https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/03/16/italia-le-feu-la-cendre-critique/
Tout de suite, la voix de Fanny Ardant, tout de suite, c’est comme un privilège qui s’installe. Les textes lus dans le film sont ceux laissés par les témoins de la naissance du cinéma en Italie. Les images sont celles des films qui ont survécu. Alors, entre la voix ardente, le texte créateur et les images ressuscitées, la promesse est déjà celle du velours. Cette convocation du passé est ici au secours du présent.
Avec le cinéma muet en général, et devant ce qui défile devant nous dans Italia, le Feu, la Cendre en particulier, c’est la vénération de l’image, le culte du mouvement, la sacralisation d’un regard, d’un sourire, d’une larme.
Mieux que rares, les images sont ici folles, uniques, dont le caractère inédit donne le sentiment assez vertigineux d’une naissance, celle du cinéma bien sûr, mais aussi la nôtre, dans le rapport à cet art majeur. Entre 1896 et 1930, c’est plus de 10 000 films muets qui ont été tournés. Passés de mode, perdus, ou archivés à Rome avant que les bobines ne brulent anonymement dans un hasardeux hangar à cause d’ignares fachistes.
C’est aussi bien sûr le témoignage visuel de l’abject, du sordide, de l’immonde. Le crime collectif de la guerre, cette noirceur d’hier du siècle dernier, qui nous rappelle que les bases du premier quart de l’actuel sont d’autant plus fragiles et inquiétantes. Une image, c’est déjà de l’histoire. Une image c’est toute une histoire. C’est le regard de l’amoureuse en terrasse qui cachète son enveloppe.
Les ouvriers du film sont ici les héros de Italia, le feu, la Cendre, et le témoignage ainsi récolté dans la mort du silence, la fin du muet, est comme une longue mélancolie, presque une complainte poétique venue d’un autre temps, mais qui toujours permet d’essayer d’avancer, de mieux savoir marcher. Italia, le feu, la Cendre est un film d’amour du cinéma, et comme il est en salles, venez avec vos émotions, vos sentiments dans la salle obscure, elle vous les rendra avec passion.