Père et papa
Un 1er long métrage pour Ronan Tronchot. Sujet sensible, traité avec délicatesse et soutenu par un excellent casting. Que demander de plus à ces 93 minutes qui parviennent à montrer les hommes d’Église sous un angle nouveau dans le cinéma français, à travers le quotidien d'un prêtre au XXIème siècle en France. Dans une petite ville du centre de la France, Simon est un prêtre dévoué à sa paroisse. Au cours d’une messe, Louise, qu’il n’avait pas revue depuis son séminaire, il y a des années, refait surface. Elle lui présente Aloé, enfant de 11 ans, dont il est le père. Cette nouvelle va bouleverser son quotidien : peut-il être un bon prêtre pour ses fidèles, et un bon père pour son enfant ? Simon va tenter de convaincre les plus hautes instances de l’Église que sa vocation est compatible avec l’amour paternel. Beau film qui en dit long sur les lourdeurs et les a priori de notre société et encore plus de l’Eglise elle-même.
Le cinéaste a tenu à mettre en lumière les prêtres dont on parle peu, ceux qui sont dévoués à leur communauté et qui font bien leur travail, tout cela en questionnant les règles de l'Église catholique au XXIème siècle. Est-ce que certaines règles sont encore d'actualité ? Sont-elles encore applicables aujourd'hui et en phase avec les mœurs actuelles ? Les hommes d’église peuvent-ils encore passer au-delà des divergences d’opinions qui surviennent parfois et de la façon dont les prêtres arrivent à associer leur spiritualité et des questions qui sont d'ordre plus quotidien, administratif ? Voilà un film très documenté et donc chaque problème est soigneusement étayé. On voit que, comme à l’Ecole, la théorie du « pas de vagues » fait des ravages importants. Mais – peut-on parler de miracle ? -, malgré ces problématiques pesantes, le film n’est jamais ennuyeux grâce à un montage nerveux et un casting en état de grâce – ça tombe bien -.
Grégory Gadebois est un formidable acteur. Comme tous et toutes ses partenaires de la Comédie Française, il sait tout faire avec le même bonheur. Le film lui doit beaucoup. Mais, il ne faut pas oublier les prestations impeccables de Géraldine Nakache, Lyes Salem, du jeune Anton Alluin, et les participations épatantes de Danièle Lebrun et Jacques Boudet. Tout est là, tout est dit, tout est démontré – sans être pour autant didactique -, mais qui parviendra un jour à régler les problèmes de célibat des prêtres et à reconnaître leur droit à élever un enfant ? Poser ces questions, en l’occurrence, ce n’est pas forcément y répondre. Ce drame sensible, lumineux, subtil apporte une belle pierre à l’édifice. La finesse de l’ensemble fait vite oublié les maladresses inhérentes à un premier film. Cinéaste à suivre.