Passer 2 heures avec Jasmine Trinca, dans l'obscurité d'une salle de cinéma, quel que soit le rôle qu'elle incarne et la qualité du film dans lequel elle évolue, sera toujours un bonheur absolu. Ceci posé, Amants super-héroïques, de Paolo Genovese, qu'on a connu plus original dans ses sujets (Perfetti Sconosciuti, The Place), ne restera pas dans les annales sans qu'il soit pour autant le monument de niaiserie décrit par certains critiques au cœur usé. Non, le film est souvent charmant et parfois poignant
(ah, cette fin !
), grâce à ses interprètes (Alessandro Borghi n'est pas mal du tout) et dans sa manière de plonger tête baissée dans le puzzle de l'amour et la grande aventure du couple, en un désordre temporel agencé de façon ingénieuse, pour stimuler les sensations du spectateur et son intelligence à remettre les scènes dans leur continuité chronologique. Par capillarité, Amants Super-héroïques fait souvent penser à certains chefs d’œuvres du cinéma italien (Scola, certo !) dont il n'a pas l'étoffe mais un peu la musicalité et cet art de passer en un instant de la douceur à l'amertume, sans oublier la mélancolie. Autour de ses deux héros, aux caractères opposés, d'où l'attraction, menacés par le quotidien, la jalousie, l'infidélité, la maladie (liste non exhaustive), le film n'a placé que des personnages positifs et généreux. Certains prendront cela pour de la niaiserie alors qu'il ne s'agit que de bienveillance, foi de midinette assumée.