Bonne nouvelle : le film est plutôt drôle, et la salle rit même franchement à plusieurs répliques. L'humour décalé, poétique à la française, fait mouche ! Autre bonne nouvelle : la leçon de morale écologiste passe avec légèreté, car le cinéaste n'en rajoute pas, n'appuie pas, faisant même preuve d'une douce ironie sur les combats des lycéens (
sauf peut-être dans une scène ridicule et peu crédible avec la Maire fofolle
). C'est de gauche, mais sans enfoncer le clou (les manifestations du début sont traitées en accéléré). Mauvaise nouvelle : si la première partie est réussie, la seconde est ratée, et le film se dilue, se perd peu à peu, s'évapore. Au début, quand le décor s'installe, il y a tout : la relation père-fille, la nouvelle femme dans la vie, les amours adolescentes, l'art (la jeune héroïne Rosa peint), le sport (Etienne le père est coach), la nature. Les personnages sont bien dessinés, même si tout réalisme est rejeté avec force (Mohammed Laridi, en Youssef le jeune troubadour médiéval amoureux platonique escaladeur, en fait des tonnes et est à mourir de rire en plus d'être craquant avec sa voix chuintante à la fois agaçante et irrésistible). Céleste Brunnquel irradie et tous les gros plans laissent éclater son talent. Nahuel Pérez Biscayart, grand comédien, ne réussit pas tout : si le burlesque lui va comme un gant (il est doué pour la comédie), l'émotion pure ne lui réussit pas toujours - on a parfois l'impression qu'il n'y croit pas et qu'il se force. Ca tire un peu. Le tout n'est pas désagréable, mais la mise en scène, lisse, avec quelques gags, ne laisse pas plus de souvenirs qu'une agréable pommade passée et vite oubliée. Une mollesse dans la forme, la facilité du scénario (
le traumatisme qui ressurgit à l'occasion du départ de Rosa du foyer paternel
), la désinvolture peut-être apparente, privent l'oeuvre de son urgence, de sa nécessité - le formidable personnage de Rosa mis à part. Pourquoi créer, si cela ne semble pas indispensable ? C'est bien la question que se pose tout plasticien - interrogation que le cinéaste a abandonnée en chemin.