"Un métier sérieux" de Thomas Lilti, avec ses moments de légèreté comique entrelacés de drame profond, offre une immersion dans le quotidien souvent tumultueux de l'enseignement. Le film met en scène Benjamin Barrois, incarné par Vincent Lacoste, dont la trajectoire professionnelle imprévue le conduit dans l'arène éducative sans armure ni préparation. Cette prémisse, bien que fertile en potentiel narratif, semble par moments sous-exploitée, naviguant entre la satire douce et la critique sociale sans jamais pleinement s'ancrer dans l'une ou l'autre.
La performance de Lacoste, teintée de vulnérabilité et d'authenticité, crée un contraste poignant avec l'expérience désabusée de Pierre Etcheverel, joué par François Cluzet, dont la présence scénique apporte gravité et profondeur. Leur dynamique, au cœur du film, oscille entre mentorat et camaraderie, offrant des aperçus de lumière dans le labyrinthe bureaucratique et émotionnel de l'éducation.
Cependant, le scénario peine parfois à équilibrer ses ambitions multiples, se dispersant entre les arcs personnels des nombreux personnages secondaires, comme celui de Sandrine Deleyziat, interprétée avec justesse par Louise Bourgoin, dont la lutte contre l'épuisement professionnel résonne avec une actualité brûlante mais reste périphérique. Cette dispersion narrative dilue l'impact émotionnel potentiel, laissant le spectateur en quête d'une cohésion et d'une résolution plus satisfaisantes.
Sur le plan technique, la direction de la photographie d'Antoine Héberlé parvient à capturer avec subtilité les nuances de cet univers clos, jouant sur les contrastes et les ombres pour souligner les moments de tension et de détente. Les décors de Philippe van Herwijnen et les costumes de Dorothée Guiraud enrichissent l'authenticité de ce microcosme, ancrant l'histoire dans une réalité tangible et reconnaissable.
La bande sonore, bien que discrète, soutient efficacement l'atmosphère du film, naviguant entre les moments de légèreté et ceux de gravité avec une finesse louable. Le montage, œuvre conjointe de Gwen Mallauran et Matthieu Ruyssen, maintient un rythme qui, malgré quelques longueurs, parvient à garder le spectateur engagé.
En somme, "Un métier sérieux" se présente comme une œuvre aux ambitions louables, cherchant à rendre hommage à la profession enseignante tout en en dépeignant les défis. Si le film réussit par moments à toucher la corde sensible, il laisse par ailleurs une impression d'inachevé, comme si la profondeur et la complexité des enjeux abordés méritaient un développement plus poussé. Malgré ces réserves, il demeure une contribution valable au cinéma français, offrant un regard à la fois tendre et critique sur une profession qui façonne les générations futures.