Dans un paysage cinématographique de plus en plus saturé par des narrations prévisibles et des personnages qui semblent dictés par l'agenda du politiquement correct, Trap de M. Night Shyamalan arrive comme une tentative désespérée de ressusciter l'essence du thriller psychologique tout en flirtant avec l'absurde. Si l'on devait résumer ce film en une phrase, ce serait : une symphonie de bonnes intentions, mais jouée avec des instruments désaccordés.
Le concept de départ est prometteur : un tueur en série, incarné par Josh Hartnett, emmène sa fille à un concert tout en échappant à un barrage policier. Une idée qui, sur le papier, aurait pu s'avérer captivante, voire fascinante, si seulement elle avait été mieux exécutée. Mais voilà, comme souvent avec Shyamalan, l'idée se perd dans une réalisation qui semble hésiter entre l'auto-parodie et un sérieux dérangeant.
Hartnett, qui se donne corps et âme à son rôle, mérite sans doute plus de louanges que le film lui-même. Sa performance parvient à transmettre une complexité psychologique digne de ses rôles passés, mais elle est malheureusement desservie par un scénario qui semble parfois aussi confus que son personnage principal. Le choix de mêler une intrigue de tueur en série avec un concert pop donne lieu à des scènes visuellement intéressantes, mais le résultat final est un patchwork déconcertant de moments de tension réussis et de décisions narratives douteuses.
Quant aux autres membres du casting, ils oscillent entre le passable et l'oubliable. Saleka Night Shyamalan, dans le rôle de Lady Raven, livre une performance honnête, mais son personnage manque cruellement de profondeur, apparaissant plus comme une figure accessoire qu'un véritable moteur de l'intrigue. Hayley Mills, en profileuse du FBI, joue le rôle avec une froideur presque caricaturale, rendant son personnage difficile à prendre au sérieux.
Le film peine également à établir une véritable tension. Bien que certaines scènes soient efficacement construites, la plupart d'entre elles tombent à plat, soit à cause d'un dialogue maladroit, soit à cause de choix de mise en scène qui défient toute logique. L'humour noir, marque de fabrique de Shyamalan, est présent, mais il semble mal dosé, créant un décalage constant entre le ton du film et les attentes du spectateur.
Il faut reconnaître à Shyamalan son courage de s'aventurer sur des terrains narratifs moins balisés, mais Trap souffre de ce que l'on pourrait appeler un "excès de Shyamalan". Chaque scène, chaque twist, semble vouloir rappeler au spectateur qu'il est en train de regarder un film de ce réalisateur. Le problème, c'est que cette insistance étouffe la subtilité et finit par rendre le film plus irritant qu'intrigant.
Au final, Trap est un film qui divise, non pas tant pour ses qualités, mais pour ses défauts qui, pour certains, pourront être vus comme des touches d'audace, tandis que pour d'autres, comme des erreurs impardonnables. Il aurait pu être un thriller mémorable, mais il restera probablement dans les annales comme une œuvre mineure d'un réalisateur qui continue de chercher, sans toujours trouver, l'équilibre parfait entre originalité et maîtrise.