King's Land, de Nikolaj Arcel est à bien des égards un très bon film, à mi-chemin entre le film d'auteur et un film à l'aspect plus blockbusterien. Dans ce film, le plus intéressant à mon avis demeure la sobriété avec laquelle le sujet est traité.
En effet, et à commencer par les performances excellentes des acteurs, et tout particulièrement de Amanda Collins, mais aussi de Mads Mikkelsen, tout le début du film est conçu de manière à montrer la rudesse, la froideur de la terre, alors que la deuxième partie est une sorte de "vendetta" qui monte en puissance. Cet aspect est encore renforcé par une réalisation très sobre, assez classique, et que les détracteurs du film pourraient qualifier de "fonctionnelle". Néanmoins, il me semble que cela serve parfaitement le propos.
De plus, il faut insister sur la qualité de la photographie ainsi que sur le travail autour des lumières dans le film. Le fait de filmer en décors naturels est évidemment un grand plus pour le film, d'autant que les paysages projetés à l'écran sont atypiques par leur platitude et par leurs sols couverts de bruyère. Les plus beaux plans du film sont sûrement les grandes plaines filmées de manière très simple qui acquièrent là une certaine "sagesse" aux yeux du spectateur. Au passage, c'est aussi ce pour quoi il faut aller voir ce film au cinéma et non sur un ordinateur.
La photographie est très belle, très froide, et concorde parfaitement avec le jeu des acteurs et les paysages du film. De plus, il est intéressant d'observer la manière dont la lumière change selon les scènes, la météo, le moment de la journée, l'ambiance. Certes, ce travail sur la lumière n'est pas révolutionnaire mais un effort à ce niveau est notable.
Il me faut enfin aborder le scénario, une grande fresque du Danemark du XVIIIème siècle dont je ne dévoilerai rien, mais une histoire originale, avec un grand nombre de thématiques traitées, des personnages plutôt aboutis bien que parfois un peu caricaturaux. Le parti pris du film qui m'a un peu moins plu reste que l'on joue beaucoup sur la corde sensible du spectateur, parfois à l'excès, et que les occasions pour le compositeur de sortir les violons sont légion.
Enfin, King's Land est un très beau film plein de sobriété et de retenue, et de plus original et doté d'une atmosphère qui diffère des grands succès d'Hollywood aujourd'hui. Mention spéciale pour Andrea Collins que j'ai trouvé particulièrement excellente.