Conques, Aveyron, un des plus beaux villages de France, particulièrement renommé pour son abbatiale Sainte-Foy et comme étape importante pour les pèlerins de Compostelle. Un minibus dépose de nuit dans le village un petit groupe de jeunes africaines et africains. Des pèlerins marchant vers l’Espagne ? Peu probable : on les a vus partir de Paris en train et arriver à Conques dans ce minibus. Avec beaucoup de douceur et de tact, la réalisatrice va amener le spectateur à comprendre pourquoi elles et ils sont là. Très vite, on assiste à des entrevues en tête à tête entre Cécile Allegra et les membres de ce petit groupe : elles ou ils se confient sur les évènements qui leur sont arrivés, Cécile prend des notes. Il est beaucoup question de la Libye, de l’enfer que représente ce pays pour celles et ceux qui ont dû passer par ce pays pour rejoindre l’Europe. Pire que l’enfer, même, car « pour entrer dans l’enfer, tu dois avoir fait quelque chose qui mérite l’enfer et, nous, on a fait que voyager. Tout le monde a le droit de voyager ! Qu’est-ce que j’ai fait pour être violé.e, pour être frappé.e, pour être maltraité.e, pour ne pas avoir à manger pendant plusieurs jours, pour rester 6 mois sans me laver ? ».
Venant d’Erythrée, du Soudan, de Somalie, de Guinée Conakry, du Nigéria, de RDC, ces africains et ces africaines qui se racontent, parfois difficilement, auprès de Cécile Allegra sont des migrant.e.s qui ont connu l’enfer de la Lybie. Et voilà que leurs paroles pleines d’émotion leur permettent de donner naissance à des chansons avec l’aide du musicien Mathias Duplessy. On sent que le poids de la douleur qui envahissait ces hommes et ces femmes se transfère petit à petit dans ces chansons lesquelles prennent de plus en plus de substance. Leurs auteur.e.s et interprètes prennent de plus en plus d’assurance, elles et ils s’ouvrent de nouveau à la vie.
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