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Un visiteur
4,0
Publiée le 29 septembre 2006
Si ce film donne une large place à la majestueuse musique de Wagner, il faut y voir autre chose qu'une simple chronique de faits et moeurs de l'opéra. Très proche de "The company" car nous nous retrouvons là aussi de l'autre côté du décor, il s'en éloigne aussi considérablement, car le point fort de "Meeting venus" n'est pas tant une peinture assez classique de la souffrance de l'artiste acharné face à sa création, qu'une dénonciation satiriquee et féroce de l'emprise du monde matériel sur celui de l'art.
Le chef d'orchestre Zoltan est justement une sorte d'anti-Tanhauser, le poète maudit qui, las des beautés froides de cet univers trop lisse et parfait qu'est le Vénusberg va vouloir découvrir le véritable monde. Zoltan, lui, s'échappant d'un monde en chaos, va rejoindre ce qu'il croit être l'idéal pour l'artiste, Paris, mais comme le héros de Wagner, il va rapidement déchanter, véritable artiste perdu au milieu de la médiocrité des imposteurs.
Car il s'agit bien ici d'un nouveau "Candide", un conte-miroir obligeant la France à se regarder en face. Pays des arts et de la culture, elle laisse lentement mourir cet extraordinaire héritage dans le tumulte de ses conspirations de couloirs et de ses dogmes politiques. Zoltan, encore pur, sorte de Soljénitsine ivre de sa nouvelle liberté de créer ne peut comprendre ce monde qui crève d'absurdité et qui l'emporte avec lui. Il s'agit d'une fable tragi-comique, un rire grinçant qui cherche, au delà de la moquerie facile à l'égard de notre pays, à nous donner un éclair de lucidité devant le spectacle d'un naufrage culturel annoncé.
Mais quelle leçon sublime que nous donne ce personnage résolu à se battre contre la bêtise universelle, et quelle bouffée d'espoir que cette scène sublime, la dernière, qui semble nous rappeler que l'art est au-dessus de tout ce que l'homme a pu inventer pour sa propre ruine, pour sa misérable prison faite de toutes les considérations matérielles qui l'étouffent chaque jour davantage.