Avis sur Option éducation sexuelle

Cela fait des années que l’on dénonce la façon avec laquelle l’Éducation Nationale aborde le thème de la sexualité à l’école (ou plutôt, devrait-on dire, n‘aborde pas le sujet ! puisque les adolescents ne sont pas éduqués sur le sujet, d’où le titre du documentaire qui insiste sur le fait que l’éducation sexuelle soit en « option »). D’après les textes de loi, il devrait être obligatoire d’y avoir l’équivalent de 3 ateliers par an et par tranche d’âge (3 en seconde, 3 en première et 3 en terminale) soit 9 ateliers en tout, alors qu’en réalité, l’éducation sexuelle se résume surtout à des cours de SVT où il est question de reproduction, de maladies sexuellement transmissibles et de contraception, mais pour le reste, c’est le néant. Exit les questions de consentement, de plaisir ou encore de norme.

Option éducation sexuelle (2021) suit un atelier mené par Thomas Guiheneuc, le cofondateur de "Liberté Couleurs", une association éducative qui dispense des ateliers de sensibilisations en milieu scolaire. Une dizaine de jeune du lycée Viollet Le Duc dans les Yvelines, en banlieue parisienne se sont portés volontaires pour participer à une série d’ateliers sur la sexualité. L’occasion pour eux de s’interroger sur un sujet aussi intime qu’intriguant et de mettre en lumière les stéréotypes de genre et de représentation que nous impose la société.

Si le sujet reste tabou dans la société, il ne faudra pas compter sur le cercle familial pour aborder le sujet, raison pour laquelle il est primordial que cela soit traité au lycée, pile au moment où les jeunes se questionnent et vont chercher des réponses pas nécessairement au bon endroit (notamment à travers la pornographie).

Pendant près de 70min, Marie-Pierre Jaury suit les différents ateliers où les questions fusent et alternent avec les mises en situation. La parole est libre, personne ne se moque, les questions innocentes « et frotter ça, ça fait plaisir à la femme ? » viennent contrebalancer avec des anecdotes parfois craignos (comme cette histoire d’attouchements dans les transports en commun). Se méfier des normes ou de la représentation de la sexualité à travers la pornographie, tenter de mettre en lumière un malaise ou l’orientation sexuelle, divers thèmes sont abordés, aussi bien à travers des jeux de rôles que des remises en question.

Comment définir un rapport sexuel ? Est-ce que les préliminaires en sont un ? Peut-on perdre sa virginité lors d’une pénétration digitale ? Quid du plaisir féminin et de l’absence du clitoris des manuel scolaires jusqu'en 2017 !? « Grâce aux ateliers, je me rends compte que je n’ai aucune connaissance sur la sexualité. Par exemple, quand j’ai vu le schéma de la vulve (…) je sais même pas à quoi ça ressemble, un clitoris, alors que c’est mon corps » dixit l’une des jeunes filles. « Peut-être qu'il y a un problème avec le plaisir féminin » dira une autre fille.

Mathis, Wilfried, Alice, Melvyn, Evane, Cléo, Kenza ou Agathange ont entre 15 & 16ans et certains font preuve d’une très grande maturité pour leur âge, ils s'expriment avec beaucoup intelligence et s’avèrent même très touchants. Il en résulte un documentaire très intéressant, d’une grande bienveillance et d’ouverture d’esprit. Mais surtout, ce film vient nous rappeler à quel point ces jeunes ont une méconnaissance de leur sexualité que l’école se doit de remédier. Ça n’est pas à travers le porno qu’ils doivent s’instruire et c’est justement à travers ce film que l’on se rend compte à quel point l’Éducation Nationale à énormément de progrès à faire pour s’améliorer.

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