Avec 38°5 quai des orfèvres, Benjamin Lehrer a voulu faire une comédie policière décalée dans la pure tradition des comédies parodiques d’Abrahams et Zucker ou de La Cité de la peur, tout en s’appuyant sur tous les codes et ingrédients des grands thrillers et polars : "Ainsi, l’enquête et les personnages sont complètement dans le premier degré et la réalité, bien que la dérision ne soit jamais bien loin."
"La volonté qui m’a animé était de construire un véritable polar autour de personnages charismatiques aussi drôles et décalés que touchants, qui allaient évoluer tout au long de l’histoire dans des univers visuels tout à fait familiers et bien connus mais totalement imprévisibles. Ainsi, j’ai voulu laisser le champ libre aux émotions et à amener le décalage nécessaire à la comédie par le jeu et les situations."
"Aussi, j’ai voulu créer une identité visuelle proche des grands polars ou thrillers, de manière à laisser le champ libre aux émotions et à amener le décalage nécessaire à la comédie par le jeu et les situations."
Le personnage de Caroline Anglade s'appelle Clarisse Sterling, en référence l'enquêtrice du FBI que joue Jodie Foster dans le film de serial killer culte Le Silence des agneaux : Clarice Starling.
Benjamin Lehrer a exploré de nombreux styles de comédie à travers ses courts métrages et les différents programmes sur lesquels il a travaillé (en tant qu’auteur ou réalisateur). Il précise : "Au travers des parodies, des comiques de situations et des héros totalement décalés rencontrés sur mon chemin, j’ai appris que l’on peut emmener ses personnages n’importe où et leur faire faire n’importe quoi, dès lors qu’ils sont empreints d’une sincérité absolue et que leur univers est clairement identifiable."
Pour plonger dans cette affaire, Benjamin Lehrer a choisi comme guide le personnage de Clarisse dont on suit le point de vue quasiment en permanence. Le cinéaste développe : "Il est primordial pour moi que l’on puisse ressentir ses émotions en même temps qu’elle : sentir son coeur battre lorsque l’angoisse l’envahit, son souffle coupé lorsqu’elle a une révélation, la chaleur de son sourire malicieux face aux absurdités des uns ou des autres, ou encore sa gêne et sa souffrance lorsqu’elle est en difficulté... Bref, que cette aventure soit à son image : drôle, touchante, vive, audacieuse et surprenante."
À titre professionnel, réaliser un premier film pour Benjamin Lehrer constitue l’aboutissement d’un parcours jalonné de programmes en tous genres (courts, moyens, séries, etc.). Le metteur en scène explique : "Comme si j’avais jusqu’ici glané les pièces d’un puzzle, que je pouvais enfin assembler avec beaucoup d’enthousiasme, de rigueur et de conviction. À titre personnel, faire ce premier film-là a une résonance particulière pour moi."
"J’ai grandi avec un handicap et l’humour a été un précieux allié dans ma construction personnelle. Faire un premier film où la dérision est une pièce maîtresse me donne l’impression de mettre en valeur un sentiment qui m’a souvent protégé. Car, hormis ses vertus thérapeutiques (en tout cas pour moi), elle permet aussi de caricaturer certains phénomènes de société, les us et coutumes de notre époque et les comportements propres à l’humain."