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    R.M.N.
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    96 critiques spectateurs

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    Jorik V
    Jorik V

    1 276 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 mai 2023
    Le dernier film du réalisateur roumain palmé Cristian Mungiu a fait forte impression au dernier Festival de Cannes où il était présenté en compétition. Pourtant, « R.M.N. » (qui est l’acronyme d’IRM en roumain) n’est pas aussi implacable et magistral qu’ont pu l’être « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » et « Baccalauréat ». Le cinéaste continue de prendre le pouls de la société roumaine et la dissèque inlassablement à la manière de l’examen médical qui lui donne son titre. Cette fois il nous parle des relents xénophobes d’un petit village rural ainsi que des ravages du libéralisme et du capitalisme sauvage dans l’économie et la société de son pays. Une certaine Europe, le libre-échange des biens et des personnes et la peur de l’autre sont au centre du long-métrage et il les présente de manière frontale, radicale et réaliste, rendant ces sujets très contemporains totalement passionnants et sujets à débat.

    Cependant, pour se fondre dans ce récit de plus de deux heures, il faut se farcir une première heure bien trop longue en guise d’introduction. « R.M.N. » n’avait pas besoin d’autant pour présenter ses enjeux et ses personnages. Mungiu tend le bâton pour se faire battre et condense durant cette partie tout ce qui fait la caricature d’un certain cinéma roumain (heureusement on n’est pas dans le purgatoire que fut le chemin de croix « Bad luck banging or loony porn »!). C’est donc plutôt long à se mettre en route tout comme à présenter les relations entre les différents protagonistes et les problèmes en place dont il souhaite débattre par l’entremise de son film. De plus, la forme certes austère mais néanmoins adaptée au fond, n’est pas pour aider à appréhender un tel cinéma. Enfin, la dernière séquence, sibylline et à la lisière du fantastique, est ratée. Trop nébuleuse et venant totalement couper le réalisme jusque-là avéré du long-métrage, elle en devient son talon d’Achille et nous fait revoir la maestria du second acte à la baisse.

    Mungiu reste pourtant un observateur aguerri des bouleversements sociaux de son pays. Et ce qui se présente comme la cerise sur le gâteau et synthétise son cinéma, un plan fixe de près de vingt minutes sur une sorte de tribunal populaire, ne déçoit pas. Cette séquence phare de « R.M.N. » cristallise tous les maux d’une Europe malade, en proie à des directives européennes aberrantes ou encore faisant face à des relents racistes d’un autre âge. Le réalisateur se fait alors l’observateur d’une société malade et ne juge pas. Ce qui pourrait être vu comme un défaut est en fait une qualité car les arguments présentés par chacun des figurants alterne le bon sens et le ridicule et certains aspects nous rappellent à un obscurantisme d’un autre âge. C’est ensuite à nous de juger. L’analyse au scalpel éprouvée par le film fait froid dans le dos et le constat est sans appel. Du cinéma loin du divertissement, qui demande l’investissement du spectateur et sollicite son intelligence. En sortant de la salle, nous sommes poussés à la réflexion mais il aurait fallu éviter de s’étendre pour rien et de couler ce récit éminemment politique dans une forme si clinique et distanciée de la sorte, empêchant parfois l’adhésion du public, en plus d’une fin si étrange et inadaptée.

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    riverainpsy
    riverainpsy

    33 abonnés 414 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 mai 2023
    Dense , sans scènes inutiles , le film culmine dans le long plan séquence de la réunion de village , morceau de bravoure qui , loin du wokisme ambiant, porte un regard lucide sur l'extrême difficulté du vivre ensemble . Un constat universel et européen , même dans ce contexte très roumain ( qui peut demander , peut-être , quelques notions sur les vieux communautarismes à l'oeuvre en Transylvanie , entre Roumains , Hongrois, Roms , Allemands ; catholiques, protestants ou orthodoxes ) où une région à forte émigration européenne , se voit pourtant toute bouleversée par l'arrivée d'immigrés sri lankais et agacée de surcroît par les bons sentiments d'un représentant français d'une ONG , mêle tout et donneur de leçon comme il se doit . Un film profondément intelligent où le réalisateur , convaincu d'un humanisme individualiste et généreux , ne prend cependant pas ses vessies pour des lanternes et mesure, hélas, tout l'écart entre le meilleur des individus et la force atavique irrépressible des communautés.
    brunocinoche
    brunocinoche

    94 abonnés 1 104 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 février 2023
    Le cinéaste roumain évoque dans ce film le problème des travailleurs immigrés, du racisme et de la tolérance. Constat désolant qui montre que ce problème et ses discours stériles résident dans tous les pays. Le fond est suffisamment fort pour ne pas évoquer le fond, et pourtant l'efficacité du film réside dans le choix de mise en scène faits exclusivement de plans séquences plus ou moins longs et toujours justes et efficaces. Peut-être est il difficile d'éprouver de l'empathie pour les personnages même les plus humains du lot tant le débat évoqué ici n'est malheureusement pas nouveau. Finalement, habitué à un film somme toute classique dans la forme, la fin vraiment inattendu surprend et nous entraine soudainement dans la parabole, dommage que le film s'arrête à ce moment mais le cinéaste a su faire passer son message.
    Loïck G.
    Loïck G.

    338 abonnés 1 672 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 février 2023
    Je ne suis pas le seul apparemment à n’avoir pas saisi le final de ce film par ailleurs essentiel pour le cinéma roumain . Une fois encore il dépasse le cadre de ses frontières pour donner à voir le sentiment populaire sur des questions aussi éminentes que la migration en Europe. Limitons nous à cet espace dans lequel un ouvrier roumain, Matthias revient d’Allemagne pour reprendre sa vie d’avant dans son petit village natal de Transylvanie. Un lieu presque clos où la cohabitation ethnique demeure fragile . On imagine Matthias peser sur la gouvernance de son village et tempérer ses habitants qui se déchaînent au moindre frémissement d’une « invasion étrangère » . On rappelle celle des Huns qui fut la plus terrible dit un habitant inquiet de voir trois sri-lankais fabriquer le pain au village. C’est tout un dérèglement social et populaire qui s’opère dans l’amalgame d’une situation politique complètement malmenée par les infoxes et les rumeurs complotistes. Une vision hallucinante, mais tellement dans l’esprit populaire de gens agrippés à une histoire dans laquelle ils ne veulent plus avancer. Mungiu tente à sa façon de réveiller un peut tout le monde , de les sortir de leur léthargie. Et sa démarche arrive jusqu’à nous …AVIS BONUS Le réalisateur revient avec les acteurs sur quelques points importants du récit .
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    66 abonnés 776 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 mai 2023
    Attente pas déçue de voir enfin un film de Mungiu pour la première fois. L'ambiance présente des similarités avec Le serment de Pamfir, des zones rurales, du centre de l'Europe, aux confins de plusieurs civilisations, multiculturelles, frappées par le grand écart entre L'union européenne et l'ex empire soviétique.
    Le portrait est violent, sans concession, parfois trop manichéen, mais la variété des sujets et le temps que prends Mungiu à nous dévoiler progressivement les personnages n'est pas innocent.
    N'est-on pas toujours l'immigré de quelqu'un? Le roumain qui va bosser en Allemagne ou le même qui voit arriver des Srilankais faire son pain dans son village? Décidément le sketch de Fernand Reynaud écrit il y a 50 ans reste d'actualité!
    Ou bien n'est-on pas l'opprimé de quelqu'un? Le gamin qui doit traverser seul la forêt pour aller à l'école? Les femmes libérées qui ont réussi en affaires, roulent en Mercédès (comme le curé!) mais n'arrivent pas à fonder une famille?
    La Transylvanie, terre de croyances, de loups dans les bois (dont vient compter le nombre, l'innocent petit français financé par l'UE!), terre froide en hiver, abrite des rudes habitants qui se disent remparts des invasions passées et justifient ainsi leur racisme ordinaire.
    On ressort secoué de cette radiographie incisive, qui ne ménage ni les locaux, ni les bonnes intentions occidentales.
    Mungiu maitrise les scènes intimes, familiales, chorales et communautaires avec la même précision, et possède la patience de laisser à chaque personnage l'occasion de s'exprimer, quelque soit la violence des mots (avant l'étape suivante qui déjà pointe le nez…).
    La mélopée lancinante de In the mood for love, jouée au violoncelle par la directrice de l'usine boulangère complète cette atmosphère étrange, si loin de nous, et pourtant nous sommes toujours en Europe.
    Les multiples langages qui coexistent localement sont un témoignage parallèle sur ce qui se trame à coté en Ukraine depuis le déclenchement de la guerre.
    cinéma -janvier 2023
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    106 abonnés 1 830 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 janvier 2023
    Situant son récit dans une intrigante bourgade de Transylvanie où se côtoient avec plus ou moins de bonheur Roumains, Hongrois et Allemands, R.M.N dépeint avec une acuité évidente des populations européennes victimes d’un fort sentiment de déclassement, qui voient les gens du pays s’expatrier en masse vers l’ouest et qui sont contraints d’accueillir une main d’œuvre étrangère (ici, des Sri-Lankais) pour faire tourner leurs usines, les gens du cru n’acceptant plus de travailler pour des salaires aussi bas. C’est alors que les tentations populistes et xénophobes vont émerger dans les discours puis dans des actes de plus en plus violents. Cet impressionnant portrait d’une communauté en voie de déliquescence morale est fort intéressant, avec pour seul bémol un Cristian Mungiu qui ne sait pas comment finir son film.
    Bernard D.
    Bernard D.

    112 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 janvier 2023
    Grâce au 25ème Festival Cinéma Télérama, j’ai découvert « R.M.N. » de Cristian Mungiu (2022) dont j’avais apprécié les films « Baccalauréat » (2016) et « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » (2007) qui avait décroché une palme d’Or. Matthias (Marin Grigore) travaille en Allemagne dans un abattoir mais traité de « Gitan », il frappe son contremaître et revient dans son village de Transylvanie, pour retrouver son fils Rudi qui ne parle pas, sa femme Ana et son ancienne maîtresse Csilla (Judith State). Celle-ci aux côtés de sa patronne gère une boulangerie industrielle et pour une expansion via des fonds européens, cette usine cherche de la main-d’œuvre à bas prix. En l’absence de candidats locaux, elles font appel à 3 Sri-lankais dont la venue va déclencher la révolte et le racisme parmi ces villageois où coexistent des Roumains, des Hongrois et des germanophones tous unis par une haine à l'égard des Tsiganes. Un film bien foutu sur le plan filmique mais « laborieux » dans son propos, montrant si besoin en était la fragilité de l’Europe et ses dérives populistes.
    ChatCat
    ChatCat

    7 abonnés 11 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 janvier 2023
    Les sous-titres sont de couleurs différentes selon les langues parlées et c'est très appréciable pour la compréhension des enjeux politiques de ce film magistral
    Jipéhel
    Jipéhel

    58 abonnés 282 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 janvier 2023
    La gangrène

    Le titre R.M.N. signifie Rezonanta Magnetica Nucleara, soit l’IRM en français. Cristian Mungiu reste le grand réalisateur roumain du moment. Il enchaîne les pépites plus vite qu’un chercheur d’or. Après, Baccalauréat, Au-delà des collines, 4 mois 3 semaines 2 jours, il nous fait l’offrande de ce drame de 127 minutes qu’on ne voit pas passer, tant la tesion est palpable et la mise en scène virtuose. Quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie. Il tente de s'impliquer davantage dans l'éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l’aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté. Quand on pense que ce chef d’œuvre nommé 7 fois à Cannes est reparti bredouille ???
    Un petit village multi-ethnique, des non-dits qui s’accumulent, des tensions savamment mises sous cloche, des personnages au raisonnement plus que binaire… et le tour est joué. Avec autant d’ethnies, la Transylvanie est devenue le terrain de jeu favori des mouvements populistes ou nationalistes de toutes sortes. Mais ne vous méprenez pas : le film ne traite pas d’une situation spécifique à la Transylvanie, ni même du fait que Roumains, Hongrois et Allemands partagent le même territoire. l parle aussi des Russes et des Ukrainiens, des Blancs et des Noirs, des Sunnites et des Chiites, des riches et des pauvres, voire des grands et des petits… Dès qu’apparaît un autre individu, il est tout de suite perçu comme appartenant à un autre clan et donc comme un ennemi potentiel. Mungiu affirme que le rythme ne vient pas du montage, mais qu’il est inhérent à la scène. Aussi a-t-il tourné chaque scène en plan séquence, quelle que soit sa longueur ou sa complexité. Entre autre la scène hallucinante de la réunion publique qui dure 17 minutes avec 26 personnages qui prennent la parole. Ce drame de la haine banalisée prouve, s’il en est encore besoin que le politiquement correct n’est pas un processus formateur et il n’a pas changé les opinions en profondeur ; il fait juste en sorte que les gens expriment moins ce qu’ils pensent. Mais les choses finissent par s’accumuler et, à un moment donné, elles débordent. Une chronique implacable de la bêtine humaine.
    Le casting est parfait – comme toujours chez Mungiu -, avec Marin Grigore, Judith State, Macrina Bardaleanu, Orsoya Moldovan, qui donnent corps à ce conte organique, étouffant et quasi halluciné. Violence d’aujourd’hui, peurs anciennes servent de moteur à un film glaçant qui met en scène les frustrations et les ressentiments qui se muent lentement en flambée xénophobe, pour un des grands films de l’année 2022. Dense, complexe, un film qui utilise la caméra comme un scanner pour photographier de l’intérieur les tumeurs qui rongent nos sociétés. Quel choc !
    Angelo M.
    Angelo M.

    5 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 23 janvier 2023
    La mise en scène, toute en plans séquences dont l’un est impressionnant car long de plus d’un quart d’heure et faisant intervenir près d’une trentaine d’acteurs, est au service d’une sourde violence, dans une Transylvanie encore sensible aux rivalités entre Roumains et minorité hongroise, où le départ des hommes vers l’Ouest pour y travailler nécessite de recourir à des Srilankais pour travailler à la boulangerie locale. Chaque séquence montre des êtres manquant de repères, dont la plupart ne savent s’exprimer que dans l’agressivité et le rejet de la différence.
    Ducerceau
    Ducerceau

    14 abonnés 614 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 22 janvier 2023
    Un drôle de film. Ça commence comme un documentaire sur un joli village au pied des montagnes de Transylvanie qui semble tourner en conte de Noël. Et puis en fait ça devient une exposition assez objective des problèmes de migration.
    JB D
    JB D

    8 abonnés 34 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 janvier 2023
    Cristian Mungiu est un cinéaste dont les films paraissent toujours difficiles à aborder par la critique, de par leur densité et la multiplication des points de vue.

    Peut-être d’ailleurs que c’est par le contrepied que l’on peut cerner le plus aisément les mécanismes qui nourrissent son œuvre, et en particulier ce film-ci, radiographie implacable des échelles sociales et des liens humains qui se maintiennent au bord du précipice.

    Le contrepied, c’est d’évacuer la question de la virtuosité - indéniable - à une question de sens, et rien d’autre. Evidemment, Mungiu est assez fin pour ne pas se suffire à capturer les spectateurs dans la vertigineuse toile qu’il tisse patiemment, articulant les portraits individuels aux groupes sociaux et à la métaphore d’une Europe fissurée, malade.
    A travers l’enchevêtrement de plans-séquences ténus, se dégage d’abord une anormalité qui est celle, pourtant bien réelle, d’un monde qui déraille ; le temps que Mungiu crée dans chaque séquence permet d’aller puiser dans la nature même des paysages (naturels ou industriels) et d’y mettre en lumière les différents affects et enjeux sociologiques que porte chaque acteur avec un équilibre rare.
    La construction qui se dégage ainsi, au fur et à mesure que les portraits trouvent leurs points de connexion, suggère une mosaïque savamment bâtie, refermant le cercle sur une question de territoire de plus en plus restreinte. Le film, ouvert aux frontières (et dans lequel on parle ironiquement roumain, hongrois, allemand, anglais et français) se noue sur une communauté d’un petit village remué par l’arrivée de deux employés sri-lankais dans une boulangerie industrielle.

    Mungiu parle de beaucoup de choses dans ce film, avec une clarté et une aisance pour le moins étonnante : de l’Europe oui, de l’Est, de l’immigration, de la place de la tradition, de la honte, de l’éducation, de la langue, du rapport aux émotions, de la corruption… « R.M.N » a manifestement une gueule austère, de celle qui ne rigole pas - et pour laquelle Mungiu s’est souvent vu reproché un trop grand esprit de sérieux.

    On ne rigole pas, en effet, et la chappe de plomb est scellée dès le début : mais loin de dicter une pensée, Mungiu est un cinéaste dont on peut dire qu’il fait réfléchir. Son système de mise en scène ne cesse de ramener en son sein des questions sociales, humaines, qu’il ne cherche pas à résoudre péremptoirement. C’est au contraire sa grande force que de montrer une chose et son envers, de filmer tout ce que chacun peut faire ou dire, sans être dans le camp de la morale, mais dans celui de l’empathie. Cinéma sombre ô combien, mais ouvert et ambivalent.
    Cinéma qui fait honneur à l’intelligence et sait aussi filmer les choses simples : un geste d’amour, un concert de verre sifflé, une étreinte, un repas partagé. Il ne s’agira pas de débusquer un trait de lumière dans le nuit des hommes, mais bien de faire du noir une source lumineuse- sorte de Soulages 24 images/seconde.

    Œuvre humaine, profondément (en opposition, pour rester à Cannes, avec le cynisme de Östlund ou la joliesse normative de Lukas Dhont), « R.M.N » n’a reçu aucun honneur des jurés cannois, dont l’appétit politique revendiqué n’a pas su trouver ici sa raison d’être, ni même dans le génie des lieux dont Mungiu fait preuve - une façon bien à lui de rabattre une Europe tentaculaire en une poignée de plans, véritable cartographie de l’économie.

    Et pourtant, quelle trempe! Culminant dans un plan fixe inouï de 15 minutes, le film fait face, comme une force résistante, aux turpitudes des vies et des nations, regardant frontalement dans l’opinion publique ce qu’il reste de politique. Grand moment de cinéma que cette séquence d’assemblée, sorte d’eau vive portée à ébullition, et de laquelle le film et les personnages ne se relèveront pas.
    Certainement pour cela d’ailleurs que la fin, en une énigmatique métaphore, troque le sens pour l’émotion : rêve éveillé, image sourde et entêtante sortie de la nuit noire, en quête d’une lumière intérieure.
    Tricky T.
    Tricky T.

    2 abonnés 13 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 3 janvier 2023
    Beaucoup aimé ce film, très bien écrit, dialogué, interprété. Hyper tendu tout le long. Un de meilleur film de l'année.
    Isabel I.
    Isabel I.

    38 abonnés 317 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 décembre 2022
    Rezonanta Magnetica Nucleara
    ou la radiographie de la vie d'un village, d'un pays ou peut-être même du monde d'aujourd'hui. Un IRM qui voit derrière les "paraitres", qui montrera le mal, l'abcès. Bref c'est sombre très sombre ... Peu reluisant pour l'humanité : le rejet des différences, la peur des autres ... dans cette société de  là-bas, d'ailleurs, ou d' ici,  qui se précarise où les inégalités sont omniprésentes et engendre les violences.
    Rien que pour la scène du long  plan séquence de 17 minutes dans la salle des fêtes, tellement réaliste, je pense que ce film mérite notre attention .
    Mais serait dommage de s'arrêter au seul aspect aride de cette histoire. Les personnages dans leur complexité sont touchants et vulnérables et cette fragilité peut les rendre sauvages  . Pour être honnête à sa sortie même si j'étais décontenancée et interrogative, j'étais très positive : belle qualité de la photo et cette histoire qui alterne réalité , quotidien fantasme et imaginaire.  Cependant avec le recul il me reste trop d' impressions confuses et je suis incapable de le raconter et encore moins de l'expliquer. L'allégorie de la fin reste très obscure et interroge... n'est ce pas la scène de trop ?
    mat niro
    mat niro

    357 abonnés 1 833 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 novembre 2022
    Christian Mungiu signe ici une chronique du racisme quotidien dans un village multiethnique de Transylvanie où cohabitent roumains et hongrois. Le film est assez neutre avant l'arrivée de trois travailleurs Sri-Lankais qui va mettre le feu au village. La première partie se contente de suivre un revenant, Matthias, parti chercher l'el Dorado à l'étranger comme beaucoup de travailleurs du village, mais contraint de rentrer face à une femme et un enfant distants. Constatant amèrement la situation dans son pays, le cinéaste n'hésite pas à critiquer ses habitants ainsi que l'Eglise qui cautionne la haine de l'étranger. Seule résistante dans ce marasme, Judith State (Csilla) signe une prestation remarquée dans ce film sombre qui accouche d'une fin ratée à mon goût, que je n'ai pas compris!
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