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🎬 RENGER 📼
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3,0
Publiée le 9 septembre 2024
Le Chelsea Hotel à New York était le temple de la contre-culture depuis plus d’un siècle. On y trouvait des artistes à tous les étages où il y régnait un esprit bohème, entre créativité, drogue et alcool. Au début des années 2010, l’hôtel est dans un piteux état et est racheté, il va subir de lourds travaux alors même que les résidents actuels y vivent encore (ceux qui ont refusé de le quitter). L’hôtel prépare sa mue, entre un passé mythique et un avenir incertain (les travaux auront duré une décennie, il a rouvert fin 2022).
Joe Rohanne & Maya Duverdier ont filmé (pendant deux ans) le chaos au coeur du chantier, situé le long de la 23ème rue à Manhattan, en allant à la rencontre d’une poignée de résidents (dont la photographe et chorégraphe Bettina Grossman) qui tente malgré tout de continuer leur vie, année après année, au milieu du bruit et des gravats. Les réalisateurs les sondent un à un et nous font revivre le temps d’un instant, la magie qui régnait au Chelsea Hotel lorsqu’il était le “the place to be” de New York entre les années 50 & 70.
L’hôtel aura accueilli bon nombre d’artistes, des musiciens (dont Janis Joplin, Bob Dylan & Patti Smith), des acteurs et réalisateurs (dont Oscar Wilde & Miloš Forman) et d’innombrables intellectuels et écrivains (dont Jack Kerouac & Jean-Paul Sartre).
Dreaming Walls (2024) offre un tout autre regard sur un lieu inédit et qui se meurt à petit feu. Les derniers gardiens du temps ne font pas le poids face aux promoteurs immobiliers et à la gentrification new-yorkaise. C’est la disparition d’une utopie, superbement retranscrite à travers ce documentaire (et notamment à travers un astucieux jeu de montage où ils ont inséré des images d’archives qui se superposent aux images d’aujourd’hui).
Voyage dans le temps et expérience sociale forte, le film de VAN ELMBT et DUVERDIER est un bel hommage à la culture créative d'un New York révolu, au cœur d'une œuvre somme assez classique dans sa forme, mais qui parle surtout par les personnages qui la peuplent
Deux documentaristes belges produits par Scorsese posent leur caméra dans le chantier sans fin du mythique Chelsea Hotel. Pendant les travaux de transformation du temple de la Contre Culture en établissement de luxe les quelques occupants à l’année vivent parmi les nuisances et les souvenirs d’une époque qui n’existe plus. Un film spectral sur les fantômes d’une utopie bientôt engloutis par la gentrification d’une ville et le capitalisme de notre Monde.
Dreaming walls, documentaire de Maya Duverdier et Amélie van Elmbt, produit par Martin Scorcese
Le Chelsea Hôtel, c’est Leonard Cohen qui en parle (le chante) avec le plus de nostalgie suave dans la voix. Le pitch : alors que je viens de naître, celui qui n’est encore que poète, a tout plaqué pour (re)naître comme musicien. Il ne perce pas (encore). Cette nuit-là de 1968, dans l’ascenseur du Chelsea Hôtel, il se retrouve face à Janis Joplin. Deux égarés (à l’époque) dans l’ascenseur le plus lent de New-York (toujours à l’époque) qui finissent par passer la nuit ensemble. Ce n’est qu’après la mort de Janis Joplin que Leonard Cohen écrit sa chanson : Chelsea Hôtel #2 si émouvante et remplie de ce désir ardent d’une nuit.
Cette nuit-là, à l’origine, Cohen était parti à la recherche de Dylan Thomas. En vain. « Dylan Thomas était mort » expliquera-t-il.
C’est aussi pour rencontrer l’âme de Dylan Thomas que Patti Smith s’installe au Chelsea, « Là où vivent les grands hommes ». Là où elle s’apprête à vivre ses moments les plus brûlants en compagnie de Robert Mapplethorpe. Fauchés mais heureux : ils vivent comme des chats, au temps présent. Patti Smith y trouve une inspiration semblable à celle de Leonard Cohen : elle y écrit sa première chanson. Des années plus tard, dans le siècle d’après, elle y revient assurer la promotion de sa biographie « Just Kids » où elle se souvient des années libertaires dans cet hôtel que des artistes en devenir ont rendu mythique (ou est-ce la puissance mystérieuse du lieu qui a fait d’eux, eux tous, des artistes ?) : Kerouac et la Beat Generation. L’écrivain y termine « Sur la route » ; Allen Ginsberg sacre « Howl ». On y croise Nico et le Velvet underground, Andy Warhol et ses filles en mode split screen, avant de se faire tirer dessus par Valérie Solanas qui l’accuse d’avoir volé son manuscrit « Up your ass » ; Miller et Monroe ; Nicki de Saint-Phalle et ses Nanas ; Christo et sa femme ; Klein et son bleu. Que des histoires de couples entrés dans l’histoire de l’Art, d’artistes engagés dans la contre-culture américaine.
Patti Smith est la pierre angulaire du lieu, son itinéraire épique si étroitement mêlé à celui de l’hôtel iconique : lors de la promotion de « Just Kids » elle est rejetée par les occupants, en guerre contre le promoteur qui a racheté le Chelsea. Le capitalisme succède aux décennies punks et Patti Smith s’est embourgeoisée.
Le projet immobilier prévoit une rénovation luxueuse d’ampleur à l’occasion de laquelle les appartements des locataires sont divisés (ou les loyers augmentés). On incite les uns à partir et les autres à se diviser. Un collectif de locataires résiste et les travaux prennent du retard. Mais l’argent domine. C’est cette scission que raconte Dreaming Walls, documentaire émouvant, empreint de fantômes pas toujours glamours : Sid Vicious y commet un féminicide.
Si les piliers actuels d’une contre-culture contemporaine plus confidentielle ne sont pas des stars, ce film leur rend un vibrant hommage : ils sont 51 qui assurent aujourd’hui la résilience du Chelsea Hôtel, déterminés à en découdre, déterminés à y créer, pour l’éternité.
Quel bonheur de découvrir un aspect de ce légendaire Chelsea Hotel, situé au cœur de Manhattan. Ce film documentaire en immersion marque la fin d'une époque, d'une histoire, pour en raconter une autre, des autres. La photo est maîtrisée, les personnages sont touchants et l'on se sent emporté dans cet univers onirique. Merci aux deux réalisatrices pour ce bon et beau moment.
À travers les fantômes du passé et du présent, les auteur.es nous font naviguer dans une ambiance onirique et vaporeuse de ce qu'à été cet hôtel, lieu de création, de folie et de liberté. Une époque révolue dans une ville qui laisse moins la place à la création qu'à la monetisation. Les habitants vivent avec et dans leur passé, ici une chorégraphie un peu loufoque dans l'escalier, là des déchets accumulés dans un appartement depuis on ne sait quand, et puis ce couple qui vit de façon bourgeoise, comme si de rien, entre tremblements de meubles et ascenseur de travaux. Dreaming Walls n'est rien de ce qu'on a déjà vu, ce n'est pas un hommage aux stars du Chelsea mais à ses survivants. À ceux qu'on a oublié ou même jamais connu. C'est un hommage à la disparition, c'est beau et touchant.
Un film magnifique... Il interroge sur ce qu'est l'art et qui peut se dire artiste. Un pur bonheur d'être transporté dans la vie des résidents restants de l'hôtel Chelsea à NY.