Un film catastrophique... Attention ça va spoiler sévèrement dans cette critique, mais rassurez-vous, c'est pour votre bien.
Commençons par la forme : les acteurs oscillent entre le mauvais, le transparent ou le caricatural, les dialogues sont insipides et répétitifs, les incrustations immondes, et la mise en scène, minimaliste au possible, sur-abuse des fumigènes... seule la superbe photographie sauve la partie formelle du film. Les paysages sont magnifiques, et heureusement, car vous aurez le temps de les admirer tant le film est contemplatif...
Ce qui amène au fond : le scénario tient sur une demi-feuille de papier à cigarette et sert de prétexte à un parcours christique (dont la seule originalité est de se passer au Japon) ou TOUTE la symbolique "subtile" du film - si tant est que vous appréciez ce genre de film qui fait """réfléchir""" (oui j'insiste sur les guillemets) - vous sera exposée avec moult gyrophares et clins d’œils appuyés...
Des exemples ? C'est parti !
Notre héros est donc un prêtre Jésuite dont la foi est mise à rude épreuve, prêchant la parole divine vêtu de guenilles, avec une longue barbe et de longs cheveux... vous n'aviez pas compris que c'était christique ? Pas de souci !
Notre héros apercevra Jésus dans son reflet lors d'une scène d'une fine subtilité.
Un autre exemple ?
Le guide Japonais - en recherche de rédemption après avoir renié sa foi - trahit plusieurs fois notre prêtre Jésuite. Vous ne comprenez pas la référence à Judas ? Pas de souci ! Là aussi, une scène bien appuyée montre le traître recevoir une poignée de pièces en paiement de son forfait...
Le film regorge d'éléments pompiers et d'incohérences
(ex : les Japonais noient l'un des prêtres Jésuites, alors que deux secondes plus tôt les mêmes Japonais expliquent qu'ils doivent justement éviter les martyrs.... c'est si difficile de rester cohérent ??)
, au point que Scorcese en arrive à foirer LA scène clef ultime de son film,
celle ou notre prêtre se pose la question de renier sa religion pour sauver des innocents
...
Vous imaginez probablement une scène forte, l'homme face à sa foi, ses principes et sa morale ?
Mais bien sur que non !
Dieu (oui oui, Dieu) intervient en voix off et désamorce immédiatement la scène en donnant - littéralement - au prêtre son accord : "Vas-y mon gars, renie moi, c'est pour la bonne cause !".
J'ai lu par ci par là que le film soulève un grand nombre de questions "métaphysiques" sur la religion. Hum. Soyons clair, l'étendue des "interrogations profondes" se bornent à un classique parcours "christico-initiatique" finissant sur la question du renoncement à sa religion pour sauver autrui : réel reniement ou un acte de foi ultime ?
Voila.
On n'échappe pas au classique "Que fait Dieu devant tant de souffrance ?" mais rassurez-vous,cette question est désamorcée
par Dieu lui même - en voix off ("je n'étais pas silencieux, j'étais là, je souffrais aussi à tes cotés").
Profond on vous dit.
Ces thématique auraient pu rester bien plus subtilement en filigrane, servir une vraie histoire, et n'en rester pas moins pertinentes, fortes et intéressantes. Dans Silence, ces "questionnements" sont centraux, forment toute la maigre substance du film, au point de le boursoufler et le caricaturer.
Et en dehors de ça, il ne se passe RIEN. Oubliez une éventuelle réflexion sur le choc des cultures Japon/Occident et des religions, c'est expédié en 10 minutes, par un dialogue métaphorisé complètement inepte.
Il y a tellement à dire effectivement sur ce film de 160 minutes et sa profondeur abyssale... franchement, épargnez-vous cette purge : vous trouverez toujours mieux à faire de 2h40 de votre vie.
1/5, pour la photographie.