Je continue d’arpenter la filmographie de Claude Lelouch que j’apprécie beaucoup même s’il a le don de me décevoir. Comme je l’ai déjà écrit : avec Lelouch, on ne sait jamais à quoi s’attendre d’un film à l’autre.
Je ne connaissais pas du tout « Une fille et des fusils ».
Je pars du principe que ce film est le point de départ du réalisateur.
Avec « Une fille et des fusils », signé avant « Un homme et une femme », je découvre un Claude Lelouch qui s’amuse déjà. Il me fait penser à ces jeunes ados qui s’essaient avec leur première caméra offerte en faisant jouer leurs copains.
On retrouve des éléments qui le définiront : caméra à l’épaule, toujours en mouvement ; la voiture et la vitesse ; la boxe ; l’amitié masculine ; un tendresse pour les voyous ; générique oral (pas toujours) ; nommer ses personnages en reprenant les prénoms des acteurs (pas toujours et pas pour tous les acteurs selon les films) ; une direction d’acteurs maîtrisée ; et le cinéma. Oui, son film parle de cinéma. Le sien puisqu’un des personnages
dit qu’il faut arrêter de faire du cinéma, qu’il faut trouver une fin à leurs méfaits, sous-entendu mettre un terme à son film.
Il y a déjà cette notion de mise en abime, autre griffe du réalisateur.
« Une fille et des fusils » est un film gonflé l’air de rien : quatre garçons ouvriers - Jean-Pierre Kalfon, Jacques Portet, Pierre Barouh, Amidou accompagnés d’une sourde et muette Janine Magnan - décident de devenir bandits et créent une école d’apprentissage
Il est à noter que cette formation ne concerne qu’eux.
Ainsi, avec beaucoup de sérieux, de patience et de discipline, ils étudient l’art du combat (boxe, judo etc), le maniement des armes ; ils analysent toutes les serrures et j’en passe. Une formation théorique et pratique puisqu’ils s’exercent sur le terrain : vol, agressions, kidnapping avec demande de rançon.
Une formation au banditisme ?! Je ne suis pas sûr que le film ait échappé à la polémique. Bel exemple pour la jeunesse en ces années 64/65 !
Dernièrement pour « Attention bandits !» je relevais une déclaration du réalisateur parue dans « Le Monde » où il disait qu’il dressait un réquisitoire contre le banditisme. J’étais sceptique car je n’ai pas eu l’impression que c’était le cas.
Avec « Une fille et des fusils » la déclaration sonne juste dans la mesure
où les quatre garçons viennent à déraper.
Et avec le recul, je peux adhérer à sa déclaration pour « Attention bandits !».
Si polémique il y avait, Claude Lelouch
rassure les politiques et autres associations avec une morale sauve…