Dès les premières images, mon coeur d’artichaut se laisse alpaguer par l’émotion, qui a les traits de Cáit, petite fille de 11 ans, introvertie, effacée, délaissée par des parents dénués d’affection pour elle.
Brimée à l’école, par ses soeurs, la petite Cáit erre dans sa maison comme une âme en peine, solitaire, pratiquement muette au sein d’une famille qui respire la morosité.
La mère enceinte jusqu’au cou l’envoie passer quelques temps chez une cousine lointaine, Eibhlin (Carrie Crowley) mariée à Sean (Andrew Bennett), un fermier.
Et là, le contraste est saisissant, d’une maison obscure, elle passe dans une habitation lumineuse, de parents désabusés et peu aimables, elle évolue au milieu d’un couple tendre et attentionné.
Cáit se laisse apprivoiser et par le couple et par ces petits moments de bonheur auxquels elle n’est pas habituée.
Le réalisateur Colm Bairéad me conte une chronique d’une jeune fille triste de 11 ans avec délicatesse. Rien ne me semble appuyé, comme la condition miteuse des parents de Cáit, pas plus n’est appuyé l’amour dispensé d’Eibhlin et de Sean, encore moins le comportement de Cáit. Celle-ci conserve le même comportement mutique et réservé ; cependant, je peux déceler une petite lueur, un petit éclat de quiétude.
Oui, je fais la différence entre calme et quiétude. Si Cáit est par nature calme, c’est parce qu’elle est par nature introvertie, réservée, frileuse, anti-conflictuelle, mais pas pour autant sereine, sa vie de petite fille de 11 ans dans sa famille la pèse.
Or, c’est l’inverse chez Eibhlin et Sean ; calme est l’est toujours par nature, le metteur en scène ne la délivre pas de son comportement, mais cette fois, ce petit éclat de quiétude n’est rien d’autre que de la tranquillité d’esprit.
Et la toute jeune actrice Catherine Clinch qui incarne avec talent Cáit traduit avec subtilité la perte de cette tranquillité d’esprit en retrouvant ses parents.
Encore une fois, Colm Bairéad se garde bien d’appuyer ces retrouvailles malgré une fin déchirante. Une fin délicatement mise en scène.
A voir en V.O pour le langage gaélique irlandais, rare et étonnant à l’oreille.