considéré comme « déviant » et pouvait facilement ruiner votre vie s’il était découvert.

Pour nous raconter ce qu’était la Casa Susanna et qui étaient celles et ceux qui la fréquentaient, Sébastien Lifschitz s’est rendu sur place, a rencontré des protagonistes qui ont vécu cette époque : Jane, 83 ans, une femme transgenre, Kate, 87 ans, elle aussi devenue femme, mais aussi Gregory, petit-fils de travesti qui, étant enfant, assistait en cachette avec ses copains, aux spectacles donnés par les hommes, le soir, à la Casa ; et enfin Betty, fille d’un célèbre écrivain new-yorkais de science-fiction – qui menait une double vie comme la plupart de ces hommes qui le temps d’un week-end devenait une femme – qui raconte comment elle a vécu les rapports avec son père durant cette période alors qu’elle était adolescente.

Des témoignages, aussi édifiants que bouleversants, qui viennent mettre des mots sur les quelques rares photos présentées dans le film.

Dans ce lieu de mémoire, à la fois étrange, beau et sauvage, filmé à l’automne, Sébastien Lifshitz garde toujours la bonne distance pour laisser la parole à ses hommes et femmes revenus sur des lieux, aujourd’hui abandonnés, qu’ils avaient quittés il y a plus de 60 ans, mais qui restent très présents dans leur esprit, dans le souvenir celles qui ont vécu là des moments de bonheur et de liberté, des étapes importantes de leur vie. Des personnes qui, durant toute leur existence, ont vécu leur transidentité comme un combat, une lutte pour être reconnues telles qu’elles sont.

https://www.benzinemag.net/2023/06/18/arte-casa-susanna-de-sebastien-lifschitz-des-travestis-en-liberte/

Une fois de plus le réalisateur Sébastien Lifshitz nous offre un documentaire avec la même signature : respect, distance et empathie pour les personnes rencontrées.
Cela a été le cas pour le premier film que j’ai vu : « les invisibles » de 2012 qui nous présentait des hommes et femmes âgés de plus ou moins 80 ans, qui témoignaient de leurs homosexualités. C’est aussi pour « Petite fille » film de 2020 qui suivait le parcours d’un petit garçon qui se sentait fille tout en découvrant les démarches des parents pour que leur enfant soit accepté dans ce monde
Pour Casa Susanna, c’est le témoignage d’homme souhaitant se transformer en femme dans les années 50 et 60, trouvant refuge dans une petite maison en campagne appelé Casa Susanna. 4 personnes, témoignent de cet épisode ; le petit fils de celle qui créa ce lieu, Susanna, deux travestis ainsi que la fille de l’un des travestis.
Chacun témoigne de ce lieu et de ce choix de vie, si difficile à vivre à cette époque. Ce voyage dans cette Amérique est illustré par des photos de ces héros malgré eux,(elles devrais-je dire) mélange souvenirs de ces rencontres et de leurs vies plus ou moins assumées. Il est encore possible de revoir en replay sur Arte , qui, à ma connaissance n’est pas sorti en salle.