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Yves G.
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3,0
Publiée le 5 mars 2024
Coco est un petit garçon androgyne de huit ans et a bien du mal à savoir qui il est, garçon ou fille. Il passe l’été avec sa mère, son frère et sa sœur au Pays basque chez sa grand-mère maternelle. Tandis que la famille prépare activement le baptême d’un cousin, Coco va à la piscine, entretient les ruches de sa grand-tante, assiste sa mère dans son atelier de sculpture…
"20 000 espèces d’abeilles" n’a pas le défaut qu’on pouvait redouter : verser dans le militantisme que son sujet appelait. Ce n’est pas un film sur « la théorie du genre » – pour reprendre une expression que les opposants de Najat Vallaud Belkacem aimaient brandir, qui suspectaient la ministre de l’Education nationale de François Hollande de vouloir transformer nos chères têtes blondes en queer non binaires. Ce n’est pas non plus un plaidoyer en faveur du transgenrisme.
On me dira que la frontière est poreuse entre "Petite Fille", le documentaire ouvertement militant de Sébastien Lifshitz dans lequel on avait parfois le sentiment que le malaise du jeune Sasha était un prétexte pour sa mère à lui faire changer de genre, "A Good Man", où Noémie Merlant interprétait le rôle d’un homme transgenre qui tombait enceint, l’inoubliable "Girl", "Tomboy", le film si légitimement encensé de Céline Sciamma auquel "20 000 espèces d’abeilles" ressemble peut-être le plus, ou encore l’oubliable, quoiqu’avant-gardiste, Ma vie en rose sorti il y a plus d’un quart de siècle. Et on n’aura pas totalement tort.
20 000 espèces d’abeilles a une immense qualité qui manque de peu de basculer en défaut. C’est un film fait de mille petits riens, qui a la torpeur des longues journées d’été. Il ne s’y passe rien de dramatique. La jeune actrice Sofia Otero – qui en recevant l’Ours d’argent de la meilleure interprétation a rouvert le sempiternel débat de la légitimité de très jeunes acteurs (l’héroïne de "Ponette" primée à cinq ans à Venise, Tatum O’Neal, Oscar du meilleur second rôle à dix ans) à être récompensés – y joue le rôle de ce petit garçon qui se pose des questions informulées : suis-je un garçon ? une fille ? pourquoi la réponse à cette question qui semble si évidente à mon grand frère ou à ma grande sœur, n’est-elle pas évidente pour moi ? en grandissant, la réponse viendra-t-elle ?
Si ces questions étaient verbalisées, le film serait d’une lourdeur éléphantesque. Dieu merci, rien n’est exprimé clairement. Tout passe par des sous-entendus, du hors champ, comme cette scène dans un magasin d’habillement où la tante de Coco achète à ses neveux et nièces des tenues pour le baptême de son nouveau-né. Quand la scène commence en filmant la mère de Coco qui intervient brutalement pour faire cesser une altercation avec une vendeuse, on ne sait pas ce qui vient de se passer : Coco a-t-il refusé de porter le costume masculin que sa tante avait choisi pour lui ? a-t-il voulu de force essayer une robe au risque de l’endommager ?
Le refus de tout militantisme se conjugue aussi à celui de tout manichéisme. La confusion des genres dont est victime Coco ne se heurte pas à un mur d’hostilités. La tentation pourtant a dû être grande de tourner une scène où le jeune Coco se serait retrouvé en bute à une ricaneuse transphobie, à cause de ses cheveux longs ou de son goût pour les accessoires féminins. Mais – et là encore il faut saluer la rigueur de la réalisatrice basque espagnole dont c’est le premier long métrage – 20 000 espèces d’abeilles ne contient aucune de ces scènes aux effets faciles. Son mérite est d’autant plus grand que sa réalisatrice s’est inspirée d’un fait divers dramatique : le suicide d’un garçon basque transgenre de seize ans qui s’était vu refuser un traitement hormonal. SI certes, le mal être de Coco passe mal chez sa grand-mère, une femme confite en religion, sa mère et sa grand-tante ne veulent que son bien. Et les enfants de son âge, à commencer par son frère aîné, dont la réaction est étonnante, sont les plus tolérants.
"20 000 espèces d'abeilles" qui a obtenu 15 nominations aux Goyas Awards cette année (3 victoires) est un drame social espagnol pertinent. En effet la réalisatrice Estibaliz Urresola Solaguren livre aux spectateurs une histoire sensible, touchante et assez réaliste sur la transidentité à travers l'histoire du jeune Aitor né garçon mais qui se sent fille par ailleurs interprétée à merveille par la jeune Sofía Otero (prix d'interprétation à la Berlinale l'an dernier) bien accompagné par la prestation convaincante de Patricia López Arnaiz (dans le rôle de la mère de Aitor) dans un film pertinent mais un peu long à mon goût.
Magnifique ! Rien à dire de plus. En 2h, le film traite son sujet de la meilleure des manières. Le scénario est maîtrisé de bout en bout malgré quelques longueurs. Mais pas de panique, sa fin est si puissante émotionnellement qu'elle nous attrape. Visuellement, le film est également très beau. Une belle photographie. Voici une belle pepite du cinéma européen de l'année 2024
Un très très beau film sur l'enfance et la famille, la difficulté des êtres à exister par eux-mêmes au sein des loyautés familiales souvent rigides et archaïques. Le film est très intime, très touchant sur la souffrance de cet enfant qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui va venir chambouler tous les membres de sa famille. La nature mère est aussi magnifiquement représentée.
A la fin de la dernière demi-heure, lorsqu’on a enfin compris que le véritable sujet du film, c’était les difficultés rencontrées par Aitor/Lucia pour arriver à s’affirmer en tant que fille alors que son corps est celui d’un garçon, on se dit que, dans les 95 premières minutes du film, la réalisatrice avait sans doute cherché à nous mettre en face des injonctions que la nature ou la société pouvaient nous imposer et contre lesquelles il est difficile, voire impossible, de résister, que ce soit au niveau de la famille, du couple ou d’une … ruche. Avait cherché mais n’avait pas vraiment réussi, malheureusement ! Critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-20-000-especes-dabeilles/
A l'instar de Nos soleils de Carla Simón, 20 000 espèces d'abeilles, premier long-métrage de la réalisatrice basque Estíbaliz Urresola Solaguren, procède par petites touches impressionnistes pour aborder son sujet, avant de l'évoquer plus franchement dans sa dernière partie. Le film s'attache d'abord, en changeant parfois de point de vue, à décrire une famille où règne quelques tensions mais si l'ensemble ne manque pas de sensibilité, sa durée, au-delà des 2 heures, ne se justifie en aucune façon, puisque l'on en a presque d'emblée compris les enjeux. Le personnage principal du film est Aitor, son prénom officiel ou encore Coco, celui utilisé devant ses amies et enfin Lucia, celui qui lui correspond le mieux à cette fillette de 6 ans, née dans un corps étranger, celui d'un garçon. Pour ce rôle, Sofia Otero a obtenu le prix de la meilleure interprétation (non genré) à la Berlinale 2023, une récompense légitime. Les sous-intrigues, elles, prennent plus ou moins d'importance, selon les moments, avec une intensité variable, et détournent parfois inutilement du sujet central. Trop étiré, le film n'évite pas les répétitions ni les langueurs et ne s'impose vraiment que dans sa dernière demi-heure quand le récit s'affirme pour de bon et cesse de tourner en rond, toujours avec délicatesse, certes, mais de manière un peu trop timide.
La quête d'identité chez un enfant de 8 ans, voilà le thème de ce film espagnol. C'est au cours de vacances estivales au milieu des ruches et des superbes paysages que l'on perçoit d'emblée le doute qui habite Coco, et qui va rejaillir sur l'ensemble de sa famille. Même si ce récit est assez lent, il y a quelques moments de grâce et la jeune réalisatrice a le bon goût de ne jamais verser dans le pathos. Une oeuvre qui prend tout son sens quand il s'agit d'évoquer entre enfants une différence qui n'en est plus une. Sofia Otero mérite amplement son Ours d'argent tant son interprétation est lumineuse.
Ce film est un millefeuille. les thèmes se chevauchent parfois d'une manière un peu brouillonne. Il faut reconnaître que le sujet central, la transition de genre percute tous les membres d'une famille et les interroge sur leur vie, leurs choix... Malheureusement, l'image, en général, est quelconque voire laide alors que certaines scènes sont très poétiques et bien mises en valeur par les comédiens. De plus le montage est paresseux, laissant 30' inutiles qui alourdissent le récit. Ce qui reste au-delà de la difficulté du sujet, c'est la qualité de son interprétation. le/la héros/héroïne et sa grand tante, complices tendres sont particulièrement remarquables. En tout cas, ce film suscite des discussions nombreuses sur la façon d'aborder la question du genre au sein d'une famille.
Par petites touches, la cinéaste espagnole filme la plupart du temps à hauteur d’enfant, scrutant au plus près les gestes et les regards de Coco, interprété avec beaucoup de naturel par la jeune comédienne Sofía Otero, qui a reçu un Prix d’interprétation à la dernière Berlinale. Dans ce premier film, la réalisatrice Estibaliz Urresola Solaguren met beaucoup de douceur, de pudeur et de poésie pour raconter l’histoire de Coco, qui rappelle à certains égards celle racontée par Sébastien Lifshitz dans son documentaire Petite fille, sorti en 2020, ou encore le film Tomboy (2011) de Céline Sciamma.
Le film montre avec simplicité combien il est difficile pour les parents d’accepter un tel état de fait, et combien la notion de transidentité est encore un sujet tabou dans bon nombre de familles. Si 20 000 espèces d’abeilles est une réussite par bien des aspects, et se révèle même très touchant lors des moments que Coco partage avec sa grand-tante, il aurait sans doute mérité d’être écourté d’une trentaine de minutes.
Malgré tout, on saluera ce très beau portrait d’enfant, montrant dans une mise en en scène gracieuse et discrète toute la complexité qui entoure ce type de problématique à laquelle peut être confrontée une famille.
Un sujet compliqué traité en toute délicatesse. Ce film démontre qu avec patience, amour et tolérance l acception de ce que l on ne projette pas lorsque l on devient parent devient finalement possible sans dégrader la vie et l amour…les normes au fond sont si peu importantes ! Très joli film, de très belles personnalités, l enfant joue divinement bien, il est aussi divinement filmé…Bravo
Un film, emprunt d’une belle intelligence. De la beauté, de la nature, et de la possibilité de 20 000 espèces d’humains. Histoire douloureuse et merveilleuse qui n’aurait pas pu frayer son chemin sans l’amour.
Regard sur le moment où se détermine pour un enfant son identité mais surtout son expression au sein d'une famille qui l'accueille non sans difficulté. Beau moment avec une tante apicultrice qui comprend la 1ère Belle émotion avec le frère qui le 1er crie le nouveau prénom choisi