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Marc L.
44 abonnés
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3,0
Publiée le 6 mars 2023
Des films africains, j’ai eu l’opportunité d’en voir quelques uns : des drames sénégalais sur l’immigration, des polar congolais, des films fantastiques nigérians,...ce n’est pas toujours très lisible ni très compréhensible pour le spectateur européen, les moyens techniques et financiers en sont la plupart du temps absents mais justement le côté “bricolé” de nombre d’entre eux leur donne souvent un côté attachant, qui rappelle que le cinéma fut l’art de l’escamotage et de la débrouille avant d’être celui des trucages numériques. Cette fois, on part à l’autre bout du continent pour une production ougandaise, qui se montre techniquement tout à fait aboutie même si quelque chose dans sa manière de fonctionner témoigne clairement qu’il ne s’agit pas d’un film américain, européen ou asiatique. On ne met pas longtemps à déceler les influences évidentes de cette ‘Girl with the yellow jumper”. Si c’est bien la traque d’un tueur en série qui sert de prétexte narratif au film, l’écrasante majorité du film repose sur des dialogues très bavards, ceux du flic qui a pris en stop un type blessé tout en convoyant un témoin mutique vers la capitale. Chacun y va de son récit sur cette situation incongrue et il devient rapidement évident qu’aucun des deux interlocuteurs ne fait vraiment confiance à l’autre, et cherche au contraire à le prendre en défaut de cohérence. Les pistes et les indices se font et se défont, la tension augmente et diminue sans cesse, la vérité n’est qu’une vision subjective à la Rashômon, en fait, on dirait une version africaine de ‘Usual suspects’ revue et corrigée par un Tarantino local. Si l’efficacité et le goût de la référence encyclopédique ne sont évidemment pas comparables, la similarité des méthodes est d’une clarté absolue. La grammaire cinématographique locale constituant une découverte à part entière, elle permet d’oublier les quelques baisses de régime et les imprécisions de ce Thriller en huis-clos sur roue, objectivement pas mal ficelé du tout.