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mazou31
96 abonnés
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4,5
Publiée le 5 juin 2023
Magistrale radiographie (RMN est l’acronyme d’IRM en roumain) d’un petit village de Transylvanie que l’on peut voir comme le concentré de notre société européenne actuelle. Le rejet (et même la haine) de l’autre est ici décortiqué remarquablement avec toutes ses composantes sociale, économique, culturelle et intime. Le sujet est rébarbatif et pourtant le film, de 2 heures, vous accroche sans être pesant ni moralisateur. Contrairement à un discours politique de droite ou de gauche, il décortique sans juger ou du moins le tait, comme le petit garçon mutique parce qu’effrayé. L’incroyable plan-séquence de la réunion municipale est un exemple de grand cinéma et l’ensemble du film se déroule sans temps mort, que ce soit dans les histoires personnelles ou dans la trame générale. L’interprétation reste sobre et la mise en scène est bien réussie, très noire forcément, sombre comme le sujet, avec des éclats de farce burlesque ou de brutalité comme dans la vie. La fin tourne au western tragique, incompréhensible, je l’avoue.
Le cinéaste roumain évoque dans ce film le problème des travailleurs immigrés, du racisme et de la tolérance. Constat désolant qui montre que ce problème et ses discours stériles résident dans tous les pays. Le fond est suffisamment fort pour ne pas évoquer le fond, et pourtant l'efficacité du film réside dans le choix de mise en scène faits exclusivement de plans séquences plus ou moins longs et toujours justes et efficaces. Peut-être est il difficile d'éprouver de l'empathie pour les personnages même les plus humains du lot tant le débat évoqué ici n'est malheureusement pas nouveau. Finalement, habitué à un film somme toute classique dans la forme, la fin vraiment inattendu surprend et nous entraine soudainement dans la parabole, dommage que le film s'arrête à ce moment mais le cinéaste a su faire passer son message.
Attente pas déçue de voir enfin un film de Mungiu pour la première fois. L'ambiance présente des similarités avec Le serment de Pamfir, des zones rurales, du centre de l'Europe, aux confins de plusieurs civilisations, multiculturelles, frappées par le grand écart entre L'union européenne et l'ex empire soviétique. Le portrait est violent, sans concession, parfois trop manichéen, mais la variété des sujets et le temps que prends Mungiu à nous dévoiler progressivement les personnages n'est pas innocent. N'est-on pas toujours l'immigré de quelqu'un? Le roumain qui va bosser en Allemagne ou le même qui voit arriver des Srilankais faire son pain dans son village? Décidément le sketch de Fernand Reynaud écrit il y a 50 ans reste d'actualité! Ou bien n'est-on pas l'opprimé de quelqu'un? Le gamin qui doit traverser seul la forêt pour aller à l'école? Les femmes libérées qui ont réussi en affaires, roulent en Mercédès (comme le curé!) mais n'arrivent pas à fonder une famille? La Transylvanie, terre de croyances, de loups dans les bois (dont vient compter le nombre, l'innocent petit français financé par l'UE!), terre froide en hiver, abrite des rudes habitants qui se disent remparts des invasions passées et justifient ainsi leur racisme ordinaire. On ressort secoué de cette radiographie incisive, qui ne ménage ni les locaux, ni les bonnes intentions occidentales. Mungiu maitrise les scènes intimes, familiales, chorales et communautaires avec la même précision, et possède la patience de laisser à chaque personnage l'occasion de s'exprimer, quelque soit la violence des mots (avant l'étape suivante qui déjà pointe le nez…). La mélopée lancinante de In the mood for love, jouée au violoncelle par la directrice de l'usine boulangère complète cette atmosphère étrange, si loin de nous, et pourtant nous sommes toujours en Europe. Les multiples langages qui coexistent localement sont un témoignage parallèle sur ce qui se trame à coté en Ukraine depuis le déclenchement de la guerre. cinéma -janvier 2023
Matthias quitte son travail en Allemagne et rentre dans son village en Transylvanie retrouver femme, enfant et maîtresse. La boulangerie industrielle recrute des ouvriers sri-lankais ce qui entraîne des réactions de rejet de la plupart des villageois. Le réalisateur roumain, primé à Cannes en 2007, réussit de nouveau un très grand film qui garde l'équilibre entre les relations individuelles des personnages et la vision des dérives du monde occidental. Problèmes de chômage, fantasmes racistes, ouvriers sous-payés, tutelle de l'U.E., écologie, montée du nationalisme. Un IRM (c'est le sens du titre) qui fait peur et qui pourrait être transposé à n'importe quel pays d'Europe, France comprise.
Dense , sans scènes inutiles , le film culmine dans le long plan séquence de la réunion de village , morceau de bravoure qui , loin du wokisme ambiant, porte un regard lucide sur l'extrême difficulté du vivre ensemble . Un constat universel et européen , même dans ce contexte très roumain ( qui peut demander , peut-être , quelques notions sur les vieux communautarismes à l'oeuvre en Transylvanie , entre Roumains , Hongrois, Roms , Allemands ; catholiques, protestants ou orthodoxes ) où une région à forte émigration européenne , se voit pourtant toute bouleversée par l'arrivée d'immigrés sri lankais et agacée de surcroît par les bons sentiments d'un représentant français d'une ONG , mêle tout et donneur de leçon comme il se doit . Un film profondément intelligent où le réalisateur , convaincu d'un humanisme individualiste et généreux , ne prend cependant pas ses vessies pour des lanternes et mesure, hélas, tout l'écart entre le meilleur des individus et la force atavique irrépressible des communautés.
Je ne suis pas le seul apparemment à n’avoir pas saisi le final de ce film par ailleurs essentiel pour le cinéma roumain . Une fois encore il dépasse le cadre de ses frontières pour donner à voir le sentiment populaire sur des questions aussi éminentes que la migration en Europe. Limitons nous à cet espace dans lequel un ouvrier roumain, Matthias revient d’Allemagne pour reprendre sa vie d’avant dans son petit village natal de Transylvanie. Un lieu presque clos où la cohabitation ethnique demeure fragile . On imagine Matthias peser sur la gouvernance de son village et tempérer ses habitants qui se déchaînent au moindre frémissement d’une « invasion étrangère » . On rappelle celle des Huns qui fut la plus terrible dit un habitant inquiet de voir trois sri-lankais fabriquer le pain au village. C’est tout un dérèglement social et populaire qui s’opère dans l’amalgame d’une situation politique complètement malmenée par les infoxes et les rumeurs complotistes. Une vision hallucinante, mais tellement dans l’esprit populaire de gens agrippés à une histoire dans laquelle ils ne veulent plus avancer. Mungiu tente à sa façon de réveiller un peut tout le monde , de les sortir de leur léthargie. Et sa démarche arrive jusqu’à nous …AVIS BONUS Le réalisateur revient avec les acteurs sur quelques points importants du récit . Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Christian Mungiu signe ici une chronique du racisme quotidien dans un village multiethnique de Transylvanie où cohabitent roumains et hongrois. Le film est assez neutre avant l'arrivée de trois travailleurs Sri-Lankais qui va mettre le feu au village. La première partie se contente de suivre un revenant, Matthias, parti chercher l'el Dorado à l'étranger comme beaucoup de travailleurs du village, mais contraint de rentrer face à une femme et un enfant distants. Constatant amèrement la situation dans son pays, le cinéaste n'hésite pas à critiquer ses habitants ainsi que l'Eglise qui cautionne la haine de l'étranger. Seule résistante dans ce marasme, Judith State (Csilla) signe une prestation remarquée dans ce film sombre qui accouche d'une fin ratée à mon goût, que je n'ai pas compris!
Bon film qui met bien à nu les réactions très primaires dans un village de Roumanie et montre les risques d'une montée de la haine entre les différents peuples
Ou radiographie du racisme ordinaire ? « On est toujours l’étranger de quelqu’un » Le réalisateur nous montre que la Roumanie n’y échappe pas…… De nombreux roumains sont partis travailler à l’ouest mais après la « détestation » des Roms, ce sont les allemands, les hongrois et voilà que les sri-lankais pourraient fabriquer leur pain quotidien …. C’est TROP ! Et côté racisme, la communauté chrétienne, n’est pas en reste...
Matthias lui, s’est fait traité de « gitan » en Allemagne puis, de retour en Roumanie, n’est plus tout à fait, comme chez lui….
Situant son récit dans une intrigante bourgade de Transylvanie où se côtoient avec plus ou moins de bonheur Roumains, Hongrois et Allemands, R.M.N dépeint avec une acuité évidente des populations européennes victimes d’un fort sentiment de déclassement, qui voient les gens du pays s’expatrier en masse vers l’ouest et qui sont contraints d’accueillir une main d’œuvre étrangère (ici, des Sri-Lankais) pour faire tourner leurs usines, les gens du cru n’acceptant plus de travailler pour des salaires aussi bas. C’est alors que les tentations populistes et xénophobes vont émerger dans les discours puis dans des actes de plus en plus violents. Cet impressionnant portrait d’une communauté en voie de déliquescence morale est fort intéressant, avec pour seul bémol un Cristian Mungiu qui ne sait pas comment finir son film.
Un film universel sur l âme humaine, sur la peur de l'autre, sur le respect, sur l amour et sur une société dans laquelle l homme est devenu un prédateur plus dangereux qu'un Ours à l état sauvage.
Mungiu ne travaille pas à l'office de tourisme roumain. A la suite de sa palme d'or et de Baccalauréat notamment, il scrute les mœurs de son pays avec acidité. Le racisme est bien présent, avec ce petit écho subtil sur l'image de la France dans les pays de l'est. C'est assez gris mais l'histoire et l'interprétation sont flamboyantes
Évidemment, comme chez les frères Dardenne, le cinéaste roumain ne va pas choisir la forme la plus joyeuse pour évoquer son pays, préférant une vision la plus froide et la plus réaliste possible. Nous voilà donc plongés au cœur d’un petit village de Transylvanie, au cœur de l’hiver, au moment où trois boulangers sri-lankais sont recrutés par une usine du coin désertée par la main-d’œuvre locale qui préfère aller travailler à l’étranger pour gagner un peu plus. Résultat, on fait appel aux immigrés, ce qui ne plaît pas aux autochtones qui voient dans ces trois sympathiques et inoffensifs sri-lankais des envahisseurs potentiels. Petit à petit, la tension va monter au sein de cette communauté où le racisme, l’intolérance, la peur de l’étranger, les fake news et autres fantasmes vont nourrir la vindicte populaire, et notamment dans une très longue scène en plan fixe, sur la fin, véritable point d'orgue du film, qui permet de comprendre toute la complexité des enjeux liés à la mondialisation et au capitalisme moderne.
C’est peut-être le film le plus accessible, mais aussi le plus explicite et le plus politique de Cristian Mungiu à ce jour. Dans un style qui rappellera les frères Dardenne ou Ken Loach dans sa manière assez démonstrative de dénoncer l’extrémisme, le nationalisme et le capitalisme dans ce qu’il a de plus cynique et ravageur.
Ce qu’il gagne discours théorique, il le perd peut-être en intensité filmique, avec un scénario qui ne dégage pas forcément la puissance et la force de ses précédents opus (Au-delà des collines, Quatre mois, trois semaines, deux jours et baccalauréat), avec en plus un final ainsi confus et un peu frustrant.
Film intéressant sur une triple communauté villageoise comme l'Europe de l'Est en compte tant. C'est bien filmé mais la fin est bâclée à un point rare. Curieux car on mesure e le cinéaste est très bon ne serait-ce que par sa direction d'acteurs.